A travers le communiqué qu’ils ont fait diffuser hier, des membres du Congrès de la renaissance démocratique (Crd) ont artistiquement ironisé à l’endroit de Thierno Alassane Sall, qui s’est retiré de la coalition créée autour du Parti démocratique sénégalais.
Abdoul Mbaye et Cie ont méthodiquement joué sur les mots pour accuser le parti de « TAS » et celui du juge Dème de s’être « rétractés ». Pourtant, selon des sources, c’est le verbe pronominal « se retirer » qui convient en cette occurrence, puisque la République des valeurs n’avait pas encore réuni ses instances pour formuler un choix irrévocable.
D’après un autre son de cloche : à la date du 2 septembre 2021 – Jour du lancement de ce qui deviendra YEWWI ASKAN WI » – le Parti démocratique sénégalais était encore en coalition avec le PUR, PASTEF et la mouvance khalifiste. Le même jour, le Crd et la Coalition JOTNA ont tenu un point de presse pour appeler « à la construction d’une large coalition, sans exclusive, dans laquelle chacun pourrait trouver sa place pour contribuer à la victoire, dans le respect de la dignité de chaque partie prenante ».
En clair, cette large coalition ne devrait pas compter le Pds parmi ses membres, puisque le parti sopiste était déjà dans un autre regroupement. C’est à l’issue de cette réunion du 2 septembre que le Pds a quitté YEWWI ASKAN WI, n’ayant pas obtenu ce qu’il voulait.
Sur ces entrefaites, le Crd entame des négociations en coulisses avec le Pds. C’est le profil parfait : malgré l’enfer que lui ont fait subir les parlementaires libéraux alors qu’il était Premier ministre, le fils de Kéba Mbaye a toujours entretenu de bonnes relations avec les Wade. D’ailleurs, en mars 2018, sous la plume de votre humble serviteur dans les colonnes de Dakaractu, il avait été révélé l’audience que le pape du Sopi accorda à l’ex-PM de Macky Sall à Versailles. http://(https://www.dakaractu.com/Versailles-rencontre-secrete-entre-Me-Wade-et-Abdoul-Mbaye_a149150.html) Mamadou Lamine Diallo également n’était pas gêné par une alliance avec le Pds, car il doit son mandat de député aux libéraux.
Abdoul Mbaye et Mamadou Lamine Diallo, après avoir donné leur aval au Pds, n’ont pas réussi cependant à convaincre le binôme Thierno Alassane Sall-Ibrahima Hamidou Dème. Ils peineront à enrôler TAS, qui ne souhaite vraiment pas se retrouver dans la même coalition que les Wade après la publication de son livre intitulé « Protocole de l’Elysée… ». Un brulot où l’ancien président de la République et son fils ont été sévèrement critiqués. Selon nos sources, l’ancien ministre de l’Energie n’est pas dérangé par le Pds, en tant qu’entité. « Si c’était Tafsir Thioye ou un autre, on aurait adhéré », éclaire-t-on. Ce qui dérangerait Thierno Alassane Sall, qui ne manquerait pas scrupules au point de s’illustrer par une pirouette spectaculaire, serait le fait de devoir ravaler son vomi après avoir traité Me Wade et Karim de tous les noms d’oiseaux.
Ainsi, à l’issue de la réunion de la République des valeurs, qui dura 5 heures, pour trancher la pomme de discorde, le « non » l’a largement emporté. Séance tenante, on s’est abstenu de délibérer, histoire d’éviter les fuites dans la presse. C’est un comité restreint du RV qui partagera avec l’opinion l’option de « se retirer » et non « se rétracter » de la coalition. Si l’on a retardé la publication de la décision finale, informe-t-on, dans le même créneau de révélations, c’est parce que Thierno Alassane Sall voulait se donner le temps de discuter avec chacun leader au Crd.
Nous devons à la vérité de souligner que les contradictions ne datent pas d’aujourd’hui au sein de la bande des quatre. A la veille de la présidentielle de 2019, alors qu’ils étaient en messes basses, Abdoul Mbaye et Mamadou Lamine Diallo avaient fini par soutenir le candidat Idrissa Seck contre toute attente, malgré l’opposition de Thierno Alassane, qui vota Ousmane Sonko avant de se raviser pour des raisons évidentes et Ibrahima Hamidou Dème, qui finira par soutenir le candidat du Pur.
Qu’à ce ne tienne ! Une implosion du Crd serait un coup dur pour l’opposition émergente. Mais à la lumière de ce qui précède, force est de reconnaitre que les contradictions sont majeures dans les coursives de ce regroupement.