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Me Mbaye Jacques Diop: Idrissa Seck et Macky Sall peuvent faire mal, « Y en a marre » est un mouvement dangereux pour Wade

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ME MBAYE JACQUES PARLE SANS DETOUR DU MANAGEMENT DU PDS, DE IDRISSA SECK, MACKY SALL, AMINATA TALL…
« Il faut faire en sorte que « Y en a marre » devienne « il n’y en a plus marre »

L’ex-président du Conseil de la République pour les affaires économiques et sociales n’a pas fait dans la dentelle. Loin s’en faut ! Me Mbaye Jacques Diop dit comprendre que ses militants se disent aujourd’hui que si c’était à recommencer, ils auraient certes continué à soutenir Wade, mais à coup sûr, ils n’auraient jamais fait la fusion. Avec le franc-parler qu’on lui connaît, il se veut formel : « il faut arrêter à Rufisque le cirque des perdants qui se proclament comité électoral consensuel, alors qu’aucun consensus n’a été trouvé ». Me Mbaye Jacques Diop, qui reconnaît que les difficultés des Sénégalais sont réelles et qu’il ne sert à rien de fermer les yeux, déclare à qui veut l’entendre qu’il est prêt à rencontrer Aminata Tall récemment démissionnaire du Pds, pour la faire revenir à de meilleurs sentiments. Aussi, il estime qu’Idrissa Seck aiderait l’Ast à gagner la Présidentielle de 2012 qui ne sera guère un jeu d’enfants pour la mouvance. Qualifiant le Mouvement « Y en a marre » de très dangereux, l’ancien édile de Rufisque dit qu’à la place de Wade, il aurait mis en place une équipe de campagne resserrée à 300 jours du scrutin.

L’As : Cela fait quelque temps qu’on ne vous entend pas vous prononcer sur des questions d’actualité. Pourquoi ce mutisme ?

Me Mbaye Jacques Diop : Je vous remercie pour l’opportunité que vous m’offrez à travers cet entretien qui rompt le silence que j’ai observé depuis quelque temps. Ce silence est dû au fait qu’un homme politique doit être actif sur la scène politique. Mais pour autant aussi, il doit se prononcer sur certains faits, seulement quand les évènements le lui dictent. C’est la raison pour laquelle, tout en continuant mon action de tous les jours, à la fois auprès du président de la République et auprès de ma base, j’ai accepté de donner mes points de vue sur la marche de notre pays. Avec mon âge et compte tenu du parcours que Dieu m’a permis de mener dans ce pays, parcours bientôt sexagénaire, je me dois quelquefois de m’exprimer sur la marche du pays. Je suis le seul parmi les hommes politiques encore en activité à avoir une telle ancienneté. Et cela me confère des droits, mais surtout des devoirs.

Comment se porte le Pds à Rufisque ?

Le Parti démocratique se porte plus ou moins bien au niveau local. J’ai essayé de rassembler le maximum possible, d’abord ma famille politique. Je le dis et je le répète, je ne suis pas un Pds d’adhésion, mais plutôt de fusion. Je ne suis pas un Pds, parce que j’ai acheté ma carte, mais j’y suis allé avec un Parti, qui avait à l’époque engrangé des milliers de voix, qui avaient permis à ce Parti d’être à l’Assemblée nationale à travers ma personne. Et ce Parti-là, en moins de 11 mois d’existence, a réussi la prouesse d’être sixième sur 25 Partis et Coalitions de Partis. Ensuite, contrairement à d’autres, nous avons été les rares à avoir un fief local, et en 2000, à voter et à faire voter pour Abdoulaye Wade. A l’époque, ce n’était pas donné à n’importe qui de quitter le Parti socialiste pour rejoindre Abdoulaye Wade. À un moment aussi incertain que celui-là. Car il y avait là une césure intellectuelle, une césure à tous points de vue qui fait que ce n’était pas facile de quitter le Ps pour soutenir le Fal. Mais nous l’avons fait et à l’époque, nous étions le seul maire de Ville à l’avoir fait.

