Montréal, le 22 février 2022 – Dans une ville, aucun nom de rue n’est éternel ou sacré. C’est ce qu’a compris le tout nouveau conseil municipal de la ville de Ziguinchor, sous la houlette du maire Ousmane Sonko, qui vient d’annoncer un changement de toponymes impliquant cinq rues au passé colonial douteux. Au Sénégal, plusieurs noms de rue nous ont été légués ou imposés par les décideurs d’une autre époque assez sombre de notre histoire. Force est de reconnaître que certains noms de rue n’auraient pas été choisis par les générations actuelles puisque ces toponymes renvoient à des personnages coloniaux peu savoureux.
Pourquoi ce changement de toponymes est pertinent ?
Dans le domaine de la toponymie, il est essentiel d’observer plusieurs règles de dénomination des rues. Par exemple, il est suggéré d’éviter de porter des choix sur des noms dont les personnages pourraient être susceptibles de provoquer ou d’alimenter des dissensions au sein de la population. Malheureusement, cette règle ne semble pas avoir été respectée dans plusieurs villes au Sénégal comme Ziguinchor. Ce stratagème orchestré par les colons Français était motivé par la volonté d’effacer toute trace de faits glorieux de la résistance des peuples autochtones, mais également de laisser une empreinte indélébile de leur sombre passage en Afrique.
Ce qu’il faut savoir de quelques personnages coloniaux de Ziguinchor qui sont loin d’être des héros pour la jeunesse Sénégalaise. Le Capitaine Javelier et le Lieutenant Lemoine ont trouvé la mort dans la ville d’Arras, France, alors qu’ils conduisaient depuis Bignona, Casamance, 112 tirailleurs devant participer à la première guerre mondiale. Sans préparation, ces valeureux fils du Sénégal ont trouvé la mort sous les balles de l’ennemie Allemand, loin de leur terre natale. Quant au Lieutenant Truch, il est décrit en Casamance comme un véritable exécuteur des hautes œuvres, un bourreau impitoyable. Il a été vaincu dans le village de Séléky en 1886 par un peuple héroïque du royaume Mof-Àvvi alors qu’il venait, comme de coutume, tabasser la population qui refusait de payer l’impôt.
Puisque la connaissance de notre histoire permet de bâtir notre avenir, alors voyons dans ce changement de toponymes un premier pas vers un rétablissement de la vérité sur nos valeureux ancêtres qui ont refusé l’oppression du blanc au péril de leur vie.
La bataille de Seleky de 1886 : quand des flèches dominent des fusils
Le 1er décembre 1886 le Lieutenant Truch, qui venait de prendre le commandement du Cercle de la Casamance basé à Sédhiou au mois de mai de la même année, se rendit à Seleky pour réprimander la population de Mof- Avvi qui refusait de payer l’impôt. Rappelons que le colon avait exigé à chaque chef de famille de payer une modique somme d’un (1) franc ou trois bœufs comme acte de soumission et de contribution aux recettes de la France.
Lors de ce voyage en bateau via le fleuve Kamobeul, le lieutenant Truch avait une escorte composée d’un caporal, d’un artilleur, de deux disciplinaires, d’un interprète, de trois collecteurs et de cinquante accompagnateurs réquisitionnés à Karabane et à Pointe-Sainte-Georges. La troupe qui débarqua avec un canon, quelques obus et des fusils pour intimider la population, était attendue à Seleky par les guerriers de Mof-Àvvi sous le commandement de Djignabo BASSÈNE, un chef coutumier et gardien des fétiches. Une précision de taille est de mise puisque le nom de famille de Djignabo est bien BASSÈNE et non BADJI comme semblent le souligner certains écrits. J’assume que cette erreur vient du cousinage à plaisanterie (ex., Badji-Bassène; Diatta-Ndiaye; Tendeng-Diémé; Manga-Badiane, etc.). Aux côtés de Djignabo, on peut remarquer d’autres guerriers comme Adialoubay, Bindja (notre arrière-grand-père), Abessor, pour ne citer que ceux-là. La bande à Djignabo a fini par encercler le lieutenant Truch et sa troupe. Ce dernier trouva la mort au champ de bataille avec le caporal Seguin, l’artilleur Renaudin et d’autres compagnons du bourreau, tous touchés par des flèches. En guise de représailles, Seleky a connu 27 bombardements du colon. Il a fallu attendre mars 1888 pour obtenir une première soumission variable après que les bombardements commencèrent à créer des conséquences alimentaires sérieuses puisqu’ils détruisaient les rizières et les greniers de riz.
Dès lors, voyons dans la décision du conseil municipal de Ziguinchor une prise de conscience, une façon de permettre fils et aux filles du Sénégal de s’identifier à des héros bien de chez nous. Nous espérons que d’autres villes comme Dakar, Saint-Louis, Thiès…, vont suivre l’exemple de Ziguinchor pour reconnaître des références comme Aline Sitoé Diatta, Alandisso Bassène, Lat Dior Ngoné Latyr Diop, Cheikh Ahmadou Bamba Mbacké, Cheikh Omar Tall, El hadji Malick Sy, Cheikh Ibrahim Niasse, Seydina Lilmamou Lahi, pour ne citer que ces illustres noms.
Bill Benoit Tendeng, ressortissant de Seleky-Mof-Àvv
Québec/Canada
Vous et votre Yolom Guénio sodomiseur national vous n’êtes pas élu pour changer des noms de rue ! C’est un non-événement ! On connait tous les problèmes de Ziguinchor : électrification municipale des quartiers environnants, réorganisation et sécurité des gares routières, grave insalubrité des marchés publics, équipement des écoles, emploi municipal des jeunes (votre Yolom Guénio a même dit que « jakarta rek n’est pas un métier »), curage et création de nouvelles canalisations, etc etc etc. Avec tout ça vous nous parlez de changer des noms de rue… tchipiri…