C’est une première à l’Assemblée nationale sénégalaise, le pouvoir n’a pas la majorité absolue. Désormais il faudra accepter juste que c’est une nouvelle page qui s’ouvre. L’ére des décisions de la majorité écrasante et sans appel pour faire passer ses lois à l’hémicycle est derrière nous. La page est tournée.
Les « petits candidats » avec 3 siéges, Pape Djibril Fall, Thierno Alassane Sall et Pape Diop sont les nouveaux faiseurs de roi et que des individualités peuvent faire pencher la balance.
Une percée historique de l’opposition et une défaite pour le pouvoir qui perd du terrain.
Un scrutin test qui fait tirer des leçons du côté de Macky Sall qui doit nommé un Premier ministre avec un nouveau gouvernement à 19 mois de la présidentielle. La coalition Benno qui perd 43 députés sera obligée de conjuger avec l’opposition.
La composition de la 14 ème législature laisse présager des débats à disputer voire des compromis pour voter des lois.
Et pourtant l’on sentait cela venir puis que la couleur avait été annoncée lors des locales de janvier où le camp présidentiel s’est vu largement dominé par la gauche.
Mais tout ce que la majorité a pu faire c’est pêcher dans les eaux troubles de l’opposition croyant que les transhumants allaient peser sur sa balance électorale mais il n’en est rien puis que le pari était perdu d’avance.
Le Président Macky Sall est rouge de colère avec les résultats provisoires publiés ce jeudi qui d’ailleurs n’augurent rien de bon pour son camp. D’ailleurs un remaniement est imminent.
La quasi-totalité des ministres, directeurs généraux et autres conseillers n’ont pas été à la hauteur pour affronter l’opposition réunie autour de Yewwi Askan Wi lors de ces joutes.
Déjà la bataille des chiffres a fait rage entre opposition et pouvoir. Dés le lendemain des joutes, des résultats sont publiés par-ci et par là, mais à la lumière des 1ères tendances la coalition Yewwi/Wallu parlait même de cohabitation. Cette « débâcle » de la coalition au pouvoir est vue comme une sanction contre le peut-être troisième mandat du président Sall et la question de l’homosexualité. Et plusieurs autres facteurs, dont le chef de l’État lui même est le principal artisan, déterminent ce choix des sénégalais de vouloir en finir avec son régime.
Déjà, les transhumants qui, au lieu de peser sur la balance électorale du camp présidentiel ont précipité sa défaite. Et c’est maintenant que Macky Sall se rend compte que, malgré leur nombre important, ils ne pouvaient en aucun cas inverser la tendance qui s’était déjà dessinée avec les locales où l’opposition avait remporté plusieurs localités. Après ces joutes de janvier dernier, plusieurs maires de l’opposition qui, pourtant avaient gagné au niveau de leurs localités, avaient rejoint le camp présidentiel et la plupart d’entre eux ont peiné à gagner dans leur propre bureau de vote.
Aussi, l’impossible unité des leaders de Benno dans bien des localités a fait que le combat était déjà perdu d’avance.
C’est très peu de dire que ces derniers sont dans le collimateur du patron de Benno qui risque de tous les limoger.
La guerre des chiffres a fait rage. La coalition Yewwi Askan Wi et Benno Bokk Yakaar se renvoient la balle. Chaque partie accuse l’autre de vouloir manipuler l’opinion en s’autoproclamant vainqueur de ces échéances du 31 juillet.
Chacun des deux côtés crie victoire foulant au pied toute la bienveillance institutionnelles et républicaines. Mais il faut que l’on arrête. Nous vivons une bataille de la communication au prix de saper les règles démocratiques et administratives. Il est grand temps qu’on en finisse avec les discours de haine et d’en appeler à une conscience patriotique pour éviter les blocages.
Une 14ème législature saine et apaisée, c’est de cela dont le Sénégal et les sénégalais ont besoin. Il faut que l’on accepte désormais de vivre ensemble, de se parler et d’arrêter de s’invinctiver comme dans des querelles de borne fontaine.
La priorité est ailleurs, le peuple a basoin de solutions concrètes et pérennes par rapport aux inondations qui ont causé d’inestimables dégâts dans la capitale sénégalaise et pas seulement. Et le manque d’eau et d’électricité dans plus de la moitié de Dakar pendant plus de 24 heures n’en parlons même pas.
Ce qui est clair, c’est que rien ne devra plus être comme avant. Car le peuple a fini de montrer aux gouvernants qu’ici, il est le seul maître à bord.
Aly Saleh Journaliste/Chroniqueur