1965 l’équipe nationale de football du Sénégal prenait rendez-vous avec la Coupe d’Afrique des nations (CAN) pour honorer sa première participation à cette
prestigieuse compétition. 57 ans après, nous courons toujours derrière un sacre. A quels jours du début de la compétition, moment fort pour un sélectionneur
national de se sentir soutenu par toute la nation, des voix s’élèvent pour demander-en cas d’échec-la démission d’Aliou Cissé. N’est-ce pas là une source de
déconcentration pouvant produire des effets néfastes nous menant à un éternel recommencement ? Les échecs répétitifs de l’équipe nationale, tous nous sommes
responsables.
Depuis novembre 2018, l’équipe nationale du Sénégal est sur le toit de l’Afrique après avoir détrônée celle de l’Algérie. Aujourd’hui plus que jamais les lions détiennent le record de longévité classement FIFA/zone Afrique en y étant restés 36 mois contre 35 pour la Côte d’Ivoire. De quoi à brandir et à assumer fièrement le costume de favori qu’on colle à cette équipe.
Fort est de constater malgré l’étiquette de favori que cela puisse paraître la sélection sénégalaise n’a jamais soulevé de trophées majeurs depuis son premier match officiel en
- Les seuls triomphes anecdotiques qui nous ont valu des trophées qui garnissent une armoire poussiéreuse sont les Jeux de l’Amitié de 1963 et les Jeux Africains de 2015.
Sinon de mémoire collectif ce sont les participations douloureuses qui sont là.
Outre ces trophées, nous notons deux véritables performances qui ont marqué l’histoire du football sénégalais. D’abord 2002 et 2019 où l’équipe est médaillée d’argent à la CAN
et quart de finale pour sa première participation à une Coupe du monde en 2002. Enfin les deux petites finales perdues en 1965 et en 1990.
Au-delà de ces dates, les lions sont restés vingt-cinq ans de disette. Une véritable traversée du désert avant de connaitre une montée en puissance des années 2000 qui
correspond à l’âge d’or du football Sénégal où l’équipe enchaîne ses participations. Aujourd’hui, bien que sur le papier le Sénégal apparait comme l’une des meilleures
équipes du continent avant le début de la compétition ce qui lui confère un statut de super favori. Cependant, il faut reconnaitre qu’une CAN ne se remporte jamais d’avance,
elle se joue à des détails. Pour jouer une CAN et la gagner cela dénote d’un véritable parcours de combattant. Il faut une préparation mentale, un fort mental du staff et des
joueurs et un soutien du peuple. Une union sacrée des cœurs et des esprits. Un état d’esprit conquérant des joueurs avec véritablement l’envie de mouiller le maillot. Une sacralisation du maillot qui est un symbole fort pour tout un qui le porte.
En somme, gagner une CAN dépasse le talent. Il faut une équipe pas un groupe, une solidarité pas des individualités, un leadership collectif pas individuel et un peuple unit
derrière qui pousse dans le même sens. Par conséquent, nous comprenons aisément pourquoi le Sénégal peine à gagner.
Le Sénégal ne gagne pas, le Sénégal échoue chaque fois malgré ses individualités aux talents reconnus au plus haut niveau modial. Plusieurs théories peuvent être avancées à tort ou à raison mais pour nous trois aspects majeurs nous empêchent d’y arriver.
L’aspect premier pour nous est la malhonnête des acteurs du football surtout des anciennes gloires. Comment pouvons-nous comprendre des sorties maladroites mettant une pression négative au sélectionneur au moment où c’est l’union sacrée qui devait être appelée ? Personne ne veut laisser l’autre réussir et une guerre médiatique est déclenchée à chaque vieille de match ou de compétition.
Le deuxième aspect c’est l’attitude même des acteurs directs sur le terrain. Les joueurs nous laissent perplexes. Nous ne sentons pas trop la niaque, l’opiniâtreté, l’endurance, la posture mentale du gagnant et l’ancrage de la confiance qu’ils doivent incarner pour se faire respecter ou faire peur à leurs adversaires. Les lions doivent comprendre malgré les primes maigres qu’ils perçoivent c’est l’argent du contribuable, c’est un investissement et c’est un espoir que fonde tout un peuple sur eux. D’où se battre plus en sélection qu’en club au nom du patriotisme et de la fierté d’appartenir pour le maillot national est un privilège tel un soldat sénégalais en champ de bataille. C’est aussi le staff qui doit pouvoir transmettre les vertus du vainqueur, stimuler « l’effet de vainqueur », avoir la devise : « mangé ou être mangé », et avoir une tension permanente entre les nécessités terribles de gagner et les obligations de vaincre chaque fois.
Le dernier aspect est du côté du peuple. Le peuple doit se reconnaître à son équipe, doit la pousser, doit pouvoir à travers leur attachement faire transcender les joueurs. Pour que cela soit, il faut taire nos les considérations mystiques, religieuses, régionalistes, politiques…se taisent et que l’union sur l’essentiel pour la victoire finale soit notre bréviaire.
Si en 2002 l’équipe a réussi une prouesse, elle était en grande partie due à cette dynamique unitaire du peuple sénégalais qui faisait bloc. Ce qui a valu le surpassement des joueurs sur le terrain le jour des matchs et une profonde prise de conscience qu’ils ne jouent pas pour eux mais pour le Sénégal.
En résumé, cette année, non seulement les Lions disposent d’une génération talentueuse aussi ils ont à leur tête un entraîneur qu’ils ont longtemps pratiqué et en qui la fédération a, visiblement confiance. Le Sénégal a un statut à assumer dans cette CAN.
Celui de favori de la Coupe d’Afrique des nations. Un costume qu’il porte déjà depuis bien avant le début de la compétition mais qu’il doit encore ajuster à sa taille pour rapporter enfin la coupe. Les planètes semblent s’aligner pour un Sénégal qui a, cette fois-ci, de vraies chances de prétendre à ce trophée qui le fuit depuis tant d’années. À moins que ce ne soit l’inverse cette sélection incarne et a l’ambition de revenir à une gloire perdue en 2019. Au peuple sénégalais, au monde du football sénégalais taisons nos querelles personnelles et unissons nos cœurs pour la victoire finale.
Ndam rek gaindé !
Allez les lions !
Vive le Sénégal !
Nicolas Silandibithe BASSENE