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2 ans après son inauguration, pourquoi le TER du Sénégal ne roule toujours pas ?

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Le TER au Sénégal dont le coup dépasse mille milliards et inauguré par le chef d’état Macky Sall en janvier 2019 ne roule toujours pas 2 ans après.

Mon avis est qu’il y a 2 problèmes, le premier est lié à l’ingénierie et le deuxième à la politique catastrophique de ce gouvernement.

1 – En termes d’ingénierie :

Tout d’abord, éliminons certaines causes probables, tels que des problèmes sur les voitures, la rame ou encore les rails.

Tous les éléments visibles sont réparables « rapidement » et ne sont pas la cause d’un retard de 2 ans après inauguration.

C’est important de dire « APRES INAUGURATION » car cela signifie que tout était censé être parfait en janvier 2019.

Alors, qu’est ce qui ne va pas ?

Mon avis est que le problème est au niveau des consolidation de sol, le remblai sous chargement ferroviaire a été mal renforcé. Ce qui est un problème extrêmement grave et très difficile à résoudre.

J’en suis arrivé à cette théorie quand j’ai vu après l’inauguration une vidéo montrant des traverses du rail cassées sur des centaines de mètres.

Quand on n’a pas assez de recul, on croirait que ce sont les traverses qui n’étaient pas assez solides, mais le problème est autre. Je pense que c’est plutôt un tassement différentiel entre les 2 profilés qui a provoqué cela.

Si les 2 profilés du rail ne sont pas assis de la même manière, une flexion trop forte est provoquée au niveau des traverses qui ne sont pas faites pour y résister. Résultat, ça casse (voir croquis ci-dessous)

Donc, il ne s’agit pas de réparer les traverses, il faut démonter les rails et refaire le remblai dans les règles de l’art.

  • Refaire des essais de pénétromètre et consorts,
  • Valider le modèle de tassement et application sur voie
  • Enlever le remblai dans les zones qui ne sont pas bien consolidées
  • Reremblayer avec les règles de l’art
  • Valider par tous les essais nécessaires
  • Reposer les rails
  • Refaire les essais de roulement

Après tout cela, le TER pourra enfin rouler.

Vous vous imaginez bien que ce sont des travaux très lourds. C’est du temps et cela va couter des milliards.

Je rappelle que le TER a déjà couté plus d’un millier de milliards et tout était censé être fonctionnel avant l’inauguration en 2019.

Ce qui me permet de faire la transition vers la politique.

2 – En termes de politique :

Il y a 2 réalités bien sénégalaises qui bloquent toute tentative de faire des travaux de grandes envergures dans notre pays.

  • La première est la corruption :

Quand des fonds conséquents sont débloqués pour des travaux, les décideurs de notre pays n’ont pas la capacité de voir l’opportunité pour le développement, ils voient l’opportunité de devenir riche par des détournements de fonds.

Quand on avait parlé de 1000 milliards pour le TER, ça avait choqué beaucoup de monde mais de ma part, j’étais prudent car justement, je me disais que c’est peut-être à cause de cette consolidation de sol.

En effet, cela peut changer du tout au tout, d’une région à un autre selon les essais de sol. Il y a plusieurs techniques de consolidation qui ont des prix assez différents selon le sol trouvé sur place.

Ce n’est pas parce que tel pays a acheté à tel prix que ce sera la même chose au Sénégal.

Mais malheureusement dans notre cas, c’est juste que l’argent est parti dans les poches de certains au lieu de partir dans la consolidation des sols, dans le payement des entreprises ou dans les éventuels problèmes techniques à résoudre . Un jour, une enquête se fera et des têtes tomberont.

  • La deuxième est liée au président de la République lui-même.

OUI, Macky voulait son inauguration, coute que coute, avant les élections présidentielles.

Ceci a dû créer un grand stress au niveau des études techniques et des bureaux de contrôle. Le travail a dû être bâclé.

Après cette inauguration, la réalité a dû les rattraper quand ils se sont rendu compte qu’il était dangereux de faire rouler le TER.

https://www.lepoint.fr/economie/senegal-le-train-regional-express-sur-les-rails-15-01-2019-2286005_28.php

Aucun bureau de contrôle international ne prendra le risque de valider le démarrage du TER si tous les essais ne sont pas OK. Il serait catastrophique un déraillement et des morts dû au laxisme des bureaux de contrôle.

Le train est donc au garage, prenant la poussière en attendant que le gouvernement ait le courage et les moyens de rectifier son erreur monumentale (peut être que c’est en cours).

Le plus triste est que ce TER a été commandé par l’impulsion de la France pour sauver une de ses entreprises. Aujourd’hui, cette dernière se porte très bien, le contribuable sénégalais a payé pour un train qui ne roule pas. Pauvre Sénégal !

Solutions : je pourrai en faire un livre que personne ne lira ?, mais une chose est claire, l’état du Sénégal est un Maitre d’Ouvrage, il doit donc s’entourer d’experts (techniques, financiers, juridiques etc.) qui l’accompagnent sur ses projets. Des experts que l’on écoute et qui ne subissent pas les affres de la politique. Ces experts ne se consacreront que sur la défense des intérêts du Sénégal et feront de telle sorte que tout Maitre d’œuvre fasse bien son travail de A à Z.

Mandiaye Gaye

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