Hier Vendredi 27 Mai 2011, les populations de Sangalkam, tout âge et sexe confondus ont vécu une journée infernale de répression violente et aveugle des forces de l’ordre attisées par le Sous-préfet et le ministre de la décentralisation et des collectivités locales. Les violences de ce jour n’ont même pas épargné la grande mosquée du village. La détermination des populations, notamment des jeunes, créa une réaction à la mesure de la hauteur de la répression. La tension présageait déjà des débordements futurs. Le Sous-préfet, ancien enseignant et militant PDS a fait montre d’une grosse haine, d’une obsession à ”abattre“ Oumar Gueye, l’ex parti Rewmi et de façon générale toute l’opposition politique. Sans doute ces évènements offraient l’opportunité rêvée.
L’installation de la Délégation spéciale de Aly Khoudia Diaw et son équipe fut un échec patent et complet. Toute honte bue jusqu’à la lie, les maîtres d’œuvre instruisent pour le Lundi 30 Mai, ce qu’ils considèrent comme la révolte des populations frustrées qui, selon une des autorités, « mériteraient une correction, une leçon inoubliable » afin de réussir le coup de force Wadien ou Wadiste.
Ce lundi 30 Mai 2011 fut plus chaud que le Vendredi 27 ; le sang a coulé et Malick Ba 32 ans, maçon, se rendant à son lieu de travail, fut assassiné intentionnellement alors qu’il n’était pas manifestant, exactement comme Mamadou Sidibé dans le cas de Kédougou. Ce crime ne doit pas rester impuni surtout après « la grève des magistrats » pour une indépendance de la magistrature et plus de justice.
Trop c’est trop ! Wade doit partir.
Le pouvoir libéral doit se convaincre que les citoyens de plus en plus porteront la résistance contre l’injustice et l’inacceptable. Tous les Sénégalais vivent amèrement le forcing politique de Me Wade et les siens, dans leur volonté de reconquérir les localités perdues par la coalition Sopi lors des élections de 2009. Quoi qu’il advienne pour nous de Sangalkam, comme première exigence, le Commandant de la Brigade de Gendarmerie et surtout le Sous-préfet doivent immédiatement quitter notre village, ne pouvant plus faire bon ménage avec les administrés mais aussi pour ne pas entraver l’enquête nécessaire et obligatoire.
Les motivations profondes de la démarche du pouvoir sont clairement établies et bien connues de nous tous. Il s’agit essentiellement d’assouvir leur boulimie foncière, de fausser les élections en changeant la carte électorale par le saucissonnage des collectivités locales hostiles et cela de façon récurrente depuis l’avènement du pouvoir libéral dit de l’alternance. « Garder le pouvoir durant 50 ans » est aujourd’hui une question de vie ou de mort pour eux, étant sûrs qu’ils « iront tous en prison en cas de défaite ». A cet égard, la déclaration de Benno, suite au sixième séminaire de ce 28 Mai les plongera encore plus dans un océan de peur et d’inquiétude.
Après les attaques, dénigrements et reculades contre le Maire de Dakar Khalifa Sall, Monsieur Aliou Sow (Malaw) sort l’artillerie lourde contre PCR, Conseils de Communautés rurales et leurs populations au mépris total des lois et règlements, et de la méconnaissance du rôle et de la fonction de ministre des collectivités locales. Dans Kotch n° 281 du 24 Septembre 2010, Abou Abel Thiam souligne que : « Plus prosaïquement, le ministre de la décentralisation n’est pas le patron des maires, il n’y a de rapport de tutelle ou d’hiérarchie entre eux. Pas plus qu’il n’y en aurait entre les maires et n’importe quel autre ministre. (…) Les propos de Aliou Sow indiquent qu’il a une conception erronée de sa fonction si ce n’est une compréhension de ses attributions en porte à faux avec la loi. (…) Le rôle d’un ministre de la décentralisation, c’est de travailler à renforcer les attributions et compétences des entités locales (….) Et en cas de conflit entre le maire et le Préfet, c’est la Cour Suprême qui est saisie. Il n’existe pas, en effet, de recours hiérarchique pour le maire de saisir le ministre quand le préfet refuse de valider les délibérations d’un Conseil municipal. Il appartient à la justice de trancher le litige. Le patron du maire, c’est le conseil municipal et cette entité délibère de façon souveraine. » Il va sans dire que tout cela vaut aussi pour les autres entités institutionnelles locales.
