Le M23 était la réponse à des circonstances politiques particulières.
Ce fût de notre point de vue un mouvement citoyen légitime,avec l’objectif ponctuel qui était de faire face à la tentation d’une dévolution familiale du pouvoir,clairement exprimée par l’ancien Président Abdoulaye Wade.
Suite à la journée de répression inouïe vécue lors des mobilisations contre le vote du projet de loi relatif au ticket présidentiel et au quart bloquant,le tout Sénégal s’opposait au recul démocratique.
Le 25 juin 2011, le M23 est mis en place.
Le champion des combats démocratiques s’était transformé en son contraire et composait une alchimie de mauvais goût à l’architecture d’un régime présidentiel !
Une démarche qui dans le fond s’inspirât de la manière dont le premier Président du Sénégal indépendant transmit le pouvoir.
Mais plus brutal dans la forme, l’occupant du palais avait dans son esprit, l’idée d’une installation aux commandes de l’héritier biologique.
Lorsqu’à New-York, mes compatriotes représentants des détachements de différents partis de l’opposition et les associations aux États-Unis me désignaient comme porte parole, je disais ceci: « Ce mouvement(le M23) n’est appelé à durer que le temps de la résistance à cette agression contre la démocratie »!
Une jonction des forces vives de la Nation de cette dimension ne peut surgir que lorsque les fondements de notre système politique sont menacés.
En d’autres termes, le désir de vouloir capté et faire perdurer cette forme d’organisation relève de la récupération politicienne, du conservatisme et d’un calcul antinomique avec la marche générale de la démocratie, car ce mouvement relevait d’une exception, de l’urgence et la spontanéité.
Même s’il est vrai, il a posé des acquis démocratiques indéniables qui intègrent notre longue histoire politique; il ne peut rester organique et permanent.
La substance de cette lutte du 23 juin 2011 n’était pas tant l’opposition à un troisième mandat (même si la perception était générale), mais contre la décision de vouloir légitimer un pouvoir très minoritaire à l’issu des urnes.
C’est ce que le Président Macky Sall avait compris en prenant le bâton de pèlerin,allant dans les coins les plus reculés du Sénégal, pour faire face aux combinards et les battre dans les urnes.
Le M23 tel qu’il a émergé,était une réponse correcte à l’abus par le leadership national de l’époque.
Il a fait son temps et ne saurait être une copie conforme face aux enjeux du futur.
Ce mouvement n’aura sa pertinence que lorsqu’il y aura un autre Président Abdoulaye Wade avec un Karim à califourchon sur son dos.
Si une telle circonstance anti républicaine se produisait,d’autres acteurs émergeront nécessairement.
Mais l’effort de récupération de la part du faux dévot,le fieffé démagogue,tristement empêtré dans les scandales-propres à conduire tout homme digne au retrait de l’espace public,ne peut pas prospérer.
Il veut réveiller l’élan de notre formidable et historique mouvement citoyen auquel il n’avait peut-être participé que de manière dérisoire.
L’éthique voudrait que les aspirants à l’héritage du M23 s’imposent le ticket d’intégrité républicaine et à tous ceux qui veulent le célébrer.
Le M23 est désormais une parenthèse dans l’histoire des luttes démocratiques;il ne faut pas le renier mais l’intégrer au titre d’action progressiste autant qu’elle a été une réponse pertinente à une attaque contre la démocratie.
Ceux qui étaient les héros de ce mouvement sont aujourd’hui au pouvoir et ceux qui s’opposaient aux aspirations de notre peuple sont dans l’opposition pour la plupart.
Une démocratie se nourrit d’innovations,non de répétitions, combats et combines d’arrière-garde.
Makkane
Ancien Porte Parole M23/USA
Porte Parole DSE/APR/USA