Éric Zemmour est en Côte d’Ivoire. Déplacement surprise du candidat d’extrême droite qui a rencontré des Français expatriés à Abidjan. Il s’est aussi rendu auprès des forces françaises présentes dans le pays. Mais si le ministère des Armées avait bien donné son accord, M. Zemmour n’a pas respecté les règles fixées à l’avance et s’est fait taper sur les doigts.
C’est un séjour discret, qui fait finalement parler. Arrivé mercredi soir à Abidjan, le candidat d’extrême droite à la présidentielle française a rendu visite ce jeudi aux militaires français en Côte d’Ivoire, façon pour lui de démontrer son soutien à l’armée.
Éric Zemmour voulait faire un coup : s’afficher aux côtés des soldats français en opération extérieure pour le réveillon de Noël, alors qu’Emmanuel Macron, lui, a dû annuler un déplacement auprès des troupes au Mali à cause du Covid, comme le rappelle Julien Chavanne, du service politique de RFI.
Le ministère des Armées avait donné son feu vert, comme il l’a fait pour d’autres candidats à la présidentielle : l’Insoumis-Jean-Luc Mélenchon a pu visiter une base militaire en Guyane, idem pour la socialiste Anne Hidalgo à Brest… Pour cette campagne électorale, tous ont ainsi l’autorisation de rendre visite aux militaires français sur le théâtre qu’ils souhaitent. Mais à condition de le faire en toute discrétion.
Problème : Éric Zemmour n’a pas pu s’empêcher de communiquer, en fin de matinée, sur sa visite auprès des soldats français en Côte d’Ivoire. Un communiqué, et plusieurs photos sur Twitter.
Accompagné de son directeur de campagne, le général en retraite Bertrand de La Chesnais, il est allé délivrer sur place un message de soutien aux FFCI, et des promesses de crédits s’il est élu. Celui qui était partisan d’un retrait français du Mali il y a quelques mois, a d’ailleurs semblé moins catégorique dans son message pour l’occasion.
« Votre action dans le monde protège notre pays des agressions d’où qu’elles viennent. Elles protègent nos intérêts aux côtés de nos partenaires que nous n’abandonnerons pas », a-t-il déclaré. « J’accorderai une attention particulière aux moyens qui seront alloués à notre défense et à nos armées, ainsi qu’à leur déploiement », peut-on encore lire dans le texte publié par le candidat sur son compte Twitter.
La ministre des Armées Florence Parly a vu rouge. Elle dénonce une instrumentalisation à des fins électoralistes.
« On demandait de la discrétion, il y a instrumentalisation, les conditions ne sont pas respectées », attaque un conseiller du ministère qui menace : « Nous en tirerons les conséquences. »
Autrement dit, Éric Zemmour risque d’être persona non grata dans les camps militaires français.
Le candidat cherche pourtant une carrure présidentielle. La tentation du coup de com’ semble rester la plus forte.
Quelque 950 soldats français sont stationnés dans la base de Port-Bouët à Abidjan. Une base qui sert de relai à la mission Barkhane et d’appui logistique notamment.
Après le volet militaire de cette visite, M. Zemmour avait rendez-vous dans l’après-midi dans un bar du quartier de Biétry avec une trentaine de ressortissants français triés sur le volet, pour un échange sur son programme, rapporte notre correspondant à Abidjan Pierre Pinto.