A l’approche d’échéances électorales piétiner la volonté populaire déjà exprimée, devient un scandale antidémocratique et inacceptable. Monsieur Aliou Sow ministre de la décentralisation et des collectivités locales dans sa fougue, justifie le découpage tous azimuts par « la volonté de rapprocher l’Administration des administrés conformément à une demande exprimée par les populations des localités concernées. » Malheureusement sa démarche exclut les représentants en fonction et élus par ces mêmes populations prises comme prétexte. Dans le cas de Sangalkam, le président Oumar Gueye dont le bilan fait cas d’école, a fait l’objet antérieurement d’une première délégation spéciale qui ne l’aura pas empêché de remporter à nouveau et largement les élections locales de 2009 sous les couleurs de Rewmi, et bénéficiant de la confiance des populations des 33 villages de la Communauté rurale de Sangalkam. Ce bilan s’est encore renforcé malgré l’obsession haineuse que lui vouent le Sous-préfet, le ministre Aliou Sow et au sommet le président Abdoulaye Wade, uniquement pour sa fidélité à Idrissa Seck qu’il clame à tout vent sans complexe mais aussi pour sa compétence et son leadership qui lui prédisent un avenir sûr et certain. Comme quoi Ousmane Tanor Dieng du PS n’aurait pas tort de décrire Wade comme « jaloux et complexé ».
Et de deux, l’an 2011 sera aussi, une année électorale viciée par la multiplication des délégations spéciales pour les mêmes raisons que précédemment. Le Titre de l’information y relative du Sudquotidien 5407 du 27 Mai 2011 « Délégations spéciales installées aujourd’hui. Aliou Sow chasse Benno et Rewmi. » Exprime éloquemment les objectifs visés.
La communauté rurale de Sangalkam, cible première, devra être saucissonné sans logique et de façon anachronique en deux communes et deux nouvelles communautés rurales, tout en développant de fortes manœuvres de division et opposer les populations les unes contre les autres. Ici la raison principale réside dans le déroulement inachevé du fameux feuilleton « Toi et moi » qui ne cesse de déteindre dangereusement sur la gestion du Sénégal et son avenir. C’est donc essentiellement pour une question politique que l’on dégage Oumar Gueye estimant affaiblir davantage Idy.
Et ça, c’est Aliou Sow lui-même qui le confirme lors du vote du projet de loi 02-2011 portant statut des employés des collectivités locales par le Sénat en sa séance du Mercredi 16 Mars 2011. En effet, le journal le Soleil du Jeudi 17 Mars 2011 page 14 rapporte que : « Beaucoup de sénateurs ont évoqué le cas de découpage de la communauté rurale de Sangalkam. D’après le ministre, le président de cette communauté rurale « s’est soustrait des règles de la République en menaçant ouvertement d’être à la tête d’une insurrection pour déloger le chef de l’Etat du Palais présidentiel. Il a tenu des propos d’une extrême gravité et là-dessus, l’Etat prendra ses responsabilités…. Il a choisi le champ politique et l’espace médiatique en lieu et place du droit. » On retient par ailleurs des propos à la suite de Aliou Sow citant au cours d’une interview donnée récemment à une radio de la place, ce proverbe peulh : « Mo soussa boné lamo taako » (qui a peur de la violence ne peut gouverner). Ainsi donc le pouvoir imaginera la provocation des violences en cours à Sangalkam.
Tant d’erreurs et de maladresses ne constituent-elles pas « une raison de payer cash » tel qu’il fut pour le président Youssou Diagne. En tout cas cet acharnement antidémocratique est une raison suffisante pour Benno et tous les patriotes de s’unir pour préserver les acquis et avancées de notre fragile démocratie, de mettre en échec ces frémissement de désespoir d’un pouvoir moribond et dangereux pour notre pays.
Il urge que tous les militants des partis de Benno et des mouvements citoyens se joignent à Sangalkam, Mbane, Sendou et toutes les autres contre l’installation des délégations spéciales en cours et contre les Préfets et Sous-préfets politiciens véreux avérés. Monsieur Aly KHoudia Diaw a été choisi pour diriger la Communauté rurale de Sangalkam à la place du Conseil rural élu démocratiquement. Sociologue de formation, il déclare, pédant, d’être venu faire mieux que Oumar Gueye. Quelle prétention ! Le PCR légitime n’est pas démis pour faute ou incompétence, mais parce que bien méritant, bien aimé et apprécié de ses administrés.
Quant à Aliou Diack et Mbane, il suffit de se référer à sa lettre ouverte à Monsieur le président de la République pour se convaincre des faits de boulimie foncière, objet de la tragédie imposée aux populations de cette localité. De cette politique de découpage tous azimuts, le journaliste Malick Diagne spécialiste de la décentralisation, interrogé par Sudquotidien n° 5365 du 7 Avril 2011 tire la sonnette d’alarme : « Les statistiques sont éloquentes. Aujourd’hui le Sénégal compte près de 600 collectivités locales sur un petit territoire de 196714 km2. Nous avons atteint un niveau de morcellement et d’émiettement qui doit inciter les pouvoirs publics à réfléchir. (….) Il faut faire attention aux replis identitaires et aux revendications communautaristes, puisque à terme c’est l’idée de la nation sénégalaise qu’on fragilise. »
Moctar Fofana Niang