Aujourd’hui, est-ce que vous n’avez pas l’impression d’avoir été payé en monnaie de singe par Wade, en dépit des efforts consentis pour son élection ?

Quand les militants de l’ex-Ppc voient le sort réservé aux alliés du Président Wade, qui n’ont pas fait le saut de fusionner leurs Partis avec le Pds, mais qui sont représentés au Gouvernement et qui ont deux ou trois députés sur le quota de la Coalition Sopi, deux ou trois sénateurs, des vice-présidents à l’Assemblée nationale ou au Sénat, des postes de choix dans les Directions…, mes militants se disent que si c’était à recommencer, ils auraient certes continué à soutenir Wade pour les raisons que nous avions évoquées en 2000, mais à coup sûr ils n’auraient jamais fait la fusion. Car pour mes militants, ceux qui soutiennent Wade et qui n’ont pas fusionné leurs appareils politiques avec le Pds ont connu un meilleur sort qu’eux. Pire, me disent-ils, ils ont le sentiment d’avoir subi une réelle perte d’autonomie d’action, d’initiative et de personnalité.

En d’autres termes, cela a plus que frustré la base électorale de Me Mbaye Jacques Diop ?

Cela est indéniable ! Là où les autres partis alliés ont engrangé beaucoup de retombées aussi bien à l’Assemblée, au Sénat que dans les Directions, entre autres postes de responsabilité, nous n’avons eu que le député Seydou Diouf, dont les interventions à l’Assemblée nationale me remplissent de fierté, tellement elles sont structurées et la sénatrice Ngoné Ndoye. N’empêche, l’important pour moi, c’est que le choix que j’ai fait en 2000 était utile, voire indispensable. Même si, suivant les appréciations de mes militants, le Ppc aurait dû faire comme les autres alliés du Pds. Car, en politique, la frustration est un sentiment fort qu’il faut éviter à tout prix.

Et si vos militants exigeaient de vous la fin de votre compagnonnage avec Wade, quelle posture adopteriez-vous ?

Je leur dirai que c’est un peu trop tard. Pourquoi ? Parce qu’il y a des choix, quand on les fait, on les assume jusqu’au bout. Même s’ils font mal, très mal par la suite.

On est à quelques mois de la Présidentielle de 2012. Dans quel état d’esprit la Mouvance présidentielle prépare-t-elle cette échéance électorale ?

Il y a d’abord que le Pds fonctionne, comme on dit, peu ou prou. Au Congrès de fusion en 2002, le Président Wade qui nomme au Pds avait fait de moi le secrétaire politique du Parti. Je n’ai jamais été révoqué et cette fonction jamais abrogée. Donc, je peux en parler à bon escient. Le Pds est un Parti, comme le dit lui-même le Président Wade, qui est à l’image d’un lion qui dort. Mais quand il se réveille, on sent qu’il a quitté son sommeil. N’empêche, il y a une grande léthargie dans ce Parti. Pour parler d’un cas que je connais bien, celui de Rufisque, quand nous étions au Ppc ou au Ps, nous faisions fonctionner les structures (Comités, sous Sections, Sections…) ; au moins, chaque semaine, il y avait des réunions d’instances. Autrement dit, il faut faire vivre un Parti par sa base, mais au Pds cela n’existe pas. Et je le déplore.

A quoi est due cette situation ?

