La mort de 39 Sénégalais dans un grave accident de circulation à hauteur de Kaffrine a créé l’émoi et la consternation sur l’étendue du territoire. Comme d’habitude, à chaque fois qu’un malheur frappe notre pays, une émotion primitive envahit les médias. La classe politique affiche sa scolarité et sa compassion aux victimes et à leur famille. Les médias se rivalisent d’éditions spéciales. Les antennes radios s’ouvrent à cœur joie. Mais le temps d’une rose, on oublie rapidement nos morts, pour la plupart des jeunes, partis à la fleur de l’âge, à jamais à cause d’une irresponsabilité, de l’indiscipline d’un chauffeur et/ou chauffard, de sa cupidité.
Tout ça, parce que nous refusons de prendre notre responsabilité pour sanctionner les coupables afin de freiner l’hémorragie. La première responsabilité est étatique. Le président Abdou Diouf n’avait-il pas pris un décret interdisant aux apprentis de se mettre debout sur les marche-pieds des véhicules de transports en commun. On connaît la suite. Après le naufrage du bateau Le Joola, la plus grande catastrophe maritime au monde, avec 1853 victimes devant même le Titanic, le président Abdoulaye Wade avait demandé qu’on fasse notre propre introspection. On a alors assisté à quelques changements de comportements qui auraient dû être la norme: faire la queue avant de monter dans un bus, éviter les surcharges, respecter les heures de départ et ne s’arrêter qu’au niveau des arrêts, etc.
Mais regardons le spectacle qui s’offre sous nos yeux avec la complicité inouïe de nos forces de sécurité. Taxis «Clandos», charrettes, certaines voitures aux allures de cercueils roulants transportent nos concitoyens qui n’ont souvent pas le choix vers les cimetières. Alors que nous peinons à faire notre deuil près de 21 ans après ce drame survenu le 26 septembre 2001, nous avons repris nos vieilles et mauvaises habitudes.
Ce qui a conduit à ce drame produit à Bettenty avec la mort par noyade de 21 femmes dans le chavirement d’une pirogue dépourvue de gilets de sauvetage. La liste est loin d’être exhaustive. Malheureusement, elle risque de s’allonger davantage parce que c’est nous-mêmes qui délivrons le permis de tuer.