Le 90ème anniversaire de M. Amadou Mahtar Mbow a permis à l’intellectuel Hervé Bouges de revenir sur les séquences historiques du combat mené à l’époque, par notre compatriote, alors directeur général de l’Unesco, pour l’instauration d’un nouvel ordre mondial de l’information et de la communication. Il a fallu beaucoup de courage et d’abnégation pour faire face aux détracteurs du projet dont certains hélas, étaient des africains. Mais contre vents et marrées, il l’a fait, parce qu’il y a cru. C’est à cet homme qu’Hervé Bourges rend hommage dans sa communication : « Le combat pour un nouvel ordre mondial de l’information et de la communication : actualité d’un combat majeur de Amadou Mahtar M’Bow ».
Le combat mené par Amadou-Mahtar M’Bow pour un nouvel équilibre mondial de l’information est en 1976 un projet politique nouveau mais inspiré d’une idée ancienne. C’est la position que Hervé Bourges défend, dans sa communication présentée à l’occasion du 90ème anniversaire du Pr Amadou Makhtar Mbow, ancien directeur de l’Unesco et intitulée : « Le combat pour un nouvel ordre mondial de l’information et de la communication : actualité d’un combat majeur de Amadou Mahtar M’Bow »
Pour le conférencier, la dénonciation de la domination des grands médias internationaux dans l’information mondiale, la revendication d’un nouvel équilibre de l’information entre le Nord et le Sud et la bataille pour une réelle liberté d’expression dans les pays neufs avaient été développées dès l’après-guerre, dans le contexte fécond de la construction d’une organisation internationale de paix fondée sur le principe des droits de l’homme. Et de rappeler qu’à l’époque, de « nombreux responsables politiques et experts internationaux avaient mis l’accent, à juste titre, sur la nécessité de développer les moyens d’information dans les pays neufs et d’essayer de rétablir un équilibre mondial dans la circulation de l’information ».
Mais il avait fallu, dit Hervé Bourges, « attendre 1973 et la IIe conférence des non-alignés pour voir s’élever des voix réclamant un rééquilibrage de l’information entre le Nord et le Sud, préconisant notamment la mise en place d’un « pool des agences de presse ». Plus de 20 ans plus tard, alors que la situation s’était aggravée dans le même temps, relève-t-il.
La vraie question selon l’auteur c’est : comment empêcher la mise en place d’un échange inégal sans toucher à l’indispensable liberté des courants d’information ?
En plus de la complexité méthodologique d’entreprendre un tel projet, fait remarquer Hervé Bourges, l’ordre politique et économique mondial donnait à ce projet l’aspect d’une véritable bataille. « N’oublions pas que le monde d’alors était partagé en deux blocs concurrents, deux modèles idéologiques englobant et universalistes qui avaient segmenté la surface de la terre. Il est logique que ni l’un ni l’autre ne soutint un projet qui se ne se voulait ni à l’Est, ni à l’Ouest et était par essence hors des contingences idéologiques des deux logiques d’influence », souligne-t-il avec force. Pour lui, les grandes puissances occidentales avaient pour elle l’avantage politique de la domination géopolitique mondiale. Mais « ce combat pour la démocratisation de la communication était rendu d’autant plus complexe que le monde développé avait acquis au fur et à mesure des années une incontestable supériorité technique qui garantissait un monopole de fait sur la production et la diffusion de l’information au niveau mondial », dit-il.
En outre, la constitution dans les pays industrialisés d’agences internationales assurant la grande majorité de l’information mondiale renforçait la supériorité technique déjà existante. Et c’est dans ce cadre, dira le conférencier, que l’Unesco semblait être une plateforme idéale pour relever les défis d’un nouvel ordre mondial de l’information. « Véritable paquebot diplomatique armé pour la haute mer, cette grande machine administrative était aussi un forum unique pour toutes les nations du monde, à commencer par les plus pauvres, les moins écoutées, qui pouvaient s’y exprimer à égalité avec les pays puissants, et y faire valoir leurs arguments », soutient Hervé Bourges qui renchérit : « Ce combat, Amadou Mahtar M’Bow le vivait pleinement, sincèrement, avec force et conviction. M’Bow avait pris très jeune l’habitude de vivre au carrefour des cultures, aux confins de conceptions du monde presque antagonistes entre sa famille de tradition sénégalaise et son éducation à l’école française ».
Et de témoigner : « J’ai retrouvé dans le directeur général de l’UNESCO un homme respectueux des différences, frère de tout être humain quel que soit sa race, sa religion, ses croyances. Sa conception de l’humanité était celle d’une authentique communauté universelle : sa culture était sans frontières, il n’en reniait rien. Son horizon n’était pas limité par les préjugés habituels qu’avaient dans les années 70 la plupart des représentants des pays du tiers monde, mais aussi de l’occident »
Cette profonde humanité du directeur de l’Unesco, le conférencier dit l’avoir retrouvée au cœur du projet d’un nouvel ordre mondial de la communication et de l’information. « Dans la réalisation de ce projet, Amadou Mahtar M’Bow avait délibérément choisi la voie de la concertation. Sur un sujet aussi sensible, il fallait avant tout donner la priorité à la réflexion, devant la complexité des enjeux. Une commission présidée par Sean Mc Bride, ancien ministre irlandais des Affaires étrangères, à la fois titulaire du Prix Nobel de la Paix et du Prix Lénine de la Paix, avait été chargée de préparer la réflexion de la Conférence générale en rendant un rapport qui devait éclaircir la question de la provenance, de la production et de la diffusion de l’information mondiale », souligne Hervé Bourges.