D’abord, à la nature même du Pds, à sa structuration, à la façon dont il est managé. On laisse faire jusqu’au jour J, on convoque, on fait ceci et on fait cela. Ce qui fait qu’il n’y a pas cette flamme qui anime les ardeurs militantes. Le Président Wade nous disait il y a quelques jours que ce qui manque au Pds, c’est l’organisation. Mais moi j’ajouterai qu’il n’est pas animé à la base. Depuis que nous avons fusionné avec le Pds, nous n’avons pas, autant que je me souvienne, tenu une seule réunion à Rufisque avec tous les camarades membres du Pds. Chacun fait de son côté ce qu’il veut et il faut y remédier. Mais c’est un impératif militant et républicain que de restructurer le Pds, voire le réformer. Car il faut, pour les années à venir, un autre Pds avec un autre type de fonctionnement et d’autres missions. Tout parti vit de sa mystique et meurt de sa politique, comme le disait Charles Péguy.

Le Président Wade a martelé, lors du dernier Comité directeur du Pds, que dans un ou deux mois, il donnera la liste des Comités électoraux départementaux, communaux et ruraux. Dès lors, il faut arrêter à Rufisque le cirque des perdants qui se proclament comité électoral consensuel, alors qu’aucun consensus n’a été trouvé.

Est-ce que cela n’est pas également dû au fait que Wade est considéré comme un dieu par les libéraux. Qui crée, révoque, fait et défait sans que nul ne bronche ?

Les anciens du Pds s’accommodent de cette situation. Car ils ne connaissent pas une autre manière de fonctionnement de Parti. Pour eux, ça c’est le seul cliché qui vaille. Mais pour nous qui avons connu d’autres expériences, cela nous paraît un peu bizarre.

Mais Rufisque est l’un des rares départements à part Saint-Louis, qui comptent trois ministres. Est-ce que c’est parce que ces ministres-là ne font pas le travail qu’il faut à la base ?

Je ne cherche pas à faire la leçon au Président Wade, mais du temps de Léopold Sédar Senghor qui reste une référence pour les hommes politiques de tous bords, après chaque consultation électorale nationale (Présidentielle et les élections législatives), il convoquait ses principaux responsables et on discutait de ceux qui devaient aller à l’Assemblée nationale, ceux qui devaient sortir du Gouvernement… Mais le Président Wade fonctionne autrement. Aujourd’hui, Rufisque a un ministre d’Etat sans portefeuille (enfin, il est chargé de la Connectivité) et deux ministres délégués. Ces derniers sont des jeunes femmes et n’ont pas de moyens. Quant au ministre d’Etat, il est absent depuis 11 ans de l’action politique. On a beau dire, mais des gens qui ont voté pour Abdou Diouf au premier et deuxième tour, qui ont voté sûrement pour un autre candidat en 2007, sont aujourd’hui au-devant de la scène départementale. Cela créé forcément des frustrations. Forcément, forcément, forcément, beaucoup de frustrations. Ce qui fait que ce n’est pas avec ça qu’on peut entrainer des foules. Ce n’est rien de tenir un meeting où il y a deux mille personnes. Ma fille, la sénatrice Ngoné Ndoye fait tous les jours beaucoup plus pour le Président Wade, avec le peu de moyens qu’elle a.

Si le Conseil constitutionnel déclarait irrecevable la candidature de Me Wade, l’Ast aurait-elle un candidat de rechange qui fasse l’unanimité en son sein ?

Mais cela est impensable et inimaginable ! Il n’y a pas d’autres solutions possibles. A l’Ast, nous travaillons tous, étant persuadés que le Conseil constitutionnel validera la candidature de Me Abdoulaye Wade.

Et si le Conseil vous surprenait ?

C’est hors de question, inimaginable, c’est surréaliste. Nous sommes fondés à dire et croire que sa candidature sera validée en 2012. Nous travaillons avec ces œillères ; pour nous, il n’y a pas d’autres scénarii possibles.

L’Ast est secouée par des frustrations de toutes sortes. Qu’est-ce qui l’explique ?

