Le poisson salé, fumé puis séché, plus connu sous le nom de Kéthiax au Sénégal, est utilisé dans de nombreux plats. Cependant, la phase de transformation du poisson pour avoir le produit fini n’est pas de tout repos. À en croire Aïssatou Faye, qui porte la parole des femmes qui s’attellent à cette tâche à Rufisque, ce travail nourrit leur monde, surtout en cette période où le poisson se fait rare. Un reportage du Quotidien Tribune.
Il est quinze heures (15h) à Rufisque, la vieille ville, l’une des quatre communes de l’époque coloniale. Les gens vaquent tranquillement à leurs occupations – des va et viens interminables, des salutations temps à temps.
Nous empruntons la route qui mène à la mer, pas besoin de guide, la provenance de l’odeur de la fumée sert de boussole aux personnes qui seraient tentés de s’égarer. Nous voici à présent sur les lieux des bâtiments vétustes, des tables, du papier carton forment le décor, des femmes allongés sur des sortes de bancs construit avec le ciment observe notre entrée, tel un corps étranger dans un endroit homogène. la maîtresse des lieux autrement dit, celle qui dirige ces 200 femmes a voulu bien se prêter à nos questions
. Aïssatou Faye de préciser «Nous sommes au nombre de deux cents personnes, nous n’avons pas d’heure fixe pour le travail, nous sommes souvent-là du matin au soir. Le matin on se rend au quai, là où viennent débarquer les pirogues pour acheter du poisson. C’est un duel assez rude entre nous et les mareyeurs, pour avoir le poisson. Ceci s’explique par la rareté du poisson, et les mareyeurs ont un pouvoir d’achat plus élevé que le nôtre. »
« La vente de poisson n’est pas figée. Tu peux avoir une marchandise de 100.000 ou 150.000f ou 50.000 frs que tu peux écouler le même jour. En ce qui concerne la transformation, le procédé est simple : il suffit juste de se rendre en mer, acheter son poisson qu’on peut transformer en poisson fumé à l’aide d’un four ou bien même à terre, étalé au sol. Souvent on le fait par terre, pour cause, les fours sont souvent étroits et nécessitent du « matt » ou fagot de bois que l’on achète à 4000 frs ou 5000 frs. Après avoir grillé le poisson, on épluche – c’est-à-dire on enlève la peau au poisson, noirci sous l’effet des flammes -, puis on met du sel avant de dresser sur les tables Le fait de laisser le poisson à l’air libre dépend de chaque personne. Nous, on laisse deux jours afin d’obtenir un produit fini de qualité».
Dans ce sillage, Aïssatou Faye de préciser qu’une fois la transformation du poisson finie, le kéthiax est transporté vers les marchés et les loumas pour être soumis à la vente. Selon toujours Aïssatou Faye, la vente se passe plutôt bien ; et pour cause, le poisson se fait rare et les Sénégalais aiment consommer le poisson séché.