Dans un entretien accordé à la RFI, Aminata Touré est revenue sur la possibilité d’une troisième candidature de Macky, et affirme qu’elle pense à déposer sa candidature pour 2024.
Pour la présidentielle de 2024, le président reste flou sur ses intentions. Vous pensez vraiment qu’il a l’intention de présenter une troisième candidature ?
Tout semble l’indiquer, parce que ce qui se joue en fait, ce sont les 500 000 voix qu’aurait le Parti Démocratique Sénégalais, incarné par M. Karim Wade. Alors que lui dit qu’il ne veut pas d’amnistie, il veut une révision du procès.
Pour revenir sur le débat sur le troisième mandat, certains vous reprochent de ne pas avoir relancé ce débat pendant toute la campagne pour les législatives, avant d’être écartée du poste de président de l’Assemblée, que répondez-vous ?
Alors, je peux vous demander de faire de la recherche documentaire, je n’ai pas cessé de dire que la question du troisième mandat était derrière moi. Et le président Macky Sall disait qu’il allait se prononcer juste après les élections d’ailleurs. Pour moi, c’était évident qu’il n’y ait aucune raison pour qu’il dise « je vais me présenter ». Aucune raison ! Il l’a dit sur toutes les télévisions, africaines, mondiales. Et puis ce n’est juste pas possible. Cela n’a pas été accepté il y a dix ans, lorsque le président Abdoulaye Wade a voulu faire un troisième mandat. Il est allé aux élections, il a eu 35% au premier tour, je crois que ce serait pire pour le président Macky Sall. Et puis, il y a des risques de stabilité sur le Sénégal. Il n’a pas le droit le président Macky Sall. Il a fait du très bon travail ceci dit en passant. Je ne me renierai jamais, par rapport à son bilan que j’ai défendu partout, mais bon, nul ne peut faire plus de deux mandats consécutifs.
Donc pour vous, il faut qu’il clarifie au plus vite sa position ?
Absolument. Et c’est ce qui va rassurer aussi non seulement les populations, mais également les investisseurs nationaux, comme internationaux.
Alors quant à vous Aminata Touré, est-ce que vous êtes déjà candidate pour cette présidentielle 2024 ?
En tout cas, j’y pense fortement, très sérieusement. Tous les matins en attachant mon foulard devant la glace, c’est un journaliste qui me le disait, eh bien, je peux lui confirmer, je vais aller à la rencontre des Sénégalais, je vais m’organiser, je vais collecter des parrainages…
Vous allez créer votre propre parti ?
Un parti… On en parlera plus tard.
Est-ce que le chef de l’État, quand il vous a écarté du perchoir, vous a proposé le poste de Premier ministre ?
Non, je ne lui ai pas parlé depuis lors. On se reparlera quand il ne sera plus président de la République.
Dans une lettre au chef de l’État datée du 15 septembre, vous aviez dénoncé des actions de neutralisation physique envisagées contre vous, « par des éléments proches de l’entourage du chef de l’État et de la Première dame », est-ce qu’il y a eu des suites ?
Je l’ai informé, en tout cas le comité d’invectives et d’insultes est très actif.
De l’APR (le parti présidentiel) ?
Bien sûr, et à tous les niveaux. Mais c’est peine perdue, ça n’aura aucun effet sur ma volonté d’aller de l’avant, et de travailler pour ce pour quoi j’avais quitté les Nations unies pour accompagner le candidat Macky Sall en 2012. Le débat central, c’est le débat autour du troisième mandat. Bien sûr, certains se disent, « si le président Macky Sall n’est plus là, je n’aurai plus mon poste », mais c’est ainsi la vie, on n’est pas dans une monarchie. Et le président de la République qui est le président de l’Union africaine, doit donner le bon exemple en disant « je respecte la constitution, donc moi mon parcours en tant que président de la République s’arrêtera en février 2024 ».