En fait, l’Ast n’est pas secouée. J’ai lu dans la presse nos amis de ladite Alliance qui constituent le G5 et qui ont le droit de donner leur opinion. Mais ils sont 5 sur 66 Partis. Le problème est de savoir si le coordonnateur de l’Ast, qui a fini son mandat, doit être reconduit. Par rapport aux textes que nous avons votés, le poste du coordonnateur comme tous les autres postes est rotatif. Moi, je suis le président de la Commission des sages chargé des réconciliations, mon poste doit aussi être mis en jeu. Donc, si tel est le problème, le fait que le président Wade apprécie le travail d’Aliou Dia ne veut pas dire pour autant que son mandat est renouvelé. Parce que s’il est vrai que c’est le président de l’Ast qui nomme, il faut aussi qu’il nomme à bon escient, qu’il soit en adéquation avec les textes et les leaders de l’Ast. Il fat éviter inutilement des frustrations.

Donc, il faut qu’Aliou Dia libère le plancher pour parer à la déchirure au sein de l’Ast ?

Avant de libérer le plancher, Wade doit consulter ses alliés. Des alliés sont faits pour être consultés. Moi, je représente le Pds dans l’Ast, mais dans une Coalition, la consultation doit être de rigueur.

Êtes-vous candidat au poste de coordonnateur de l’Alliance ?

Non ! Je ne suis pas candidat à ce poste de coordonnateur, même s’il est vrai que beaucoup de gens ont avancé mon nom. Je ne suis pas candidat, parce que le Président Wade m’a désigné pour le représenter à l’Ast. Il sait donc qu’il a quelqu’un bien sûr parmi d’autres, un homme de devoir et d’expérience, qui, avec sa confiance et celle des leaders de l’Ast, aurait pu être un bon coordonnateur de l’Alliance sopi pour toujours.

Et si Wade vous confiait ce poste ?

Je suis un homme de devoir, je ne refuse jamais les tâches que l’on me confie. Ensuite, j’estime que c’est un poste que je pourrais occuper, compte tenu de l’expérience que j’ai. Mais bref, a priori, dans ma tête, je ne suis pas candidat à ce poste.

Est-ce que cela veut dire que vous n’aspirez plus à assumer une quelconque tâche que Wade vous confiera ? Surtout après la manière avec laquelle il vous a retiré le Craes.

Parlant de poste, permettez moi d’abord de remercier du fond du cœur le chef de l’Etat, qui m’a nommé, par décret, président honoraire du Conseil de la République. Mais étant en bonne santé, grâce à Dieu, je souhaiterais être plus actif pour servir mon pays. Comme j’ai eu à en administrer la preuve lorsque le président de la République m’avait fait l’insigne honneur de me porter à la tête du Conseil de la République pour les affaires économiques et sociales. Certes, je ne serai jamais demandeur d’un quelconque poste, mais je suis un homme qui ne refuse jamais de servir son pays.

Quelle appréciation faites-vous de la démission d’Aminata Tall ?

Là, je parle par expérience. Ce que je dis, je le plaque sur ce que j’ai vécu avant. Je le lie par rapport à des évènements que j’ai vécus. C’est toujours douloureux de voir un camarade de haut niveau, de grande stature quitter un Parti. On perd à cet effet toute une vie, c’est pourquoi moi, je suis de ceux qui disent ; qu’il s’agisse d’Idrissa Seck, d’Aminata Tall, de Macky Sall, je n’ai jamais souhaité qu’ils partent du Pds.

Êtes-vous prêt, en tant que sage, à aller discuter avec Aminata Tall pour la convaincre de retourner aux côtés de Wade ?

