Le capitaine Ibrahim Traoré devient officiellement président de la transition au Burkina Faso. L’auteur du deuxième putsch en moins d’un an a prêté serment, vendredi 21 octobre, au cours d’une cérémonie d’investiture placée sous le signe de la sobriété, avec des invités triés sur le volet.
En plus de la hiérarchie militaire, il y avait les forces paramilitaires, les autorités coutumières et religieuses, les présidents d’institution et les invités spéciaux du président de la transition. Face aux membres du Conseil constitutionnel, le capitaine Ibrahim Traoré a levé la main droite et a juré sur son honneur de préserver, de respecter et faire respecter et défendre la Constitution, la charte de la transition et les lois. De tout mettre en œuvre pour garantir la justice à tous les habitants du Burkina Faso.
Dégradation de la situation sécuritaire
Avant la prestation de serment, le capitaine Ibrahim Traoré a été élevé à la dignité de Grand-croix de l’Étalon, la plus grande distinction, par le grand chancelier des ordres burkinabè.
Après avoir prononcé la formule consacrée, le président par intérim du Conseil constitutionnel a rappelé les raisons avancées pour perpétrer le coup d’État, c’est-à-dire la dégradation continue de la situation sécuritaire et l’incapacité du pouvoir en place d’y remédier. « C’est à vous qu’il appartient à présent d’œuvrer à sortir le Burkina Faso des situations à la base de cette instabilité au sommet de l’État depuis une décennie », a déclaré le président par intérim du Conseil constitutionnel.
« Je me battrai jusqu’au dernier souffle »
Le président de la transition s’est adressé à ses compatriotes sans un discours écrit. Selon le capitaine Ibrahim Traoré, les forces armées burkinabè ne sont pas face à une guerre non conventionnelle, mais face à une armée bien organisée. « Nos objectifs, c’est la reconquête du territoire national occupé, donner un souffle de vie nouveau à tous ses compatriotes affligés et promouvoir un développement endogène », a rappelé le président par intérim.
Il rassure qu’il tiendra tous les engagements pris devant tous les amis et partenaires du Burkina Faso. « Aucun sacrifice en sera de trop pour sortir le Burkina Faso de cette situation. Notre boussole sera toujours le peuple. Pour ma nation, je me battrai jusqu’au dernier souffle », a-t-il soutenu.
Les défis auxquels est confronté le nouveau président de la transition
Il y a d’abord la question sécuritaire. Les attaques attaques terroristes sont quasi quotidiennes. L’opinion attend donc des résultats rapides du capitaine Traoré, réputé être un militaire de terrain. Une attention importante sera aussi portée à ses choix de coopération internationale, explique un politologue. Une pression de la rue se faisant de plus en plus pressante, pour un rapprochement avec la Russie.
De la crise sécuritaire découle une crise humanitaire. On dénombre toujours plus d’un million sept cent mille déplacés dans tout le pays. Djibo, chef-lieu de la province du Soum, est toujours sous blocus. En raison de l’insécurité, la saison agricole s’annonce médiocre. Et d’après l’ONU, un quart de la population du pays a besoin d’une aide d’urgence.
Et puis il y a la question politique en suspens. La capitaine Traoré reprochait à son prédécesseur de s’être laissé aller au jeu politicien. Lui, qui s’était d’abord déclaré désintéressé du poste de président, se retrouve à la tête de la transition. Et dans les rangs de certains partis, on s’inquiète d’une éventuelle marginalisation des hommes politiques. La nomination de son gouvernement, attendue dans les prochains jours, sera à cet égard cruciale.