Que je l’aime cette particularité culturelle sénégalaise ! C’est notre chance et notre signature sociale au Sénégal que les musulmans puissent fêter Noël librement et les chrétiens célébrer à leur guise la Tabaski ou la Korité. C’est main dans la main que chrétiens et musulmans célèbreront ce soir la fête de Noël, dans l’union et la paix. Une occasion pour tous les sénégalais de prier, d’échanger des cadeaux et de partager un repas succulent.
Quelle plus belle illustration de la communion entre les religions et du dialogue islamo-chrétien pour marquer les 20 ans du décès de Léopold Sédar Senghor, le président catholique d’une population très majoritairement musulmane.
Hé oui, la France entre autres ferait bien de s’inspirer de notre exception cultuelle et de notre modèle de laïcité, plutôt que de laisser croire que l’immigration est la cause de tous ses maux. Enfin, le monde peut bien vivre dans le repli, nous pouvons être fiers de notre ouverture au dialogue des cultures, car sur ce point assurément, nous ne sommes pas sous-développés.
L’ambiance est moins à la fête en revanche quand il est question de l’exploitation du pétrole et du gaz dont regorgerait le riche bassin sédimentaire des pays de la sous-région. Un potentiel de classe mondiale selon les spécialistes.
Le chef de l’Etat, Macky Sall, a soutenu qu’il n’y a pas de malédiction du pétrole ou d’autres ressources naturelles. C’est son premier métier, nous pouvons le croire. Il fait noter que « de l’exploration aux premiers barils de pétrole ou mètres cubes de gaz, les efforts d’investissement et de recherches sont énormes, coûteux et complexes, avec des risques tout aussi réels de ne rien trouver après ». Compte tenu de ce risque, le président sénégalais a évoqué la nécessité pour nos pays d’attirer des partenaires financièrement et techniquement fiables, sur la base d’une législation claire, qui sécurise l’investisseur et protège les intérêts de nos pays.
Pourquoi pas suis-je tentée de dire, mais pourquoi pas aussi, quitte à prendre ce risque, garantir à chaque Sénégalais un contrat de partenariat de l’exploitation, à la façon d’une entreprise publique qui redistribue ou capitalise une part de ses bénéfices pour chacun de ses actionnaires. C’est peut-être stupide de croire en cela, mais une implication plus directe de la population serait un intérêt à terme plus facile à comprendre pour les Sénégalais que les explications du FONSIS, le Fonds Souverain d’Investissements Stratégiques, auquel personne n’entend rien.
Mais n’en voulons pas trop à notre président, qui ne peut pas, de surcroit sans Premier ministre, tout nous expliquer et s’évertuer en même temps et parfois malgré nous, à nous faire émerger. Soyons certains qu’il défend nos intérêts dans ce domaine et fermement, y compris face aux puissances étrangères.
Souvenons-nous-en il y a quelques années. Qui croyait sincèrement dans les rêves d’émergence de notre Président ? Il faut croire aujourd’hui qu’avec le Train express régional (Ter), qui sera mis en circulation le 27 décembre 2021, c’est le temps des récoltes pour son Plan Sénégal Emergent.
Le Ter va desservir, dans sa première phase, un itinéraire allant de la gare de Dakar à la ville de Diamniadio. Une deuxième phase est prévue en 2023 et devra pousser la ligne jusqu’au nouvel aéroport international Blaise Diagne de Diass (Aibd). Une troisième phase prévoit son prolongement jusqu’aux villes de Mbour et Thiès.
Ce Ter, le nec plus ultra en matière de technologies et d’équipements ferroviaires, va transporter 115 000 voyageurs par jour. L’objectif du Ter, à la suite de l’autoroute à péage ainsi que du prolongement de la Voie de dégagement Nord (Vdn), est de décongestionner le transport urbain à Dakar et sa banlieue.
Ainsi, après 7 ans de travaux pour désengorger une capitale aux légendaires embouteillages, Dakar va devenir l’une des villes d’Afrique de l’Ouest où les problèmes incessants de circulation auront été le mieux résolus. Et ça, ça se fête !
Célébrons aussi la perspective de nouvelles ressources naturelles qui, il faut y croire, donnera du travail à nos jeunes et participera à faire reculer la précarité ici au Sénégal.
Et bien sûr fêtons Noël ! Quoi de plus humain et de plus universel que de donner à nos enfants des points d’ancrage pour surmonter les incertitudes et les inégalités du monde.
Joyeux Noël à tous et très bonnes fêtes de fin d’année.
A la mémoire de Léopold Sédar Senghor, un homme d’enracinement et de fraternité.