Dans le contexte actuel de crise des idéologies et des partis politiques, dans les pays développés, il arrive souvent que des maires sortants renoncent à l’investiture partisane pour peu qu’ils aient le sentiment que leur notoriété personnelle les autorise à s’en passer. Ces sortants qui ont, au fil des mandats successifs, construit des réseaux, des clientèles, une image, finissent par oublier que leur premier succès aurait été inconcevable sans l’investiture d’une formation politique. Sauf exception, les partis politiques sont obligés de s’incliner face au capital acquis par ces sortants en question.
Mais tel n’est pas le cas en Afrique où le choix d’une tête de liste ne fait qu’exceptionnellement problème dans l’hypothèse d’un maire sortant n’ayant pas renoncé à envisager un nouveau mandat. Il faut que le sortant ait vraiment démérité pour que le parti ou la coalition, lui oppose un challenger. Ici, les problèmes d’investiture sont plus fréquents lorsque le sortant ne se représente pas ou alors contesté par les populations locales de la commune. Ainsi, plusieurs prétendants à la succession vont faire leur apparition pour être candidat à la candidature.
Quoi de plus légitime me direz-vous ! Sauf que les politiciens locaux, d’éternels adversaires au sein de leur propre parti, vivent dans une guerre de positionnement et dans des querelles de leadership personnel, à tel enseigne qu’ils oublient, d’abord, qu’ils ont été investis par un parti politique ou par une coalition, ensuite, qu’est-ce que le développement local qui a pour socle l’inclusion et la participation. Aujourd’hui, bientôt six (06) années d’exercice de leur pouvoir, et pour la plus grande majorité de nos communes, la gouvernance locale est au bas. Les élus locaux ont consommé paisiblement leur mandat, plongeant des communes dans un immobilisme économique et social. De surcroît, beaucoup d’élus locaux ont engendré des problèmes fonciers dans leur commune respective. Toutes ces carences ont fini de créer un très grand retard économique de la localité qu’ils prétendent «représenter».
Et force est de constater que le mal vient principalement du Maire et de son équipe municipale : absence de vision et de politiques locales de développement, manque de compétences nécessaires particulièrement du Maire, du personnel municipal, défaut de connaissances des dossiers, capacité limitée à porter des projets, aucun savoir-faire, une incompréhension des textes régissant la vie d’une collectivité territoriale. C’est l’intérêt personnel, celui d’un clan (le Maire et ses suiveurs) qui est mis en avant, l’intérêt de la population n’a aucun sens. Tous ces manquements concourent à freiner l’essor local qu’il faut redynamiser si nous voulons un Sénégal développé. L’émergence tant chantée dans ce pays est largement accessible si et seulement si le développement à la base est réel. Pour cela il faut des équipes compétentes portées par des édiles aux têtes pleines (de savoir, de savoir-faire, d’expérience et d’expertise en développement).
Des élus ayant une capacité de la gestion locale, le dynamisme et l’engagement méthodique des commissions techniques et la capacité à capter les multiples opportunités de la coopération décentralisée. Des élus locaux qui ont la compréhension et l’aptitude de la mobilisation financière locale à travers la multiplication, sur leur territoire, d’infrastructures marchandes polarisant des rentrées fiscales et la rationalisation du recouvrement de la taxe municipale. Il faut une véritable politique de développement visant à mettre des ressources humaines adaptées à la gestion locale, loin des choix typiquement politiciens et partisans.
Le choix des hommes et femmes doit ainsi être porté plus sur les compétences qu’autres considérations. Pour les Maires sortants qui veulent rempiler à nouveau, il est nécessaire voire indispensable de présenter un bilan satisfaisant, approuvé d’abord par ses administrés, ensuite par sa famille politique. Quant aux nouveauxprétendants, il faut savoir raison gardé. En matière de gestion locale, il ne s’agit pas d’un mérite ou d’une légitimité, mais de la capacité du candidat ou candidate à manager une équipe performante dans le domaine du développement local. Une équipe à l’écoute de ses populations. Une équipe combative dans le sens du développement de la Commune et non des combats politiques entre coéquipiers.
Par conséquent, il y’a lieu de procéder à une relecture des enjeux en ce qui concerne le développement à la base, prenant en compte les spécificités et les réalités locales en corrélation avec les compétences des personnalités censées diriger très prochainement nos communes : leurs capacités d’imprimer, d’impulser ou d’impacter l’équipe municipale de leur sens du devoir et du don de soi, de leurs choix politiques, leur expérience en mobilisation financière et surtout leur vision à mettre en place une politique de développement local avec des programmes et projets, répondant aux attentes des administrés.
Un Sénégal développé passe incontestablement par l’existences de pôles d’activités économiques efficaces, mais aussi et surtout, par une gouvernance locale tournée exclusivement vers le progrès de nos terroirs.
Ambassadeur Aliou Ndao FALL
Secrétaire National chargé de la Diaspora Apr.
Excellence ! L’opposition va beaucoup aimer votre texte qui dresse un bilan très négatif des 6 années de pouvoir local.
Je vous cite : « pour la grande majorité de nos communes, la gouvernance locale est au bas » fin de citation.
Le Président de notre coalition que vous interpellez dès le titre de votre texte (car c’est lui qui va en dernier ressort choisir les futurs candidats) ne peut pas à mon sens sacrifier le critère qui est la compétence pour d’autres considérations que vous n’avez pas explicitement énuméré.
Le contenu que vous mettez dans le profil des candidats sera très difficile à avoir au niveau de toutes les localités !
Ça sonne très bien mais testé aux réalités du terrain cela peut être utopique.
En disant aux nouveaux prétendants , je vous cite encore « il faut savoir raison garder. En matière de gestion locale, il ne s’agit pas d’un mérite ou d’une légitimité, mais de la capacité du candidat où de la candidate à manager une équipe performante dans le domaine du développement local » fin de citation.
Tout cela dans un contexte où la majorité sortante est disqualifiée par le tableau que vous présentez, il faut avouer que notre marge de manœuvre est très réduite.
En définitive je pense que le Président sera bien obligé de compter sur les candidats en présence en espérant que partout ce minimum qui est la compétence sera au rendez-vous car c’est sur cette base que nous ferons la différence face aux listes de l’opposition.
Le gap vers le profil sera comblé par une gestion collégiale accompagnée par de nouvelles orientations et des formations indispensables pour mieux délivrer.
Merci d’avoir poser ce débat!