Le nucléaire et le gaz contribuent, selon certaines conditions, à la lutte contre le changement climatique. C’est ce qu’a annoncé ce mercredi 2 février la Commission européenne, leur attribuant un « label vert ». Un sujet qui a divisé les 27 membres de l’Union européenne et qui suscite de nombreuses inquiétudes parmi les défenseurs de l’environnement.
C’est un sujet qui divise l’Union européenne depuis des mois. À compter de ce mercredi, les centrales à gaz et les centrales nucléaire vont bénéficier d’un « label vert » pour leur contribution à la lutte contre le changement climatique. Et pour que cela soit faisable, les commissaires européens doivent valider une liste de critères permettant de classer comme « durables » les investissements dans des centrales nucléaires ou au gaz pour la production d’électricité. Jusqu’à présent ce privilège était réservé aux énergies renouvelables.
Un texte qui s’inscrit dans l’objectif de neutralité carbone de l’Union européenne en 2050, mais qui divise. Car si la France -qui veut relancer sa filière nucléaire- et des pays d’Europe de l’Est se félicitent de cette initiative, l’Allemagne, mais aussi l’Autriche ou encore l’Espagne s’insurgent. L’Allemagne a tourné le dos à l’atome pour miser sur l’essor des éoliennes et du solaire, ainsi que sur de nouvelles centrales au gaz.
Pourquoi une telle décision ? L’objectif est de donner une grille de lecture aux investisseurs privés et rien d’autre, analyse le correspondant de RFI à Bruxelles, Pierre Bénazet. Les investisseurs doivent pouvoir savoir où ils mettent leur argent et si leurs fonds seront utilisés pour atteindre l’objectif européen de neutralité des émissions. Le gaz et le nucléaire sont indispensables pour atteindre cet objectif, affirme la Commission, mais uniquement comme sources d’énergie de transition.
Le Parlement européen et les 27 capitales ont maintenant quatre à six mois pour se prononcer. Pour l’eurodéputé macroniste Christophe Grudler, il est tout à fait pertinent de vouloir développer le nucléaire pour faire baisser les émissions de gaz à effet de serre : « le nucléaire, c’est la seule énergie pilotable décarbonée qui peut compenser l’intermittence des renouvelables. Donc l’idée, c’est d’avoir d’abord du renouvelable et puis quand il n’y a pas assez de vent, pas assez de soleil, de compléter avec de l’énergie alternative qui est produite par le nucléaire, parce que le nucléaire est décarbonée contrairement aux turbines à gaz ou au fioul ».
Pour Anna Deparnay-Grunenberg, eurodéputée écologiste franco-allemande, par contre, l’heure est à la déception : «L’argent mis dans le nucléaire nous le savons va freiner énormément l’argent mis en fait dans les vraies renouvelables : le vent, le solaire. Et donc, économiquement ça n’a aucun sens, ce n’est pas écologique et cela ne l’a jamais été ».
Le Parlement européen sera donc le lieu des débats les plus durs alors que du côté des capitales le soutien au projet de la Commission est largement majoritaire. Le gouvernement autrichien, lui, a toutefois annoncé son intention d’engager une action en justice devant la Cour de justice de l’Union européenne.