Le mouvement d’humeur des syndicats d’enseignants contre la mise en application des accords par le gouvernement est en passe d’être écourté par l’Etat. Cela s’est traduit hier par l’annonce par le ministre des Finances et du budget soutenant que «ses services procéderont à la correction des montants virés au cas par cas entre le lundi et le jeudi pour se conformer au tableau qui sera effectivement annexé au protocole du 26 février 2022».
La crise scolaire qui commençait à prendre forme pourrait s’estomper. Du moins si l’on s’en tient à la nouvelle situation née de la décision du ministre des Finances et du budget d’accéder aux «exigences» des syndicats d’enseignants, à la suite de la rencontre du comité de suivi des accords gouvernement-syndicats d’enseignants «pour examiner la mise en œuvre des accords et apporter des correctifs aux manquements qui seraient notés». Il ressort d’un document estampillé des logos des syndicats Saemss et Cusems que «le ministre des Finances et du budget, au nom de la partie gouvernementale, a accédé à toutes les exigences soulevées par les syndicats». «Il a ainsi annoncé que ses services procéderont à la correction des montants virés au cas par cas entre le lundi et le jeudi pour se conformer au tableau qui sera effectivement annexé au protocole du 26 février 2022», poursuit le document des 2 syndicats d’enseignants les plus représentatifs au sein du G7.
«Suite au rejet de la création d’une indemnité différentielle par la partie syndicale, il a proposé l’inscription sur le bulletin de salaire des enseignants, d’une nouvelle ligne intitulée indemnité spéciale complémentaire mai 2022 nette d’impôt, représentant le différentiel entre ce que l’enseignant devait recevoir et ce qui lui a été viré en fin mai 2022», ajoute le document. Qui poursuit pour annoncer : «A cet effet, une rencontre de validation des simulations effectuées par ses services aura lieu le mardi 31 mai 2022 avant le paiement effectif prévu le vendredi 3 juin 2022 au plus tard.»
Au début de la rencontre d’hier, «le ministre des Finances et du budget a annoncé que le comité de suivi des accords est convoqué dans le cadre de la mise en œuvre de l’accord signé entre le gouvernement du Sénégal et les syndicats d’enseignants le 26 février 2022. Tous les sept points d’accords ont été listés et appliqués, a-t-il déclaré. Il a ensuite rappelé les sept points d’accords mentionnés dans le protocole du 26 février 2022. Ainsi, il a annoncé qu’à l’exception de l’indemnité de logement, tous les autres points ont fait l’objet de fiscalisation, conformément aux dispositions légales. Ainsi, le comité est convoqué pour examiner la mise en œuvre des accords et apporter des correctifs aux manquements qui seraient notés».
«Le ministre a enfin rappelé que le tableau qui a été envoyé à la partie syndicale par ses services et qui a servi de base de négociation entre le gouvernement et les syndicats comporte des erreurs et c’est cela qui justifie d’ailleurs les écarts notés entre les salaires virés aux enseignants à la fin du mois de mai et les montants inscrits sur ledit tableau», souligne encore le document.
Mais ces «propos liminaires» ont été rejetés par les syndicalistes enseignants. Ainsi, les syndicalistes ont «balayé d’un revers de la main l’argumentaire consistant à dire que les services techniques du ministère des Finances ont commis des erreurs sur le tableau. Ils ont ainsi demandé au ministre et à ses collaborateurs d’en assumer l’entière responsabilité et de corriger immédiatement les augmentations conformément aux sommes arrêtées d’accord partie. Tous les secrétaires généraux ont exigé du ministre des Finances qu’il retire ses propos et que toute la délégation gouvernementale reconnaisse qu’ils ont volontairement violé l’accord du 26 février et qu’ils procéderont dans les meilleurs délais au virement des sommes dues. Ils ont ainsi annoncé que le virement par émission spéciale du complément des augmentations est la condition sine qua non pour la reprise des enseignements et apprentissages», parcourt-on à travers le document parvenu hier au journal Le Quotidien.
Le ministre des Finances et du budget rappellera que «le protocole a une valeur juridique que tous les points ont été respectés. Il a également reconnu que le tableau envoyé par ses services a été calculé sur la base des revenus nets d’impôts, c’est-à-dire que la fiscalité n’a pas été prise en compte». «Par conséquent, le gouvernement, dit-il, s’engage à assumer toutes ses responsabilités car tout le monde sait que l’enseignant mérite toujours un salaire supérieur à ce qu’il perçoit. Ainsi, il a proposé à la partie syndicale la création d’une indemnité différentielle représentant l’écart entre les prévisions marquées sur le tableau et les augmentations appliquées en fin mai. Le montant sera payé par émission spéciale au plus tard le vendredi 3 juin 2022 et la ligne figurera sur le bulletin de salaire de façon pérenne», indique-t-on.
Les syndicalistes, après s’être concertés, reviendront avec leurs exigences. Il s’agit du «strict respect du tableau qui a servi de base travail lors des négociations entre l’Etat et les syndicats et le paiement effectif des montants prévus par corps et par grade ; – l’adoption du tableau comme élément annexe au protocole du 26 février 2022 sous forme de d’avenant, comme c’est déjà le cas avec le tableau portant sur la revalorisation des indemnités liées aux fonctions dirigeantes ; (de) l’adoption du tableau comme élément annexe au protocole du 26 février 2022 sous forme de d’avenant, comme c’est déjà le cas avec le tableau portant sur la revalorisation des indemnités liées aux fonctions dirigeantes». Mais aussi du «paiement par émission spéciale d’ici le vendredi 3 juin 2022 du différentiel représentant les montants initialement prévus dans le tableau et ceux qui ont été payés par la Direction de la Solde» ainsi que le «paiement immédiat de l’indemnité de recherche documentaire aux chargés de cours qui en ont été privés depuis de la fin du mois de mai» et du «strict respect des augmentations allouées aux Pc et conformément aux termes du protocole du 26 février 2022».
Après avoir constaté qu’à l’exception de l’indemnité de logement, toutes les autres indemnités sont fiscalisées, les syndicalistes enseignants ont rué dans les brancards. Ils ont commencé à observer des mouvements d’humeur allant de débrayages à des grèves générales. Ces dernières ayant même commencé hier lundi et devaient être poursuivies durant toute cette semaine.
le Quotidien