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En route pour les locales – “Nittu Thiès” en procès (Par Thierno Diop)

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La pirouette spectaculaire par laquelle Idrissa Seck a rejoint Macky Sall, sous le mode du « Mbourou ak soow », a alimenté une littérature sarcastique, qui donna naissance au personnage de « Nittu Thiès », présenté comme un homme prédisposé à se renier, quand les vents et les variations de la fortune l’exigent de lui. Cela peut être un jugement de Pâris de vouloir réduire Thiès à cet acte isolé, au regard de son histoire politique. Cette ville rebelle, qui daigne tout perde fort l’honneur, a donné au Sénégal de nombreux révolutionnaires depuis des décennies. 

Quelques mois avant les évènements de décembre 1962, l’Union progressiste sénégalaise (Ups), ancêtre en ligne directe du Parti socialiste, se réunissait à Thiès pour étudier la nécessité d’éjecter Léopold Sédar Senghor. Déjà se posait la question du cumul entre les fonctions de chef d’Etat et chef de parti. On pensa à Ibrahima Sar, du fait des hauts faits d’armes de ce dernier, pour devenir secrétaire général de l’Ups, Senghor devant se contenter d’être président de la République. Le divorce entre Senghor et Dia va renvoyer à Pâques et la Trinité le changement voulu. Pis, fidèle compagnon de Mamadou Dia, le syndicaliste Ibrahima Sar, membre fondateur du Bds, qui associa son nom à la grève des Cheminots de Thiès à la fin des années 40, sera emprisonné et ce séjour carcéral aurait brusqué sa mort.

Boubacar Sall, surnommé le Lion du Cayor, fit montre du même courage physique, aux côtés de Abdoulaye Wade, durant la longue marche du Sopi.  

Durant le règne de Me Abdoulaye Wade, Thiès la rebelle resta fidèle à sa réputation et prit son « indépendance » dès 2004, lorsque Idrissa Seck lui-même se positionna en principal adversaire du pape du Sopi, en se classant deuxième à la présidentielle de 2007. Les Augures l’annonçaient au palais, s‘il n’avait pas été piégé à travers les fameuses « audiences de midi ».   

Sous Macky Sall, la capitale du rail offre deux nouveaux rebelles : le magistrat  Ibrahima Hamidou Dème et Thierno Alassane Sall, auteurs de démissions spectaculaires. Il y a aussi le Pr. Babacar Diop et Birame Soulèye Diop de Pastef. Tout ce monde pour prendre la place d’un autre rebelle, Talla Sylla, visage de la « jeunesse malsaine », mais tête de pont de l’élan populaire escorta Wade vers le palais.

On dit que les Thiessois, en bons adjors, sont rusés. Mais cette ruse cayorienne a rarement servi aux fils de la région pour manœuvrer dans l’ombre et accéder au pouvoir. De Ibrahima Sarr à Thierno Alassane Sall, en passant par Idy, ils sont tous adeptes du parler crû, et sont prompts à afficher leurs ambitions. Léopold Sédar Senghor, Abdou Diouf, Abdoulaye Wade et Macky Sall doivent leur étoile, surtout, à leur aptitude à avancer masqués.

Qu’à cela ne tienne ! Les locales de 2022 vont clarifier le jeu. La surprise peut-elle venir d’un théoricien de la « République des valeurs » contre les voleurs ? Est-ce légitime cette suspicion contre Nittu Thiès  ? « S’il y avait deux personnes comme Idrissa Seck dans ce pays, ce serait la catastrophe », disait Thierno Alassane Sall. Mais depuis 2007 Thiès n’a choisi que Idrissa Seck. Que faire alors ?

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