Les scandales financiers continuent d’être mis à jour par l’actuelle équipe municipale dirigée par le maire Badara Mamaya Sène qui a saisi la Justice pour porter plainte contre l’entreprise Sendis et ses complices pour escroquerie, faux et usage de faux en écritures publiques.
Par Ibou NIANG
Tout serait parti de la décision de la mairie de Rufisque d’octroyer des subventions aux lieux de culte de la ville. Après recensement des mosquées devant bénéficier de cette subvention, il est apparu, selon le maire, qui faisait face à la presse lundi dernier, que «la liste comportait six mosquées qui avaient déjà bénéficié de l’appui de la gestion sortante et qu’il fallait les retirer après vérification». La commission mise en place, accompagnée d’un huissier, s’est rendue aux mosquées des quartiers Diorga Chérif, Fass, Santiaba, Darou Salam, Dangou nord et Dangou sud pour rencontrer les imams et voir si effectivement les subventions qui ont déjà fait l’objet de décaissement leur sont parvenues. Pour Mamaya Sène, le rapport de la commission est sans équivoque : «Aucune de ces mosquées n’a reçu une subvention de quelque nature que ce soit de la part de la mairie et cela est attesté par les imams et les responsables des présumés travaux». «Ce modus operandi» pour détourner les deniers publics n’est pas le seul concernant la plainte du maire. En effet, dit-il, «ces mosquées devaient bénéficier aussi de travaux qui avaient fait l’objet d’un appel d’offres» pour diverses fournitures et travaux. Marchés qui ont été adjugés à Sendis pour un montant de 44 865 700 F, payés par la mairie par virement bancaire sur la base de bons de réception signés par Ndiawar Touré et certains de ses collaborateurs encore en service. Or, absolument rien n’a été effectué. Très sûr de lui, Mamaya Sène révèle : «Nous avons trouvé dans les dossiers une commande de matériel lourd composé de camion, pelle mécanique et d’une benne d’un montant de 239 000 000, payée comptant en 2004, alors que la mairie n’a été livrée que quatre ans après, c’est-à-dire en 2008 avec un matériel immatriculé au nom de Matar Diop.» Et d’ajouter : «Aujourd’hui, un des camions est saisi parce que Sendis avait envoyé à son fournisseur un chèque en bois.» Pour le maire, le plus cocasse, c’est que «la société Sendis a été créée en 2006, alors que des factures à son nom existent dans nos livres depuis 2004». Donc, d’après les documents détenus par la mairie, Matar Diop aurait reçu entre 2004 et 2008 la rondelette somme de 1 577 000 000 F des caisses de la ville de Rufisque.
Le maire de la ville, a déjà informé le ministre chargé des Collectivités locales et le président de la République.
MATAR DIOP, DIRECTEUR DE SENDIS : «Je lui lancerai une citation directe»
Par I.NIANG
Matar Diop que nous avons rencontré explique : «Mamaya est mal intentionné. Le titre foncier 1 173 sur lequel il s’acharne est en règle. Cela a fait l’objet d’une délibération du Conseil municipal, approuvée par le préfet et la copie est ici avec moi. D’ailleurs, ce terrain qui était déjà en mon nom, je l’ai cédé parce que j’en avais marre de tout ce tintamarre.» M. Diop estime qu’il est aujourd’hui mal récompensé, malgré les nombreux services qu’il a rendus à cette mairie. Pour lui, le maire est «méchant et jaloux».
Pour Matar Diop, la question que les populations doivent se poser est de savoir «pourquoi il ne parle pas du titre foncier n° 137/R, acquis par Me Mbaye Jacques Diop pour la somme de 900 000 F, avant de le céder pour un montant de 60 000 000 F. Ceci est un règlement de comptes et moi je reste zen parce que je suis dans mon droit et je serai payé jusqu’au dernier centime». Très sûr de son dossier, il a rappelé que des personnes avec qui le maire sortant travaillait font encore partie de l’équipe actuelle. Toutes ces personnes, qui sont toujours à la mairie, s’occupaient des procédures. «Où est-ce qu’elles prenaient l’argent ? Sur quelle rubrique ? Je ne saurai le dire. En tout état de cause, j’ai effectué des services et j’ai été payé.» M. Diop affirme que le mairie lui doit encore de l’argent pour des blouses et des travaux du stade.
Il informe que l’affaire sera portée devant le juge. M. Diop a exhibé des documents qui, selon lui, sont la preuve de sa bonne foi.
Correspondant
lequotidien.sn