En détention au Sénégal depuis 10 mars 2017 pour association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste, acte terroriste, financement du terrorisme en bande organisée en relation avec une entreprise terroriste et blanchiment de capitaux, les ressortissants maliens Boubacar Niangadou et Sina Ould Sidi ont été condamnés ce jeudi à 5 ans de prison ferme. Les faits ont été requalifiés en blanchiment de capitaux en relation avec une entreprise terroriste. Mieux, les accusés doivent payer une amende de 9 milliards de Fcfa en plus d’une confiscation de leurs biens à hauteur de 3 milliards de Fcfa. A leur sortie de prison, ils ne pourront plus remettre les pieds au Sénégal où ils sont interdits de séjour.
L’ombre d’Abdallah Ould Nouini.
En février 2017, les services de renseignement avaient appris que Sina avait un lien direct avec Abdallah Ould Nouini, l’instigateur de l’attentat du Grand Bassam. Face à la sensibilité du dossier, Sina, qui était filé durant plusieurs jours par les services secrets, avait été intercepté à la sortie de la Résidence Keur Damel où il occupait une chambre. Aux premières heures de l’enquête, les éléments de la Dic savaient que les Rg leur avait transmis un dossier en béton. En effet, la perquisition effectuée à la chambre qu’occupait Sina à la Résidence Keur Damel a conduit les enquêteurs à saisir quatre téléphones portable, des photos du mis en cause présumé le montrant assis sur les lieux abritant les mausolées saccagés et détruits par les Jihadistes à Toumbouctou, au Mali ; des documents divers dont un passeport ordinaire malien, une confirmation de la réservation d’hôtel Radisson Blu, en date du 7 février 2017, au nom du ressortissant libyen Nabil Abdallah Misbah Alsenini, une décharge manuscrite datée du 23 janvier 2017 rédigé à Dakar et par laquelle l’auteur reconnaît avoir reçu du nommé Boubacar Niangadou- arrêté par la suite- la somme de 20 millions de Fcfa en espèces et un chèque numéro 4244377 Diamond Bank de 27 millions de Fcfa.
Les éléments de la Dic n’étaient pas au bout de leur surprise car l’exploitation des téléphones de Sina allait révéler d’autres faits troublants notamment ses multiples contacts dans des zones « jihadogène ». N’empêche Sina jurait qu’il n’avait aucun lien avec Mimi Ould Baba, l’instigateur de l’attaque du Grand Bassam, mais il admettait l’avoir vu grandir à Gao dans le même quartier où ils habitaient. Selon ses propos, il ne l’a pas vu depuis 2009, date à laquelle ils s’étaient rencontrés chez un chef religieux de la communauté Regada.
Liaisons dangereuses.
Pourtant, les enquêteurs ont établi un autre point entre Sina et les exécutants de l’attentat du Grand Bassam : Kounta Dallah. Le portrait de ce Malien a été diffusé en boucles dans les chaînes du monde après l’attaque du Grand Bassam dont il était le panificateur. Depuis, il est recherché par tous les services. Sina disait connaître Dallah sous son vrai Dallah Ould Sidi Mo. Mais, d’après lui, ce dernier n’était, qu’un ami de longue date. Il a révélé qu’il passait souvent la nuit chez la mère de ce dernier, à Boni, une petite commune située sur la route de Gao, à 800 kilomètres de Bamako. Sina soutenait l’avoir vu pour la dernière fois au mois de novembre 2015 alors qu’il était de passage à Boni pour réparer un camion qui y était tombé en panne. Il connaissait également son chauffeur Brahim Ould Mohamed qui a été arrêté au Mali à l’instar de Mimi. Brahim alias «Battesti » conduisait le véhicule qui a transporté les armes de Bamako à Abidjan. Les services sénégalais sont aussi convaincus que Sina est allié à Abdoul Mbodji. Condamné par défaut à dix ans ferme en France pour terrorisme, ce Franco-sénégalais, avait rallié le Mali pour combattre dans les rangs de Aqmi. Il serait depuis en Syrie dans les bastions de l’Etat islamique.