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Ce pays serait-il foutu ? Par Ibrahima Sow

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Les réseaux sociaux et la prolifération des chaines de télévision dans notre pays, ont permis de révéler tout ce qu’il y avait de hideux dans la société sénégalaise. On dénigre, sans honte, d’honnêtes personnes, constatant avec amertume leur honorabilité trainée dans la boue par des moins que rien. Des insulteurs deviennent des stars adulées par des écervelés. Des catins recyclés dans le show biz, deviennent des stars et font le buzz. Des femmes dont aucun homme raisonné ne voudrait pour épouse, deviennent des vedettes du petit écran, font l’apologie du célibat et promeuvent la débauche. Des prêcheurs d’un nouveau genre qui ont fini par devenir une honte pour l’islam ; bref tout est sens dessus dessous. On assiste à une étonnante inversion des rôles : ceux qui devraient se taire, pour n’avoir rien à dire de sensé, sont devenus les seuls dépositaires de la parole désormais ; ceux qui, par leur sagesse et leur clairvoyance, devraient légitimement avoir droit à la parole, se taisent ou y sont contraints parce qu’ils vivent dans une époque qui n’est plus la leur. Ils vivent alors un drame intérieur lorsqu’ils assistent, impuissants, à cette tragédie sociétale, ce désenchantement de notre « monde » provoqué par la désertion de la morale et la faillite de nos valeurs sociales. 

Certains patrons de presse et des responsables de programmes de certaines  chaines de télévision ont une grande part de responsabilité dans cette crise des valeurs qui est devenue le plus grand mal de notre société. Accroitre l’audimat et le taux d’audience, est certes le défi de chaque chaine de télévision. Mais est-ce une raison pour promouvoir des contre-valeurs ? Comment peut-on inviter Ndèla Madior sur un plateau de télévision et lui laisser le soin de débiter toute sorte de propos salaces sans que personne ne l’arrête ? Cette femme n’a jamais raté l’occasion de laisser libre cours à son discours dévergondé qui est une manifestation de son état de démence. C’est à cetype femme frivole, aux propos toujours orduriers, que des mères, qui devraient être castrées dès leur naissance, ont décidé de confier leurs enfants pour qu’elle en prenne soin. Certaines chaines de télévision amplifient ce « crime » en donnant à Ndèla Madior l’occasion de faire la promotion de « Keur Yeurmandé », une manière détournée d’inciter les filles à forniquer et à faire des enfants, mais que Ndèla assure la prise en charge des enfants. A quel prix ? A quelle fin ?

Le sérieux et le rationnel ne sont plus l’apanage des Sénégalais parce qu’on est dans une société qui vit au rythme du folklore et du sensationnel. On ne vous prend pas au sérieux quand vous êtes sérieux, il faut faire un peu de comédie, se mettre dans la peau d’un « fou » où tenir des discours qui augmentent le rythme cardiaque par leur insolence où encore faire des révélations fracassantes d’une certaine gravité, pour attirer l’attention des gens. Des prêcheurs peuvent se permettre d’analyser un match de football, des lutteurs sont interviewés sur la situation politique nationale, des femmes divorcées à trois ou quatre reprises prodiguent des conseils pour bien gérer son foyer. 

Comment peut-on inviter Assane Diouf sur un plateau de télévision ou encore Cheikh Ahmed Cissé? Comment comprendre que le Président Macky Sall pose avec Kalifone, Awoush kiti, ou qu’il reçoive Djibril Ngom au palais ? Des personnes viles, qui ont eu un privilège que peu de Sénégalais pourront se vanter d’avoir eu droit. Ceux qui sont censés préserver les Institutions et les valeurs sociales, en constituent aujourd’hui les premiers fossoyeurs. S’emmurer dans un silence, pendant que des ordures de toutes sortes pervertissent notre jeunesse, est un acte incivique, une complicité passive qui encourage la faillite de nos valeurs. 

Pour ce qui concerne la suite judiciaire qui sera réservée à l’affaire Ndèla Madior, nous n’avons aucun espoir que justice soit un jour rendue. On va encore attendre que les choses se calment et que les Sénégalais passent à un autre fait divers, pour qu’une liberté provisoire lui soit accordée avant de ranger le dossier dans un tiroir où il va moisir. Cheikh Yérim Seck, Bougazelli, Dame Amar et beaucoup d’autres délinquants de cet acabit, ont bénéficié de la même « indulgence » de cette justice à deux vitesses, ce qui sonne comme une incitation à la récidive.

Ainsi va le Sénégal !

                             Ibrahima SOW, Professeur de philosophie au lycée de Tivaouane Peulh.

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