Absolument ! Pour la simple et bonne raison que d’abord, c’est une dame avec laquelle j’ai un souvenir partagé. Pour les besoins de l’histoire, son ancien époux (Que la terre lui soit légère), le professeur d’Histoire Mbaye Guèye, me dispensait des cours d’Histoire du programme de la Terminale quand je préparais mon Bac. Quand je venais chez eux, Aminata Tall, très gentille, me préparait du café. Ça fait maintenant bientôt 40 ans. Donc, j’ai avec elle des relations particulières qui n’ont jamais été démenties jusqu’à présent. Elle est ma petite sœur et nous sommes des compagnons dans le Pds, où je l’ai trouvée et où nous avons poursuivi ces relations fraternelles. Et pour toutes ces raisons-là, je suis tout à fait disposé à la rencontrer pour discuter avec elle. Cela est aussi valable pour Idrissa Seck. Qui a été le principal négociateur de ma venue au Pds. C’est lui que Abdoulaye Wade avait chargé de négocier avec moi, pour que je rallie sa cause. Cela n’a pas été facile, mais on s’est accordés après.

Le cas d’Idrissa Seck paraît plus sérieux parce qu’il a décidé de mener une rébellion au sein du Pds ?

Idrissa Seck est quelqu’un de valable. Il a compris qu’en 2000, le Pds seul ne pouvait pas gagner les élections. Moi-même, quand j’ai démissionné du Ps pour rejoindre le Front pour l’alternance, ce fut un événement national. Pape Diop, actuel président du Sénat, me dit que lorsqu’il a appris que j’avais quitté le Ps, il a aussitôt compris que c’en était fini pour le Ps. Aujourd’hui, on oublie ça. Idrissa Seck a été un des rares à comprendre l’insuffisance de la surface électorale du Pds. Il a tout fait pour accueillir de nouveaux responsables. Raison pour laquelle, le Pds a largement gagné les élections législatives de 2001 grâce à sa stratégie. Il faut lui rendre hommage pour ça. Je souhaite que lui, qui m’a forcé à venir au Pds, reste avec moi. Nous avons tous intérêt à ce qu’il reste dans le parti. Vous parlez de rébellion, mais je trouve que le mot est assez fort. Idrissa Seck n’a pas encore quitté le Pds. Pour moi, l’objectif demeure la victoire de Wade en 2012. Et je crois que c’est le cas des alliés réunis autour de l’Alliance sopi pour toujours (Ast).

En parlant ainsi d’Idrissa Seck, est-ce que les libéraux ne croiront pas que vous lui êtes favorable ?

Non, non. Moi, je ne suis pas un pion d’Idrissa Seck. Seulement, j’ai dit tantôt, par expérience, qu’en politique, je préfère l’addition à la soustraction. Entre lui et moi, nous n’avons pas d’atomes crochus. Mais j’estime qu’il a beaucoup apporté au Pds. Et qu’il peut faire gagner s’il reste avec nous dans le parti. Vous savez qu’être maire d’une ville et être reconduit ce n’est pas facile. Idrissa Seck a été maire de Thiès et il a été reconduit de fort belle manière. Moi, j ai connu quatre mandats successifs, c’est pour cela que je suis collé à ma base. Aujourd’hui, nous avons perdu beaucoup de Collectivités locales, c’est un signe alarmant pour un parti au pouvoir.

Pensez-vous que Idrissa Seck et Macky Sall peuvent faire mal ?

C’est certain. Si jamais nous allons à l’élection de 2012 en ayant dehors ces deux-là, cela nous fera mal.

Qu’est-ce que vous conseillez à Wade de faire dans ce cas ?

Je n’ai pas de conseil à lui donner. Parce que nous sommes de la même génération. Mais quand j’étais au Ps, j’avais dit et écrit qu’il fallait changer de directeur de campagne, on ne m’a pas écouté. On a perdu les élections en 2000. Là aussi, nous sommes à 10 mois de la Présidentielle, les tournées de Macky Sall à l’intérieur et à l’extérieur du pays et l’accueil qui a été réservé à Idrissa Seck à Diourbel, ce n’est pas rien. Je ne suis ni pour l’un ni pour l’autre, je suis avec moi-même, parce que je soutiens Wade. Mais aussi, je peux me prévaloir d’une certaine légitimité dans ce pays, au regard de mon parcours politique. Tout ceci pour dire qu’il faut rassembler.

Quid de Benno Siggil Seneegal ?

