Dossiers en instance, des procès d’acteurs politiques reportés, interpellation d’activistes, des mises sous contrôle judiciaire, tels ont été les temps forts du secteur de la justice en 2021. En effet, la convocation de grosses pontes de la sphère politique, des acteurs de premier plan du mouvement citoyen, et le chamboulement connu au sein du Conseil supérieur de la magistrature, ont placé ledit secteur au rang des domaines d’activités les plus vivants lors de cette année finissante, Nous relate SeneNews.
Contrairement à d’autres secteurs de la vie socio-professionnelle qui continuent d’accuser difficilement le coup du covid-19, la justice n’a pas connu de temps mort dans son fonctionnement. En 2021, les justiciables ont recouru, comme à l’accoutumée, au service des juges et autres magistrats appelés à dire le droit. De cette pléthore de dossiers, on retiendra un certain nombre qui ont le plus cristallisé les attentions, parce que mettant en cause des personnalités publiques. Le tout premier dossier judiciaire « public » de l’année 2021 concernait en effet celui du militant pro-migrants, Boubacar Sèye, patron de Horizon Sans Frontières, accusé de diffamation contre l’Etat du Sénégal. En clair, arrêté le 15 janvier, ce dernier a dû séjourner en prison pendant une quinzaine de jours, avant de bénéficier d’une liberté provisoire. Son tort a été de soupçonner l’Etat de détournement de millions d’euros investis dans la question de l’émigration. Quant au chanteur Thione Seck, mis en liberté provisoire dans l’affaire des faux billets, il sera totalement blanchi le 4 mars suivant, soit dix jours avant sa mort.
Activistes et opposants dans le viseur du proc’
Le dernier semestre de 2021 a été particulièrement marqué par des dossiers de trafic présumé de passeports (diplomatiques). C’est ainsi que de grands noms du mouvement Hip-Hop et non moins membres de « Y’en A Marre » ont dû répondre des accusations diverses, allant d’abus de confiance à trafic de migrants. Kilifeu et Simon, pour ne pas les nommer, ont été mis aux arrêts avant de bénéficier d’une mise en liberté provisoire. Si le second nommé a été libéré après la marche du mouvement « Y’en A Marre » tenue le vendredi 15 décembre- lequel dénonçait la sortie de son bourreau du nom de Thier- le premier a bénéficié de ce privilège pour des raisons de santé. Le malheur des activistes ne se limite pas à ces deux cas seulement, puisque, Guy Marius Sagna, sera envoyé en prison au début du mois d’octobre pour le délit de diffusion de fausses nouvelles à cause d’un post fait sur la gendarmerie. Cette interpellation est la deuxième pour le leader de FRAPP qui a été arrêté, à la veille des manifestations du mois de mars denier, en compagnie d’autres activistes comme Dame Mbodj et Clédor Sène.
Cependant, les dossiers de trafic de passeports diplomatiques concernant des responsables de la mouvance présidentielle ont plus alerté l’opinion. Après les députés Mamadou Sall et Boubacar Biaye dont l’immunité parlementaire a été levée le 10 novembre, un scandale de même nature a éclaboussé le ministère des Affaires étrangères et la présidence de la République, durant le mois de décembre. Ce qui a abouti à l’arrestation de Limamou Laye Seck, un agent du ministère, et à l’ouverture d’une enquête judiciaire.
Parmi les dossiers judiciaires saillants de l’année finissante, il y a notamment l’affaire dite Sweet Beauté où le leader de Pastef, accusé de viol, a été convoqué à la Section de recherches puis placé sous contrôle judiciaire depuis le 8 mars dernier. Inutile de rappeler les ramifications politique de cette affaire qui a failli précipiter le pays dans le chaos. Entre novembre et décembre, la convocation d’un autre opposant, Barthélémy Dias en l’occurrence, a soulevé une partie de l’opposition. Alors qu’il a été appelé à la barre pour le jugement en appel de l’affaire du meurtre de Ndiaga Diouf, le candidat de « Yewwi Askan Wi » à la mairie de Dakar a finalement vu son procès reporté jusqu’à mars prochain.
Chamboulement dans la magistrature
L’année judiciaire est aussi marquée par le décès de Samba Sall, doyen des juges en charge de l’affaire « Sweet Beauté « . Décédé le 8 avril, son siège restera longtemps vacant avant d’être occupé. En effet, ce n’est que lors du conclave de décembre qui a abouti à la réorganisation du Conseil supérieur de la magistrature, que le défunt sera remplacé par Maham Diallo, jusqu’ici, président de la Cour d’Appel de Ziguinchor. En outre, d’autres changements majeurs vont être opérés avec notamment le remplacement deSerigne Bassirou Guèye, procureur de la République depuis 2013 par le juge Amady Diouf. L’autre fait, pas des moindres, concerne l’affectation à Tambacounda du juge Souleymane Teliko, ancien président de l’Union des magistrats du Sénégal.
Cette redistribution des rôles dans le système judiciaire augure une année 2022 épique du fait des nombreux dossiers à vider. Il s’agira surtout de voir quelle suite donner aux affaires concernant Ousmane Sonko, Barthélémy Dias, et les députés faussaires incriminés dans le dossier des passeports, pour apprécier la dernière sortie du tout nouveau président de l’UMS, Ousmane Chimère Diouf. Réagissant sur la déclaration du président Sall, qui disait mettre des dossiers sous le coude, ce dernier précise comme pour dire toute l’indépendance de la justice: « c’est avant que nous ne soyons saisis sans doute, parce que c’est nous qui rendons la Justice et personne d’autre ne peut le faire à notre place ».