21 Etats africains de l’Atlantique, réunis à Rabat hier, veulent donner une nouvelle impulsion au cadre qui les regroupe. Aussi travaillent-ils, à travers leurs ministres et experts respectifs, à concevoir une vision africaine commune sur cet espace maritime fondamental, assurer la promotion d’une identité africaine atlantique et la défense, d’une seule voix, des intérêts stratégiques du continent.
Il faudra désormais compter sur les 21 Etats africains de l’Atlantique pour donner une nouvelle impulsion à ce processus lancé à Rabat, en 2009, par les pays du continent qui ont en partage la façade maritime qu’est l’Atlantique Sud. Cela transparaît dans la déclaration publiée hier, à l’issue de la première réunion ministérielle des Etats africains de l’Atlantique présidée par Nasser Bourita, ministre des Affaires étrangères, de la coopération africaine et des marocains résidant à l’étranger. Celle-ci s’est tenue dans la capitale marocaine, Rabat. Dans ce document dont Le Quotidien a eu copie, on note que les ministres desdits Etats réaffirment «leur ferme volonté de poursuivre le dialogue autour de principes communs, d’enjeux partagés et d’intérêts convergents en vue de faire de l’espace africain atlantique une zone de paix, de stabilité et de prospérité partagée».
Les ministres des Etats africains atlantiques soulignent aussi «l’importance d’optimiser l’espace africain atlantique pour une gestion davantage concertée et coordonnée de la gouvernance migratoire».
Le potentiel politique, économique et sécuritaire que recèle l’espace atlantique africain, pris en compte, ces ministres expriment «leur profonde préoccupation quant aux menaces de plus en plus complexes posées par le terrorisme, le crime transnational organisé et la piraterie maritime». De même que «l’acuité des défis environnementaux et leurs conséquences sur la sécurité nationale et les flux humains, ainsi que les enjeux de développement économique et humain, de compétitivité et d’attractivité».
Conscients qu’il y a «nécessité d’agir collectivement», les ministres soulignent qu’il faut «une coordination des actions sur un ensemble de thématiques stratégiques et de secteurs structurants, en vue de répondre aux impératifs de sécurité, de de développement durable et de prospérité de cette zone commune». Pour cela, trois groupes thématiques ont été mis en place, qui vont travailler autour du dialogue, de l’économie bleue, de la connectivité maritime et de l’énergie et enfin du développement durable et de l’environnement. Le Nigeria, le Gabon et le Cap-Vert ont été désignés comme chefs de file devant diriger ces trois groupes pré-cités.
Malick Sall livre les propositions du Sénégal
Le ministre de la Justice, Malick Sall, a pris la parole pour décliner les propositions de son pays concernant la redynamisation de ce cadre de coopération regroupant des Etats africains. Il dira : «Le Maroc nous offre l’occasion, ici, de relancer le dialogue entre nos Etats membres, afin d’actualiser et de consolider nos mécanismes de coopération et de donner au secrétariat de la Comhafat les moyens d’exercer, au mieux, son mandat.»
Le garde des Sceaux invitera aussi les pays membres à «veiller à poursuivre le renforcement du mandat du secrétariat afin de doter la conférence d’un organe dédié exclusivement au suivi permanent des actions engagées dans le cadre de son mandat. Une telle option offrirait également à la conférence une vue panoramique sur les processus à l’œuvre dans les trois thématiques, qui sont, du reste, transversales». Aussi estime-t-il «qu’il conviendrait de mettre en place des cadres sectoriels de coopération pour chaque thématique identifiée. Le succès de la Comhafat et les remarquables avancées notées dans le domaine de la coopération halieutique sont suffisamment illustratifs de la pertinence d’une telle option».
Une autre invite de Malick Sall concerne «les processus initiés dans le cadre de l’Atlantique africain». Ceux-ci, à ses yeux, «gagneraient à capitaliser sur les expériences réussies dans les pays de la zone». «Sous ce rapport», fait savoir le ministre sénégalais de la Justice, «l’expérience de la Commission sous-régionale des pêches, qui regroupe 7 des 22 Etats membres, pourrait constituer un laboratoire pertinent dans le domaine de la gestion des pêcheries». D’où son souhait de voir une «attention particulière» accordée «à la coordination des initiatives mises en œuvre à l’échelle régionale et continentale». «A cet égard, le Sénégal, en sa qualité de président en exercice de l’Union africaine, demeure disposé à accompagner, durant son mandat, les initiatives qui seraient convenues ici, ensemble, dans le sens de fédérer nos efforts», a souligné Me Malick Sall.
Le Quotidien