C’est dans la soirée de ce jeudi 6 au vendredi 7 octobre 2022 que se tient la dernière séance de «Burd», en prélude au Mawlid, durant les 10 nuits qui précédent le jour du 12 Rabi Al Awal, coïncidant avec la naissance du Prophète Muhammad (Psl), et qui constituent un moment fort devant permettre aux fidèles de la communauté tidiane d’exalter l’œuvre d’une dizaine de chapitres de l’Imam Abou Abdallah Mouhamadoul ibn Saïd al-Boussairi, un grand saint et poète égyptien (1211-1294). Une œuvre qui comprend plusieurs poèmes d’inspiration religieuse dont le plus célèbre est le «Qasidat Al Burda» (poème du manteau). Une pause d’une journée sera marquée avant le grand jour de la célébration du Gamou.
C’est l’apparition du croissant lunaire qui marque l’ouverture, pour 10 jours durant, du «Burd» organisé en prélude au Gamou. Ainsi, la capitale de la Tidiania, Tivaouane-la-Pieuse, a reçu, dans la ferveur religieuse, pendant plusieurs nuits, des milliers de fidèles venus des quatre coins du Sénégal. Partout, au niveau des différentes «Zawiya», ces temples d’Allah qui font la fierté de la Ville sainte, c’est l’effervescence des grands moments de recueillement, particulièrement dans les mosquées de Cheikh Al Seydi Khalifa Aboubacar Sy et de El Hadji Maodo Malick Sy. Un temps fort qui permet aux fidèles de la communauté tidiane d’exalter l’œuvre d’une dizaine de chapitres del’Imam Abou Abdallah Mouhamadoul ibn Saïd al-Boussairi. Un grand homme qui a vécu au 7ème siècle de l’Hégire (1211-1294), un poète égyptien qui écrivit sous le patronage du «Vizir Ibn Hinna». Avec des poèmes qui sont principalement d’inspiration religieuse dont le plus connu, le «Poème du manteau» (Qasidat al-Burda), est entièrement dédié à la louange du Messager lumineux (Psl). Ce poème, considéré du vivant même de son auteur comme «sacré», occupe, encore aujourd’hui, une place particulière au sein de l’islam.
Pour la petite histoire, le Cheikh Abou Abdallah Mouhamadoul ibn Saïd al-Boussairi, très jeune, fréquenta les cours de divers traditionnalistes et soufis. Hémiplégique, il formula des invocations pour sa guérison lors de la formulation du poème. Lorsqu’il l’eut achevé, il vit, une nuit, en rêve, le Prophète Seyyidinaa Mouhamad (Psl) passer sa main bénite sur le côté paralysé de son corps et jeter un manteau sur lui. A son réveil, il se retrouva complètement guéri de sa maladie. Le poème reçut alors le nom de Burda (Le Manteau). Et, c’est à travers ce livre, qui comprend 10 chapitres et totalise 160 vers, que l’œuvre exaltante de l’Imam Boussairi enrôle, dans le frisson spirituel,dès l’apparition du croissant lunaire, des milliers de fidèles de El Hadji Maodo Malick Sy pour une durée de 10 jours, à raison d’un chapitre à lire par jour, pendant la nuit, dans les mosquées. Le «Burd» est une invocation du Prophète Seyyidinaa Mouhamad (Psl), mais aussi des chants dédiés au Sceau des Prophètes (Psl), permettant aux fidèles tidianes de revisiter l’œuvre et la vie du Meilleur des êtres (Psl). Le Saint Homme de Tivaouane, Maodo Malick, ayant écrit un livre intitulé : «Khilassou Jahab», retraçant la vie du Prophète (Psl), depuis sa naissance jusqu’à son retour à Dieu, nombre de disciples de penser ainsi à un «compagnonnagespirituel avec le Meilleur (Psl) des êtres». Lequel lui transmettait les révélations surnaturelles, extraordinaires sur «Lui», portées à la connaissance de l’humanité, entre autres créatures. A en croire Abdoul Aziz Diop, petit-fils de Mame Maodo, «c’est la vénération de Mouhamadoul Boussairi qui constitue le socle de la détermination du Saint Homme de Tivaouane à se recueillir à travers le «Burd», dès l’apparition du croissant lunaire, les 10 premiers jours durant qui précédent le Mawlid, avec, chaque nuit, la lecture d’un chapitre du livre en question». Il informe que «l’innovation, depuis quelques années, à Tivaouane, autour du choix des érudits de la famille de MameMaodo Sy pour décrypter, à l’intention des fidèles, le message véhiculé dans ledit livre». Lequel message est arrimé au modèle prophétique, autour de la vie et de l’œuvre de l’Envoyé spécial de Dieu (Psl) sur terre. Une autre innovation de taille demeure les «Burd» décentralisés sur tout le territoire national.
LeQuotidien