En effet, la question d’un nouvel équilibre de l’information suscitait, dit-il, des oppositions de principe des médias occidentaux, et même de certains pays du Tiers Monde, qui y voyaient une menace à leur liberté d’expression. « De sévères pamphlets jaillissaient à l’époque dans certains pays pour dénoncer une prétendue volonté de l’UNESCO de bâillonner les médias occidentaux et de s’en prendre à la liberté de la presse en lui imposant un contrôle bureaucratique international. Ils n’étaient que purs fantasmes mais ont nui à l’image d’un projet qui faisait pourtant consensus dans son principe. Ce flou médiatique faisait que l’UNESCO était décriée mais en même temps porteuse d’avenir, et pouvait orchestrer un tournant historique dans l’histoire de la communication mondiale. De nombreux délégués occidentaux furent explicites dans leur rejet », fait remarquer le conférencier.
Et de révéler qu’au -delà des oppositions prévisibles fondées sur les craintes de voir l’UNESCO s’en prendre à la liberté de la presse, « il est particulièrement révélateur que même un journal comme Jeune Afrique, dont le lectorat se recrute sur l’ensemble du continent africain, ait publié des prises de positions très hostiles au « Nouvel Ordre Mondial de l’Information et de la Communication » : le 24 septembre 1980, Raphael Mergui y signe une longue tribune intitulée « Pour un désordre mondial… » où il stigmatise dans le rapport McBride « un monument d’inculture théorique… », ses « centaines de pages de platitudes et d’incohérence… », où il voit avant tout « la meilleure justification de soumission de la presse au pouvoir », pour conclure brutalement : « comme elle serait insipide, la presse inspirée par l’UNESCO ! » Et d’ajouter : « Les dernières lignes de sa diatribe résument assez bien les positions des adversaires du Nouvel Ordre Mondial de l’Information : « Entre les deux maux d’une liberté sans retenue et du contrôle bureaucratique – national ou international – de la presse, le moindre est certainement le premier. Pour avoir donné dans la vision facile et vulgaire de la communication-instrument, les auteurs du rapport McBride se sont condamnés, probablement malgré eux, à légitimer la fusion de la presse et de l’Etat. Au lieu de proclamer très haut qu’on ne les séparera jamais suffisamment. L’UNESCO ne peut pas, par nature, comprendre ce genre de vérité. Elle aurait mieux fait de s’abstenir. »
Hervé Bourges reconnait que le débat s’était mal engagé et que des erreurs avaient indéniablement été commises dans la présentation même du projet : son nom, déjà, et plus particulièrement le mot « Ordre », associé à l’adjectif « Nouvel », semblait vouloir faire table rase de l’existant pour définir un cadre sans précédent, dans lequel l’information devrait se couler, dit-il.
Pour lui, la campagne menée contre l’UNESCO et son directeur général était particulièrement injuste pour qui connaissait personnellement Amadou Mahtar M’Bow.
« C’était d’abord un homme charmant, d’une extrême courtoisie, très attentif aux autres, et qui travaillait énormément. Il était également exigeant vis-à-vis de ceux qui travaillaient autour de lui et choisissaient pour les principaux postes exécutifs ceux qu’il estimait le mieux répondre aux besoins qu’il avait définis. Néanmoins, les décisions internes de M’Bow faisaient rarement l’objet de polémiques, sans doute parce que l’ensemble des fonctionnaires de l’UNESCO avaient pour lui une réelle estime, méritée par un parcours exemplaire », dit-il
Quelles furent les conséquences concrètes de cette grande querelle internationale ?, s’interroge Hervé Bourges. « La volonté d’instaurer un « nouvel ordre mondial de l’information et de la communication » fut entériné, et c’est déjà une victoire. Toutefois, compte tenu de l’imperfection des analyses et de la naturelle diversité des points de vue, cette idée donne plus la mesure d’une aspiration qu’elle ne prétend définir un système normatif. Néanmoins, la qualité avec laquelle elle s’épanouit traduit l’adhésion à quelques objectifs majeurs auxquels la communauté internationale a souscrit. », souligne le conférencier. Et de poursuivre : « Quels sont-ils ? Eliminations des déséquilibres et des inégalités par la promotion d’une circulation libre, d’une diffusion plus large et mieux équilibrée des informations. Meilleure répartition des capacités et des moyens de communication. Par son « Programme international pour le développement de la communication », l’UNESCO s’efforce d’obtenir un consensus qui favorise les capacités nationales de chaque pays pour développer une information et une formation professionnelle endogènes, et permet de réduire l’écart entre les divers pays ».
sudonline.sn
mdr, nouvel ordre mondial………………………. sachez une chose tous les gens qui defendent cette cause sont des franmaçons, et ils se permettent de critiquer wade pour avoir les gens à leurs cotés.
Sachez que la mojorité des politiens le sont en passant niasse, bathily, thiam, savané, gadio, sall, tall sall, mbeugue ect