Ousmane Sonko savait très bien que l’annonce de la création d’une monnaie locale allait secouer la cage. Le candidat à Ziguinchor n’a pas circonscrit sa proposition à la ville, mais à toute la Casamance. Il s’est servi du prétexte d’une simple figure de coupon d’échange, à l’instar d’une carte cadeau ou d’un ticket de restaurant, pour ameuter les âmes déjà effrayées à l’idée de séparation.
Ce n’est d’ailleurs pas la seule crainte mobilisatrice. L’autre vient de la symbolique que représente le franc CFA dans la lutte pour l’indépendance économique des pays africains.
Autant dire qu’il a réussi son coup de communication. Il reviendra sur les plateaux de télé pour dédramatiser et faire passer ses détracteurs pour des incultes. Entre temps, il aura tenu le haut du pavé, cristallisant ainsi les attentions et l’actualité.
Le TEM en Grèce, l’Eusko en pays basque et tant d’autres monnaies locales complémentaires montrent à suffisance que celles-ci ne sont pas destinées à concurrencer les monnaies nationales. Bien au contraire, elles favorisent l’émergence de réseaux de solidarité et de promotion des produits locaux.
En politique, il est dit qu’il faut sans cesse créer l’évènement et dicter les thèmes du débat public. Il fallait bien que le TER libère le plancher médiatique. Les politiques sont dans leur rôle en voulant faire du bruit. Il reste néanmoins à se demander jusqu’à quel point l’agenda politique doit primer sur le sens de la responsabilité.
Birame Waltako Ndiaye