Je connais bien les gens de l’opposition. J’ai eu pour eux beaucoup d’admiration et de considération. Moustapha Niasse m’a trouvé dans l’Ups dans les années 1960, c’est un bon camarade, un jeune frère. Tanor aussi m’a trouvé au Ps dans les années 1980. Chacun dans son domaine est quelqu’un de bien. Mais politiquement aujourd’hui, il sera difficile, dans la configuration actuelle, que ces gens gagnent. Je ne leur jette pas des pierres, bien au contraire. Mais le monde a changé et le fonctionnement de l’esprit des Sénégalais aussi. Aujourd’hui, il est vrai que la situation sociale est difficile, que les gens ont des difficultés pour vivre décemment, et il faut le dire. Il faut ouvrir les yeux à notre majorité présidentielle pour attirer son attention. Néanmoins, la majorité des Sénégalais est du côté du Président Wade.

Nous avons un problème, c’est la jeunesse. Et ça, j’en suis conscient. Les personnes âgées sont certes de notre côté, mais elles vivent également des difficultés. En 2012, nous ne ferons pas une campagne de bilan, mais de proximité. Car, si je prends l’exemple de Rufisque, je suis persuadé que les gens voteront plus pour moi que pour Wade. Et le langage que je leur tiendrai c’est : voter Wade pour moi. Malheureusement, cela ne va pas être valable pour tous les responsables du Pds dans leur localité. Il faut des responsables proches de leurs bases et qui ont avec elles des relations de confiance.

Le pouvoir refuse de délivrer aux jeunes la carte nationale d’identité. Est-ce le signe d’une peur bleue qui vous habite ?

La rétention, je n’y crois pas. Aujourd’hui, il n’y a pas encore 20.000 nouvelles inscriptions sur le fichier. Cela veut qu’il n’y a pas un engouement auprès des bureaux d’inscription. C’est de la propagande exagérée, c’est de l’intoxication exagérée.

Qu’est-ce qui empêche donc le pouvoir de donner les cartes d’identité ?

Est-ce que vous avez vu des gens qui disent qu’ils n’ont pas de cartes d’identité ? Il y a tellement de contradictions qu’on ne sait plus où se trouve la vérité. On peut faire un tour au Commissariat de Rufisque, il y a plus 1000 cartes d’identité qui sont en souffrance et dont on ne voit pas les propriétaires. Donc, ça c’est un mauvais procès.

Cette période préélectorale, c’est aussi les coupures d’électricité, la flambée des produits pétroliers, la cherté de la vie. N’est-ce pas un cocktail explosif pour vous en 2012 ?

Moi, je ne suis pas ces hommes politiques qui se bouchent les oreilles ou qui ferment les yeux. Moi, je vois bien les situations sociales difficiles. Je les vis personnellement parce que je suis entouré de gens de condition de vie modeste. Quand je sors de chez moi, des gens m’interpellent pour me demander de quoi s’acheter à manger. C’est pathétique ça. Il ne faut pas se leurrer, il faut prendre la situation avec beaucoup de lucidité.

Pourtant l’impression qu’on a, c’est que Wade a fermé les yeux sur la misère des Sénégalais…

Non, non. Il n’a pas fermé les yeux. Il sait mieux que quiconque ce qui se passe. La situation sociale est certes difficile, mais j’espère qu’on trouvera les hommes et les femmes dans chaque circonscription électorale pour faire réélire le Président Wade. Encore une fois, le Sénégalais vote par sentiment, pas simplement sur la base d’un bilan. Le Sénégalais ne lit pas le programme des Partis politiques ni les professions de foi des candidats. Ils votent par affection, par affinité et par sentiment.

