Au-delà des apparences politiciennes
«Une gifle? C’est souvent le prologue d’un grand roman d’amour!» Pierre Dagenais
Vigoureusement, la France tout entière coqueline sa peine…Emmanuel Macron, le président de la République de la France est giflé! Un citoyen français a giflé le président de la République de la France… Le déferlement des émotions ne se fait pas attendre parce que l’offense a défié, jacasse-t-on partout, les limites du possible et de l’acceptable… Ainsi, la classe politique française condamne à l’unanimité le terrible affront. Même la voix si singulière de Marine Le Pen s’est distinguée dans ce «beau tollé républicain». On dirait qu’ils ont tous entendu leur ancien président de la République Jacques Chirac qui soutenait que «le président de la République n’est pas un citoyen comme les autres dans notre pays, comme dans aucune démocratie». Soit!
Seulement, le sentiment de compassion, besoin est de le rappeler autant que nécessaire, doit forcément être suivi dequestionnements soutenus portant essentiellement sur les causes principielles des actes ou des faits répréhensibles qui nous interpellent pour en tirer des leçons ou des solutions inspirantes. Tout de go, dans une société qui fait de l’emblème «démocratie» son idéal d’existence quoi de plus normal que de voir émerger assez souvent des consensusrépublicains entourant des points de jonction identifiés et travaillés. Nul ne peut être contre la vertu. Donc, un président de la République est un président de la République. Mieux, une institution de la République, nous diriez-vous! À cet effet et en reprenant Saint-Juste « les institutions sont la garantie du gouvernement d’un peuple libre contre la corruption des mœurs, et la garantie du peuple et du citoyen contre la corruption du gouvernement».
Ainsi perçu, pour recevoir et mériter donc le RESPECT qui sied à sa fonction présidentielle, un président de la République a l’obligation de se comporter avec dignité ethonnêteté, de se conformer aux normes d’attitude, d’aptitude et d’altitude prévues par la Loi que sont, entre autres, la transparence, la vérité, la loyauté, l’intégrité, l’impartialité, la neutralité, la discrétion, la réserve, la vertu tout en évitant toute situation de conflit (potentiel, réel ou apparent) entre son intérêt personnel et l’intérêt général. De même, en tant que garant de la charte fondamentale de la Nation et alliant élégance et humilité qui embellissent la haute responsabilité, un président de la République au quotidien et à toutes les sphères du pouvoir doit veiller à la sauvegarde des ressources étatiques, assurer la primauté du droit au sein de la société et maintenir dans son pays un système de justice qui soit à la fois digne de confiance et intègre afin de favoriser le respect des droits individuels et collectifs. Un président de la République commence vraiment à être président de la République le jour où il résout avec sincérité le premier problème politique des temps qui courent: le MENSONGE. Un président de la République doit combattre l’amateurisme politique et savoir que le cheminement importe plus sur la destination et que le vrai but du pouvoir c’est de donner à chaque citoyen de tous bords tous côtés le pouvoir sur sa propre existence. Enfin, un président de la République doit être doté de vues et d’actions loyales et non entachées de crimes qui déshonorent le pays qui lui fait honneur en l’élisantprésident de la République. Bref, un président de la République doit se rappeler à son chaque seconde de sa vie présidentielle les propos d’Al Gore pour qui «la présidence n’est pas un concours de popularité, c’est un combat quotidien pour le peuple».
C’est justement ce président de la République qui, en se plaçant à la hauteur des exigences ainsi énumérées, cultive et inspire le respect de l’autorité incarnée ainsi que toute la considération exigée. Toutefois, pour que tout cela se fasse, il faut naturellement au préalable que ce président de la République soit légal et légitime. Légalité et légitimité! Deux maîtres mots qui ne peuvent émaner que de l’élection. L’élection du président de la République! Ah, quel déficontemporain!
Reconnaissons-le encore, dans plusieurs États, particulièrement ceux d’Afrique, VOTER prend de plus en plus et contre toute attente des allures d’un exercice citoyen perverti, culbuté qui demeure à la fois confus, hallucinant, décevant et insuffisant. Un constat alarmant pour ne pas dire dégoutant qui plonge les citoyens dans un pessimisme béant. Dans beaucoup d’États africains pris en otage par des politiciens professionnels, la plupart des candidats à l’élection présidentielle qui courtisent le suffrage des citoyens, une fois leur confiance obtenue en guise de dépôt, tournent aussitôt le dos à leurs réels besoins, à leurs intérêts, et à leurs priorités tout en maintenant sans arrêt les facteurs moribonds de politique politicienne qui nourrissent un apparent parasitisme social. Aussi, l’expression de leur désir toujours inassouvi de réinventer glorieusement la roue dans le but de se maintenir durablement au pouvoir impacte très négativement le socle de même que le consensus électoral par lesquels les présidents de la Républiqueavaient pourtant obtenu des «victoires électorales». Pire, des candidats à l’élection présidentielle astucieux profitent des «temps de promesse» qui tiennent le pays en otage en longueur d’année pour débagouler sans vergogne au peuple des mensonges les confinant avec désolation dans la sensation du « déjà vu» ou du «déjà entendu». De ce fait, les citoyens votent pour que rien, rien, rien ne change…Dans ce contexte où l’amertume et la déception permanenteenvahissent les citoyens, dites-nous s’il vous plaît comment un «président de la République» qui a tripatouillé des élections au moment où le soleil était au zénith pour occuper le fauteuil présidentiel, par conséquent illégal, illégitime et qui ne respecte aucune parcelle de sa parole et de ses promesses peut espérer réclamer et obtenir en retour le respect de ses concitoyens. Se respecter, c’est respecter les autres! Non, le respect dû à un président de la République est un mérite et dépend à ce président de la République , vraiment!
Dire autrement, en toute naïveté, nous citoyens subissons des élections présidentielles sans nous rendre compte dans le fond qu’organiser une compétition électorale doit forcément impliquer la responsabilité collective de créer de la croyance, de vivifier un substrat et par conséquent de justifier le besoin galvanisant de croire au possible changement et de faire confiance à la teneur du serment présidentiel. Une élection présidentielle, quelle qu’elle soitet d’où qu’elle puisse se tenir est tout simplement une affaire de FICHIER ÉLECTORAL FIABLE et surtout de CONFIANCE ÉLEVÉE. Oui, une confiance élevée dans les Institutions chargées d’organiser les élections et dans leurs règles impersonnelles et égalitaires de fonctionnement. Voilà pour vous dire tout ce qui nous fait défaut alors que nous assistons sans être en mesure de lever notre tout petit doigt à la survivance avérée et tenace d’un pouvoir présidentiel confisqué par un pauvre gueux revêtu qui voudrait vaille que vaille que l’ensemble de sesconcitoyens l’appellent ou le considère de gré ou de force président de la République. Hélas et mille fois hélas!
En définitive, reprenons notre souffle en répétant après le célèbre juge à qui veut l’entendre que tout président de la République qui détient une parcelle de pouvoir et en abuse, ou qui s’est enrichi en foulant aux pieds les règlesd’éthiques se le dit bien; il n’inspire aucun respect aux autres citoyens. Le respect s’envolant, la joue d’un président de la République caressée, le gifle ostentatoire qui blesse l’orgueil d’une nation entière…continuons avec le québécois Jacques Languirand à nous émerveiller toujours des pouvoirs de la gifle et du coup de pied au cul. Ces moyens d’expression permettent à ceux qui manquent de vocabulaire d’aller jusqu’au bout de leur pensée, et leur tiennent souvent lieu de raisonnement. C’est mon intime conviction!
Pathé Guèye