L’interconnexion des Lacs Wouye, Ourouwaye et Thiouroure, et la pose des buses ont accéléré la libération de 54 quartiers de Yeumbeul Nord et Sud et de 8 unités des Parcelles-Assainies de Keur-Massar. Une nouvelle vie commence dans les maisons libérées. Le gouvernement va poursuivre la revitalisation des anciens cours d’eau et mares dans la zone de Malika et Yeumbeul. Au total 15 milliards de francs Cfa sont dégagés sur un total de 25 milliards pour la gestion des inondations en 2011.
Le bas-fond, de l’Unité 14 des Parcelles-assainies est asséché. L’ancien niveau de l’eau durant l’hivernage est visible sur les maisons construites sur les berges. Si nous faisons le détour, on se retrouve au marché du quartier, ce mercredi 9 mai 2011 à 10 heures. Plus de 500 maisons sont désaffectées. La rouille s’attaque aux portes en aluminium. Après les rangées de cantines, les habitants ont repris leur maison.
« Il fallait passer dans l’eau pour accéder à nos maisons. C’était une zone presque abandonnée », raconte Egoule Sène, un des membres du Collectif des inondés. A la dénivellation de Yeumbeul Nord, Amadou ciré Diallo, un sexagénaire, a repeint sa maison libérée. Il a même carrelé sa courette. Lui et ses voisins étaient chassés par les eaux. « J’ai payé la location durant deux ans et 6 mois. Chaque mois, il ne fallait débourser 75.000 francs pour loger toute ma famille. Je ne peux que remercier les autorités du Sénégal et les techniciens qui mettent en œuvre le Plan Jaxaay », confesse Amadou Ciré Diallo, trouvé en train de faire ses abutilons. 54 quartiers de Yeumbeul sont libérés depuis l’année dernière. La peinture des étages est râpée. Les buses enfouies sur plusieurs kilomètres et qui donnent sur les points d’eau revitalisés ont permis la récupération des maisons. Comme ici, le lac Reubeut est colonisé par les typhas. Trois cocotiers ont perdu leurs feuilles. Marième Fall est assise, au seuil de la porte donnant sur la cour. Elle a une vue large sur ce lac et cette végétation qui rappelle s’il en est besoin que les berges ne sont pas destinées à l’habitation. « Nous n’avons plus d’humidité dans nos maisons. Les années passées, ce n’était pas pensable de vouloir rester ici. Cela n’était pas possible. Nous souhaitons que tout cela continue. Nous étions très fatigués », rapporte Marième Fall.
L’interconnexion des lacs, l’ouverture de certaines voies de passage de l’eau, ont accéléré les évacuations des eaux. « La valorisation des cours ou des points d’eau est en train de porter des résultats attendus. Nous allons poursuivre ses travaux. Nous sommes à 65 % du taux d’exécution », indique le chef de projet au Plan Jaxaay, Ahmadou Chimère Diallo.
L’ancrage de l’évacuation gravitaire
L’écrêtage des bassins, la réalisation du projet de drainage de Pikine, la libération des emprises sont inscrits dans le plan d’actions 2011 de lutte contre les inondations. Le Plan Jaxaay a la charge de construire des stations de pompage dans les zones des lacs, l’aménagement de la mare de Guinaw Rails. L’Office national de l’assainissement du Sénégal (Onas) doit entre autres construire des collecteurs, des ouvrages de drainages des eaux. La liste des ouvrages est loin d’être exhaustive. « Nous allons réaliser plusieurs ouvrages, comme la construction des stations, la réhabilitation d’autres stations. De nouvelles buses seront posées pour renforcer le système d’évacuation des eaux par gravitation. Le coût global est de 25 milliards de francs Cfa. Nous avons déjà mobilisé 15 milliards de francs Cfa », informe le coordonnateur du comité ah doc de lutte contre les inondations, Mansour Ndoye. L’évacuation par gravitation a produit les effets escomptés.
Reportage : Idrissa SANE – Photos : Pape SEYDI
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