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Au testament en vogue, exigeons d’abord un inventaire (Par Birame Waltako Ndiaye)

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Engagés à vivre et à mourir, pour une cause, les militants et sympathisants de Pastef surprennent de leur allégeance inconditionnelle. En vérité, ils ont foi en Ousmane Sonko, sinon ils auraient nourri et traduit en actes et paroles le même attachement aux autres porteurs du « projet ». C’est dans la catégorie des jeunes que la note s’avère plus salée. On y dénote, à présent, un goût du sacrifice qui est souvent exprimé en termes de « testament » avant le sacrifice suprême, la mort s’il le faut pour protéger leur idole des menaces de privation de liberté ou d’empêchement à la candidature aux prochaines présidentielles.

Pendant ce temps, les partis au pouvoir misent, au mieux sur des réalisations d’infrastructures, au pire sur une publicité négative. C’est qu’ils ne comprennent pas que c’est moins le message que le processus de sa construction qui emballe. Les jeunes se sont braqués jusqu’à ne plus être réceptifs à ce qui se dit ou se fait d’autre que la promesse de transformation radicale. Pour exemple, un chômeur chronique, faute de « bras long », et qui n’espère son salut qu’à l’avènement de Sonko au pouvoir à la faveur d’un retournement de situation, n’a plus rien à cirer des histoires de mœurs légère ou de méthode républicaine.

Au demeurant, il n’est pas dit que la popularité actuelle de Sonko le mènera forcément au pouvoir par la voie des urnes. Cependant, la troisième candidature de Macky Sall ou l’instrumentalisation judiciaire aux fins d’empêcher le patron de Pastef de se présenter en 2024, au-delà des enjeux de pouvoir, plombera notre stabilité, à coup sûr. Elles compromettront pour longtemps la paix sociale, du fait de l’exacerbation à grande échelle du dégoût, de la désaffection et de la désorganisation durable qui s’ensuivra. Le risque n’est pas seulement politique ; il est surtout d’ordre et de sécurité parce qu’il débouchera sur des actes d’incivisme, de vandalisme et de grand banditisme qui, aux yeux de leurs auteurs, s’expliqueront par du je-m’en-foutisme ou par un esprit de revanche sur tout ce qui bouge.

De part et d’autre du champs politique, un leadership doit prendre le dessus sur les intérêts immédiats et non moins égoïstes de pouvoir. L’économiste Pape Demba Thiam disait à ce propos que « le leadership, c’est l’ensemble des valeurs qui fécondent un Etat de raison, et que des gens s’approprient pour mener des groupes ». Le point de rupture vient du fait que le mode de militantisme en vogue, à défaut d’être intéressé, s’écarte carrément de la rationalité de citoyenneté. Celle-ci recommande davantage des nuances et du jugement à la pièce que n’autorisent pas les positions dogmatiques.

On en est là. Pourtant, il aurait fallu assumer notre responsabilité collective dans le Sénégal d’aujourd’hui pour en tirer les leçons afin de mieux nous projeter dans un nouvel élan de gouvernance juste et propre. Pour ce faire, force est de reconnaitre nos culpabilités individuelles ou nos indifférences complices à un moment ou à un autre. A la question de savoir qui sera responsable de la mort de Sénégalais en cas de soulèvement populaire, nous le serons tous. Mais puisque sans culpabilité particularisée, il n’y a pas de civilisation, l’opinion-jury se récusera de fait, sous le poids des partis-pris. Comme quoi, le jeu politicien n’en vaut pas la chandelle.

Seule la lutte libère, a dit le professeur Abdoulaye Bathily. En effet, elle peut nous libérer de beaucoup de choses qui minent actuellement notre essor : enrichissement illicite, clientélisme, corruption. Pour autant, il faudra bien se garder d’avoir le chaos en échange. Qu’on soit d’accord avec lui ou pas, Ousmane Sonko est le plus grand homme politique de sa génération. On lui devra pour toujours la réconciliation de la jeunesse avec la politique. On lui devra à jamais l’élévation des exigences citoyennes. A ce titre, c’est cela, dans une perspective historique, qui doit lui faire garder à l’esprit le sens, sans cesse renouvelé, de la responsabilité et de la mesure.

Birame Waltako Ndiaye

Mouvement Populaire d’Émancipation Citoyenne (MPEC)

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