GENEVE – 40 millions de FCfa, c’est le montant des recettes du concert pour Haïti, organisé le 24 février à Genève. Youssou Ndour y a participé pour soutenir un peuple dont il se dit proche. Le chanteur sénégalais explique, dans cet entretien, les raisons de son engagement humanitaire, annonce la sortie de son album-hommage à Bob Marley et parle de ses relations avec Me Wade dans le contexte de l’aide destinée à Haïti. L’homme d’affaires se veut par ailleurs optimiste quant à la concrétisation de son projet de télévision, bloqué par de ‘petits problèmes administratifs’.
Comment expliquer votre présence à Genève et vos liens avec Haïti ?
J’ai été informé de la tenue d’un grand concert de solidarité qui s’organisait à Genève pour le peuple haïtien. J’ai alors donné mon accord pour participer à ce concert qui est un élan de solidarité avec Haïti.
Au plan humain, ce qu’on a vu à la suite du séisme est terrible. Le monde entier a voulu témoigner et manifester sa solidarité. Il y a eu beaucoup de pertes humaines, des dégâts matériels. On a besoin de moyens et toutes les forces sont ainsi interpellées. C’est dans ce cadre que nous organisons ce concert pour avoir des recettes à verser.
Par ailleurs, le peuple haïtien, par l’histoire, a un lien avec l’Afrique. Les esclaves sont partis d’Afrique. Toute cette zone est peuplée de personnes qui sont à la recherche de leurs racines. Ils sont venus de chez nous, et d’une manière plus générale, de l’Afrique. Nous sommes pratiquement le même peuple.
Vous êtes très présent pour faire avancer de bonnes causes, qu’est–ce qui motive votre engagement ?
Depuis très jeune, j’ai voulu utiliser mon nom pour faire avancer des causes. Je suis humain et une personne comme tout le monde, mais j’ai un métier qui me permet de sensibiliser les gens. Avec la musique on peut, peut-être, plus rapidement, s’adresser aux gens. Si un aménagement de mon agenda me permet d’aider d’autres secteurs, je le fais volontiers. C’est pourquoi je me suis engagé dans la lutte pour, sinon, l’éradication, du moins, la réduction du taux de mortalité lié au paludisme qui tue plus que le Sida en Afrique.
Pourtant la question est posée au Sénégal, pourquoi Youssou va aider Haïti alors que Pikine (banlieue dakaroise) est sous les eaux ?
Nous avons eu à faire des choses pour aider Pikine au moment des inondations. Il y a eu un téléthon, etc. Le drame de Haïti n’est pas comparable avec les inondations, même si à Pikine les populations sont très fatiguées avec cette situation. Il ne faudrait donc pas mélanger les choses.
Vous êtes, à ce concert, le seul artiste sénégalais. Le président Wade s’est illustré dans l’aide à Haïti, en proposant un retour pour ceux qui le voulaient en Afrique. Pourquoi vous ne coordonnez pas vos efforts pour une meilleure efficacité de l’aide ?
Chaque personne quelle que soit sa position dans la vie doit être solidaire. Chacun peut initier des actions. On n’est pas aussi obligé, dès fois, d’accorder nos violons pour agir. Il peut faire ses actions, le Président Wade est à un niveau de décision très important. Je suis à un niveau, peut être, moins important que lui. On peut faire des choses qui vont dans le même sens mais nous ne travaillons pas ensemble. Je ne suis pas dans son gouvernement. Il n’est pas non plus membre de mon orchestre. On n’est pas obligé donc d’accorder nos violons pour jouer une musique.
Vous êtes également homme d’affaires, où en est votre projet de télévision, qui vous tient particulièrement à cœur ?
Mon projet est presque prêt. Il est prêt. Nous avons de petits problèmes administratifs qui sont en train d’être réglés. Cela a pris du temps et après tout le monde en parle. C’est un problème qui se réglera avec le temps. Vous savez, j’ai un disque qui va sortir. Ce problème de télévision est une question qui se pose au niveau national et il trouvera sa solution au Sénégal. Je ne voudrais pas donner un écho international à cette question. Je me concentre plutôt sur la sortie internationale de mon prochain disque.
Quel est le nom de ce nouvel album ?
L’album s’appelle Dakar Kingston. C’est un album reggae dans lequel je rends hommage à Bob Marley. Il y a beaucoup de mes anciens titres qui auront ainsi une seconde vie avec ce rythme reggae qui fédère beaucoup de gens. C’est un rythme qui fait partie de nous. C’est ce que je vous disais, plus haut, avec les Haïtiens. Les Africains sont partis avec la musique. Quand on écoute le blues, la musique cubaine, le reggae etc, on sait que c’est une partie de nous.
A quand la sortie de l’album ?
L’album sort au mois de mars prochain. Je ne peux pas exactement vous préciser la date mais dès la semaine prochaine, la Maison Universal pourra vous donner plus d’informations.
Source: http://gorguindoye.blog.tdg.ch/archive/2010/02/26/entretien-exclusif-avec-youssou-ndour.html
Propos recueillis à Genève par El Hadji Gorgui Wade NDOYE, www.ContinentPremier.Com
Article également publié ce jour sur Walfadjri-Sénégal, quotidien imprimé à Dakar
Lien : http://www.walf.sn/culture/suite.php?rub=5&id_art=62396
Mon projet est presque prêt. Il est prêt. Nous avons de petits problèmes administratifs qui sont en train d’être réglés. Cela a pris du temps et après tout le monde en parle. C’est un problème qui se réglera avec le temps. Vous savez, j’ai un disque qui va sortir. Ce problème de télévision est une question qui se pose au niveau national et il trouvera sa solution au Sénégal. Je ne voudrais pas donner un écho international à cette question. Je me concentre plutôt sur la sortie internationale de mon prochain disque.
On n’est pas aussi obligé, dès fois, d’accorder nos violons pour agir.