Dimanche, les producteurs de coton de Vélingara ont reçu la visite du ministre de l’Agriculture et de l’équipement rural, Aly Ngouille Ndiaye, venu s’enquérir de la situation des parcelles, après avoir reçu une alerte informant de l’attaque des cotonniers par des insectes ravageurs. Il a rassuré de la solidarité de l’Etat, rapporte le quotidien .
Aly Ngouille Ndiaye, nouveau ministre de l’Agriculture, de l’équipement rural et de la souverainement alimentaire, a consacré sa première visite officielle, après sa prise de service, à la première région de production cotonnière du Sénégal, celle de Vélingara. C’était dimanche passé pour fouler les champs de coton attaqués par une mouche suceur-piqueur qui a fini d’anéantir les espoirs de milliers de paysans de toutes les zones de production de coton du Sénégal.
A Vélingara, Aly Ngouille Ndiaye et sa délégation se sont rendus dans le village de Wadiyatoulaye, commune de Linkéring, à une dizaine de kilomètres de la Guinée Conakry. Mamadou Saliou Baldé, propriétaire de la parcelle de 15 ha visitée, a étalé, au ministre et à la Direction générale de la Sodefitex, l’ampleur de toute l’inquiétude qui l’habite face aux questions de survie de sa famille et du casse-tête du paiement de sa dette. Il dit : «J’ai pris un prêt de plus 6 millions de francs Cfa pour faire 25 ha de coton. Aujourd’hui, je ne suis pas capable de payer la moitié de ce prêt à partir de la production attendue ici. Nous demandons à ce que l’Etat éponge notre dette, en plus de nous aider à survivre jusqu’aux prochaines récoltes.»
Et puis le Directeur général de la Société de développement des fibres textiles du Sénégal (Sodefitex), Pape Fata Ndiaye, d’expliquer techniquement ce qui s’est passé pour qu’on en arrive à cette situation. «Cette campagne est caractérisée par une infestation de jassides qui ont envahi les champs de coton. Le jasside est un ravageur suceur-piqueur, de la forme d’une petite sauterelle de couleur verte, vivant sur la face intérieure des feuilles du cotonnier. Les feuilles attaquées se déforment, s’enroulent vers le bas, se crispent et les organes reproducteurs tombent», explique-t-il.
Les conséquences sont ainsi énormes. «Les surfaces totalement ravagées du fait des fortes infestations sont évaluées actuellement à 3000 ha, soit 14% des emblavures de toute la zone cotonnière du pays. Les superficies susceptibles d’être récoltées connaîtront une baisse de leur potentiel évaluée à plus de 50%», indiquent les spécialistes. Une réalité qui, à coup sûr, va entraîner une baisse de la production nationale de l’or blanc, donc un manque à gagner significatif pour les producteurs dont les revenus tirés du coton financent tous les autres besoins de la famille : santé, éducation des enfants, achat de matériels agricoles, nourriture…
Aly Ngouille Ndiaye, qui a emprunté des routes sinueuses, boueuses, escarpées, s’est essuyé le visage à plusieurs reprises pour chasser les insectes ravageurs qui rôdaient autour. Sensible à la situation, il a rassuré les producteurs de la solidarité de l’Etat, sans toutefois donner l’assurance que leurs dettes de la campagne agricole seront épongées. Il dit : «Je pense que des solutions seront trouvées. Pour l’instant, je suis venu m’enquérir de la situation. Après, on verra, avec notamment la Sodefitex et les producteurs, comment soulager ces populations. Quand les gens ne peuvent pas payer les crédits de campagne, ça pose problème. On regardera le meilleur schéma pour soulager les producteurs.»
Un phénomène sous régional
Le Sénégal n’est pas le seul producteur de coton touché en Afrique de l’Ouest par ce parasitisme féroce. Selon le Dg de la Sodefitex, Pape Fata Ndiaye, «ce phénomène a été constaté dans tout le bassin cotonnier d’Afrique de l’Ouest. Les pays les plus impactés sont la Côte-d’Ivoire, le Burkina Faso, le Mali, le Togo, le Bénin et le Cameroun. Seul le Tchad est pour l’instant épargné. La production cotonnière va baisser drastiquement en Afrique.»