L’entourage de Wade est aussi décrié. On lui reproche de ne pas lui dire la vérité…

Vraiment je ne peux pas me prononcer sur cette question. Mais je sais que le Président Wade a une forte personnalité. Ce qui fait qu’il est difficilement malléable. Il peut recevoir des conseils par ci et par là, mais en dernier ressort c’est lui qui prend la décision finale. Moi, je m’incrimine personne autour de lui. Il a suffisamment de personnalité pour prendre les bonnes décisions.

Si vous étiez à la place de Wade est-ce que vous propulserez votre fils comme avec Karim Wade ?

Dans les pays occidentaux les plus respectés, les chefs d’Etat font appel à leurs progénitures. Mitterrand, homme de gauche, a fait appel à son neveu pour lui confier des responsabilités. Tout dépend de la conception qu’on se fait du pouvoir. Mon fils dont vous parlez, Madické Diop, diplômé de l’Asec équivalent de HEC, a toujours refusé de goûter à la sauce politique. Je suis dans la politique depuis 1960, mais lui il n’a jamais voulu en faire.

Êtes-vous de l’avis de ceux qui disent que c’est à cause de son fils Karim que Wade s’est séparé de ses ex-numéros au Pds ?

Est-ce que c’est seulement à cause de Karim Wade ?

Pour certains, Macky Sall et Idrissa Seck faisaient ombrage à Karim…

Moi, je suis connu pour mon franc-parler évident. Mais là, je vous assure que sans chercher à fuir la question, j’ai trouvé ces gens ensemble. Je ne peux pas me prononcer sur ça.

Benno est en train d’affûter ses armes, le Mouvement « Y en a marre » est…

C’est de bonne guerre. L’opposition fait son travail. C’est tout à fait normal. Chacun a son rôle, ce qui fait qu’on ne peut pas être tout le temps ensemble. Il y a des questions sur lesquelles, on doit tous s’accorder. Je considère que quand une personne souhaite avoir sa carte d’électeur, il doit l’avoir. C’est le minimum. Il est du devoir de l’Etat de matérialiser la citoyenneté des individus en leur donnant leurs pièces d’identité.

On parle de remaniement si vous étiez à la place de Wade réduiriez-vous le nombre de ministres ?

C’est difficile d’être à sa place. Par contre, si j’étais à sa place j’allais en place une équipe de campagne. A 300 jours de la présidentielle, le moment est venu de créer l’électrochoc auprès de l’opinion. Avec une équipe resserrée mais dynamique. Politiquement bien formée et techniquement aussi pour préparer l’élection de 2012 qui ne sera pas simple. Il faudra beaucoup d’ardeur de proximité pour gagner. Il ne faut pas sous-estimer l’élection de 2012. Elle sera difficile. Il faut la prendre avec beaucoup de sérieux.

Souleymane Ndéné Ndiaye peut-il allier ses fonctions à la Primature et celles de directeur de campagne ?

a jeunesse le lui permet. Moi, je suis de ceux qui pensent qu’il est un bon directeur de campagne. Il a la volonté et la formation. Il a aussi le courage physique et intellectuel.

Son tempérament ne lui fera-t-il pas défaut ?

Quel tempérament ?

Son tempérament de feu…

C’est ce qu’il faut pour cette campagne-là.

Qu’est-ce que le mouvement « Y en a marre » vous inspire ?

C’est un mouvement dangereux. Il est dangereux parce qu’il reflète le sentiment de mécontentement des gens qui ont des soucis, des problèmes. Il faut travailler à ce que « Y en marre » devienne « il n’y en a plus marre ».

Entretien réalisé par Daouda THIAM et Cheikh Oumar NDAW

Lasquotidien.info

 

1 COMMENTAIRE

  1. PAROLES D UN HOMME D EXPÉRIENCE, MÉMÉ SI POUR CERTAINES QUESTIONS , COMME CELLES CONCERNANT KARIM WADE, IL FAIT DANS LA LANGUE DE BOIS; LA IL EST COMME TOUS LES PDS, LA PEUR DE PARLER DU FILS WADE POUR NE PAS ÊTRE DÉFENESTRE.

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