XALIMANEWS: De Ziguinchor où il est né le 08 février 1931, Julien Jouga jusqu’à Dakar où il a rendu l’âme, le 23 décembre 2001, Julien Jouga, premier Africain élu au Bureau mondial du chant choral au sein de la Fédération internationale de la chorale, a beaucoup contribué de la plus belle des manières à souder les liens islamo-chrétiens. Connu pour ses compositions en langues locales sénégalaises, le neveu de Mgr Joseph Faye, premier préfet apostolique de l’Église de Ziguinchor, a grandi dans une famille catholique pratiquante.
JulienJouga a aussi marqué les esprits comme acteur du dialogue islamo-chrétien. Il intègre, en 1950 la chorale St-Joseph de Médina, à Dakar, qu’il dirigera jusqu’à sa mort en 2001.
Xalima est revenu sur son amitié avec le célèbre griot et tambour-major Doudou Ndiaye Rose et son hommage rendu à Cheikh Ahmeth Tidjane Chérif (fondateur de la confrérie Tidjane). Grand homme paix, Julien Jouga inspire aujourd’hui beaucoup de jeunes chrétiens et musulmans, engagés pour le dialogue islamo-chrétien
Son amitié avec Doudou Ndiaye Coumba Rose
Proche de Léopold Sédar Senghor, premier président Sénégalais, celui-ci lui demande, en 1972, d’organiser et d’animer une soirée de gala. Cet événement marquera le début d’une longue relation amicale et musicale avec un grand nom de la musique sénégalaise, le virtuose Doudou Ndiaye Rose, percussionniste classé, en 2006, «?Trésor humain vivant?» par l’Unesco. Doudou lui propose de l’accompagner, avec ses enfants, dans l’exécution d’un chant dédié à la Vierge Marie «?Simieno Mariama?». Pendant plus de 35 ans, les deux hommes, Julien le catholique et Doudou le musulman, jouent ensemble constituant ainsi des symboles vivant du dialogue islamo-chrétien.
En 1996, les deux hommes enregistrent «?Jamm?» (La paix en wolof) un titre qui a connu un grand succès au Sénégal et qui est maintenant utilisé comme générique du journal dans certains médias.
L’hommage rendu au fondateur de la confrérie Tidjane
Plus tard, Julien composera une désormais célèbre reprise de «?Lambi wa fass?», un hommage à Cheikh Ameth Tidiane, grand théologien, fondateur de la confrérie musulmane soufie de la Tijaniyya. «?J’ai moi-même entendu Julien expliquer qu’il l’a repris d’un aveugle à l’époque où il enseignait au lycée des jeunes filles de Saint Louis devenu aujourd’hui lycée Ahmed fall. L’aveugle s’installait contre le mur du lycée et chantait pour mendier?», rapporte à propos de ce chant, le journaliste sénégalais Martin Faye.
«Julien respectait toujours les différences confessionnelles»
À sa mort, le 23 janvier 2001, son ami Doudou Ndiaye Rose lui a rendu un vibrant hommage?: «?Nous avons visité beaucoup de lieux chrétiens, et il respectait toujours les différences confessionnelles. Partout où nous allions, Julien Jouga s’assurait qu’on ne me serve pas de viande de porc ou de repas préparés avec de l’alcool. Il était quelqu’un de correct, d’honnête et de sincère?».
Quand les jeunes suivent ses pas.
Au Sénégal, des jeunes s’engagent pour le dialogue interreligieux
Le 21 avril 2021 des jeunes catholiques, ont organisé un “Ndogu” au rond-point Liberté 6 (Dakar), pour permettre à plusieurs musulmans bloqués par les embouteillages de couper leur jeûne sans difficulté. Le célèbre groupe Facebook “Let’s go au Sénégal” est devenu le lieu de rencontre des jeunes catholiques et musulmans. Dans cet espace publique, ces deux frères de religions différentes se fréquentent, organisent des rencontres et suivent les pas de leur grand père Julien Jouga.
PID/Vito
Xalima 2021