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Décryptage – Affairisme au sommet de l’Etat : Voracité foncière et scandales financiers ont le vent en poupe

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On n’a pas fini de boire la ciguë, l’élixir amer de l’enflure verbale du Premier ministre ; directeur de campagne du Président-candidat ( ?), Souleymane Ndéné Ndiaye à propos des 30 millions, cette aumône politique mensuelle, supposée avoir été offerte à Landing Savané, par Wade, comme à la soixantaine de partis de la mouvance présidentielle, qu’une autre rage vient s’ajouter à nos existences ravagées par plus d’une décennie de scandales.
La révélation de l’hebdomadaire La Gazette, paru hier, et selon laquelle le Président Wade s’est payé cash un terrain de 5 435 hectares auprès d’un certain Cheikh Amadou Amar, à plus d’un milliard, brise cette lueur naïve. Cela au moment où, selon nos confrères du quotidien Le Populaire, l’Etat «fiscalovore» somme les services fiscaux à trouver un milliard en une semaine pour renflouer les comptes d’un Trésor public, comme exsangue. Alors que la Senelec a fini de prendre la route de la banqueroute, prise qu’elle est dans l’étau d’un surendettement et d’un déficit de production, à des retours à la normale toujours annoncés mais constamment différés par de criardes incompétences. De quoi plonger les Sénégalais dans un été chaud, mais sans show (lire à la page 15). Point n’est besoin ici de débobiner les épisodes tragiques des malversations financières, des scandales à la Tgv, les trépidants flagrants délits de vol et de corruption, l’instrumentalisation outrancière et outrageante de la Justice, qui ont émaillé la gouvernance libérale, 11 ans durant. Et Dieu sait que ce n’est pas fini dans cette «wado-ambiance» crépusculaire.

Quand les gros poissons pourrissent par la tête, c’est toute la mer qui est infestée. Voilà pourquoi, en régime libéral, on nage dans une impunité totale. Constamment pris dans les rets d’un affairisme d’Etat corrosif avec en toile de fond des pratiques prédatrices, des impromptus à la boulimie foncière et financière particulièrement féroce ont plongé la République dans la désopilance, la déshérence et la déchéance. Les Sénégalais, «overdosés» par tant de scandales semblent maintenant anémiés en indignation. Mais, c’est se méprendre que de croire qu’ils surfent sur les eaux tranquilles de l’existence, comme le théorisent des «alternance-logues» accrochés à leur rêve d’un règne prolongé pour un bail de 50 ans.

En effet, quelques Libéraux du Parti démocratique sénégalais (Pds) et certains de leurs alliés de la mouvance présidentielle se détruisent à se rassurer que les Sénégalais, pour avoir été régulièrement éprouvés une décennie durant, face à leurs frasques répétitives, leurs malversations en série et leur arrogance que rien ne justifie au fond ont fini par se morfondre dans un fatalisme défaitiste, démissionnaire. Et ils s’ébaudissent du génie politique du vieux tout en bling-bling, de son intelligence de stratège, de sa capacité à enjamber ou à renverser les situations même perdues, et de son machiavélisme fascinant qui veut que tous les moyens justifient toute fin, comme cela apparaît dans le saucissonnage des collectivités locales et la mise en place de délégations spéciales sur fond de volonté forcenée de redistribution de la carte électorale. Sous la fascination vraie ou feinte du vieux qui enveloppe le champ «wadospatial», l’on se plaît à sucer le peuple et à se sucrer sur une République démolie, naufragée, dans une ambiance de désagrégation morale et d’affaissement de la droiture, devenue comme un vice sous une Alternance gauchie et avachie.

LE MAL DE L’OPPOSITION
Incontestablement les Sénégalais se portent mal face à un pouvoir qui se comporte mal. Ce n’est pas pour autant que l’opposition se porte bien. Elle s’est, comme affaissée au cachot de l’indignation, en oblitérant sa mission historique d’élite politique chargée de diriger, de conduire et d’encadrer les luttes des masses populaires. Et pourtant, que de motifs de le faire lui en ont été offerts par des scandales financiers hors de toute limite, le terrorisme foncier, les inondations insoutenables, les coupures d’électricité récurrentes et la chape de plomb sociale que constitue la cherté de la vie ! Autant dire qu’elle n’a pas toujours été à la hauteur de la situation de crise que traverse le Sénégal et des vrais enjeux qu’elle postule. En 2009, la Coalition Bennoo Siggil Senegaal a bénéficié d’un vaste capital de sympathie populaire à la faveur des Assises nationales, mais aussi du dépit généralisé face aux dérives du régime libéral. Mais, depuis, elle s’est engoncée et enfoncée dans le bradage de ce capital de sympathie, en s’enlisant dans les litanies rhétoriciennes sur la candidature unique ou plurielle, alors même que la feuille de route qu’elle devait se tracer vertèbre autour d’une exigence d’abord fondamentale d’une transition pour reconstruire la République démolie. Sauf à nourrir quelque dessein sombre, celui de faire du wadisme sans Wade, on ne voit pas pourquoi l’accord sur la nécessité d’une période de transition afin de refonder la République et ses valeurs devrait susciter tant de tergiversations, tant de petites assises au domicile de Dansokho et dans les Bureaux politiques suivis de communiqués aux critiques enflammées, après les grandes Assises nationales. Le rendez-vous avec l’histoire, une histoire bien proche, celle de 2012, passe par l’audace de se déterminer, la force et la générosité d’abandonner les petits calculs d’épiciers politiques pour sauver avant tout le Sénégal. C’est au fond la seule grande querelle qui vaille.

lequotidien.sn

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