Le verdict est tombé hier sur l’affaire Bara Tall, liée aux fameux chantiers de Thiès. Un verdict qui est allé à l’avantage d’un « accusé » qui a toujours clamé son innocence. Retour sur le parcours d’un ingénieur en génie civil qui a flirté avec la bijouterie.
A partir de la mosquée de Takhikao, il y a une bretelle partant de la nationale et qui mène vers le marché Ngélaw de Thiès. Juste en face de ce marché, du côté de l’ouest, se dresse la maison familiale de Bara Tall où il a encore un appartement. Sur place hier, aucune ambiance particulière n’est notée, même si le tribunal venait juste de prononcer son verdict sur une affaire opposant un fils de la zone à l’Etat du Sénégal. C’est dans cette maison qu’est né l’ingénieur en génie civil, diplômé de l’Ecole Polytechnique de Thiès, mais qui a flirté avec la bijouterie. Entre Bara Tall et la ville de Thiès, c’est toute une histoire, raconte Baka Ndiaye, un de ses fidèles compagnons.
Après l’entrée en sixième, il est orienté au lycée Malick Sy de Thiès où il a décroché son Baccalauréat ; et la même année, il a réussi au concours d’entrée à l’Ecole Polytechnique de Thiès. Durant toutes ses études, Bara Tall passait les jours fériés et les vacances dans la bijouterie de son oncle Saliou Guèye, d’abord dans l’enceinte de la chambre des métiers, ensuite sur l’avenue Léopold Sédar Senghor. Enrôlé ensuite par l’entreprise Jean Lefèbvre, c’est à Ziguinchor que Bara Tall mettra en œuvre son premier chantier. Ce qui lui a valu de chaleureuses félicitations, et même un verger comme cadeau d’encouragement.
Dans l’entreprise, il gravit rapidement les échelons pour en devenir finalement le seul propriétaire. Au niveau du quartier, tout le monde s’accorde à dire que le fait que le verdict prononcé hier par Dame justice, à propos de l’affaire dite des chantiers, n’ait pas laissé indifférents les Thiessois ne relève pas du hasard. C’est parce qu’il s’est beaucoup investi pour accompagner la ville, notamment la zone nord. D’ailleurs, il n’a pas hésité à réunir il y a plus d’une dizaine d’années tous les groupements de femmes, les associations de jeunes et les personnes du troisième âge, dans le cadre d’un forum communautaire, pour diagnostiquer les difficultés dans la zone nord, en vue de participer au développement de la zone.
A l’époque, il avait même financé des centrales d’achats à hauteur de 20 millions de Fcfa, sans compter que plusieurs jeunes travaillaient dans son entreprise. En tout cas hier, l’affaire était au cœur de toutes les discussions au niveau des « Grand-Place » et des lieux de grands rassemblements. A Takhikao, par contre, fief de Bara Tall et où se trouve la maison familiale, c’était le calme plat, notamment aux environs du marché Ngélaw. C’est parce que tout simplement, les populations s’étaient déplacées en masse à Dakar pour assister à l’évènement. Selon Baka Ndiaye, il en est ainsi depuis le déclenchement de la procédure judiciaire.
Chaque fois que l’affaire était inscrite sur les rôles, trois bus prenaient le départ au niveau du marché Nguélaw à 5 heures du matin, pour permettre aux parents, amis et sympathisants de Bara Tall de rallier Dakar pour lui manifester leur solidarité. Hier encore, il en a été ainsi, les bus ont quitté comme d’habitude à 5 heures du matin. Les populations, qui continuent encore de dénoncer ce qu’elles appellent un acharnement lié à des questions politiques, ont promis de réserver à leur fils un accueil digne d’un roi.
Mbaye SAMB
lasquotidien.info