Au Sénégal , la politique est en passe de devenir une sorte de foire d’empoigne reléguant au second plan le culte de l’intérêt général et où règnent l’activisme, la manipulation, l’opportunisme,la démagogie, le populisme, bref, une sorte de mauvaise foi délibérée qui débouche sur un jeu de dupes et qui fausse complètement le jeu politique et l’essence même de la démocratie. Ainsi, les leaders des partis politiques confortés par cet imbroglio politique se croient non seulement indispensables, mais pire encore, tout permis. En effet, les partis politiques s’identifient à leurs leaders et c’est à la limite le culte de la personnalité du chef que personne n’ose dire la vérité, ou même contredire.
Plus grave, dans beaucoup de partis il n’y a presque plus de militants mais plutôt des fanatiques comme de pauvres illuminés dépossédés de leur libre-arbitre. C’est pourquoi d’ailleurs, certains chefs de partis l’ont très bien compris et jouent sur ce « sentimentalisme militant » pour assouvir leurs desseins souvent inavoués. Rien d’étonnant si l’on sait que beaucoup partis sont créés, financés et les textes et statuts du parti taillés sur mesure au gré et au desiderata du chef autoproclamé. Par ailleurs, ces pauvres militants s’accrochent comme des égarés d’un naufrage à un projet ou un programme que l’on leur a fait miroiter comme un Eldorado mais, c’est à croire réellement si les leaders eux-mêmes y croient vraiment. L’expérience a montré qu’une fois au pouvoir ce même programme est soit laissé en rade soit troqué pour un autre sous prétexte d’une « réalité du pouvoir »; on a vu ce qu’est devenu le Sopi du Président Wade et le yoonou yokuté du Président Macky Sall. Ne seraient-ils pas juste une opération de marketing politique pour accéder au pouvoir ? De l’autre côté de l’opposition, on constate de façon factuelle que malgré les déboires judiciaires du leader, on a comme l’impression que personne d’autre ne serait capable d’incarner ou de porter le projet ou le programme, on l’a vu avec Karim Karim et khalifa Sall ; à cause de la focalisation sur leurs modestes personnes, leurs formations politiques respectives ont raté bizarrement les élections présidentielles de 2019, et c’est ce qui est en passe de se jouer avec Ousmane Sonko si ses partisans ne prennent pas leurs responsabilités en préparant éventuellement un autre candidat. C’est vrai que l’élection présidentielle c’est la rencontre d’un homme avec son peuple mais on refuse de croire que cet homme soit un messie et ce serait même un mépris pour les nombreux cadres qui émargent dans ces différents partis… d’ailleurs le cas du président Barro de la Gambie en est une parfaite illustration puisqu’au départ, il n’était pas pressenti pour candidater au nom de sa formation politique et pourtant il est aujourd’hui au pouvoir par la volonté du peuple qui seul, détient la souveraineté. Au Sénégal, rares sont les partis qui ont réalisé une alternance au sommet de leurs Partis. Ainsi, si réellement c’est juste la croyance en un projet ou programme qui était l’enjeu et par conséquent, la raison de la création d’un parti, n’importe quel militant cadre qui a les qualités requises, pourrait porter le projet ou le programme à la magistrature suprême.
Comment peut-on promouvoir la démocratie dans l’espace public alors que c’est la dictature ou le despotisme éclairé qui fonctionne dans la plupart des partis politiques ?
C’est dommage que la plupart des militants ne comprennent rien au programme ou au projet de leur parti et ont paradoxalement une fixation pathologique sur la personne de leur leader comme un Gourou d’une secte devant des illuminés prêts à se jeter aveuglément dans la gueule du loup sous ses ordres.
Ce trait de mentalité des militants politiques est compris par beaucoup d’acteurs politiques, c’est pourquoi chacun veut devenir leader politique et par ricochet présidentiable d’où une floraison des candidatures parfois fantaisistes pour la présidentielle de 2024…
L’essentiel pour beaucoup d’acteurs politiques qui sont en réalité des entrepreneurs politiques, c’est d’être présents dans le landerneau politique comme dans un marché d’appel d’offres où il faut soumissionner pour espérer gagner un marché du suffrage électoral et au final être bénéficiaire d’un retour d’investissement en termes de rentes politiques auprès du prochain Président de la République au grand dam du peuple laborieux méprisé, abusé et qui, comme d’habitude tombe toujours de désillusions en de nouvelles illusions…
Tout ceci pour dire qu’une formation politique s’impose pour les militants politiques et mieux, une éducation politique à la citoyenneté s’impose de façon urgente pour sortir de ce cycle infernal..
Papa Malik youm.
très pertinent.
un bon article