Après le Plan B, le Panafricaniste et homme politique algérien Rachid Nekkaz propose au Peuple sénégalais et à ses représentants que Macky Sall devienne Président d’Honneur après son départ en avril 2024.
En septembre 2023, Rachid Nekkaz avait fait une tournée intellectuelle dans 8 pays africains et notamment au Sénégal pour faire la promotion de la stratégie du Plan B afin que l’opposant politique Ousmane Sonko – détenu en prison depuis juillet dernier – puisse devenir Président de la République sénégalaise en 2024 selon une séquence en trois actes.
En effet, grâce à la doublure d’un candidat adoubé (acte 1) qui créerait par décret ou référendum une fois élu le poste de Vice-Président au profit de M. Sonko (acte 2), le leader du Pastef, parti dissous, deviendrait Président après la démission de son candidat fraîchement élu (acte 3).
La presse a largement fait écho de cette proposition politique, qui avait déjà été explorée en Algérie en mars 2019 avant que le Chef de l’armée n’interrompt le processus électoral.
Rachid Nekkaz est heureux de voir que cette idée de doublure (Plan B) a été adoptée et appliquée par le Pastef et Ousmane Sonko.
Aujourd’hui, sentant le danger poindre à l’horizon, le Président Macky Sall – en coordination avec la majorité des députés de l’Assemblée nationale – ont décidé de voter le report des élections présidentielles à la date du 15 décembre 2024. Ce qui a eu pour effet de plonger le Sénégal dans l’inconnu politique, comme ce fut le cas en Algérie pendant 9 mois, de mars à décembre 2019.
Malheureusement, à l’instar de mars 2021 et de juin 2023, le sang sacré des Sénégalais est en train de couler à nouveau.
Que faire, comme disait un célèbre ouvrage de Lenine ?
Avant de répondre à cette question épineuse et très sensible, on ne fera pas l’économie de faire deux observations sur la différence fondamentale de nature entre le point de vue citoyen et le regard de l’homme d’Etat pour régler une crise politique ou institutionnelle dans un pays.
Généralement, le citoyen se fonde sur la loi, la morale et les principes communément admis dans la société de son pays pour juger si un responsable politique est bon ou mauvais.
S’il le juge bon, ce citoyen décidera de renouveler sa confiance à l’élu. En revanche, s’il le considère mauvais, le citoyen exigera démocratiquement son départ sans se soucier des conséquences humaines, judiciaires et matérielles pour l’élu en question, éconduit par les urnes.
Si cet élu est un Maire ou un Député, le choix majoritaire du citoyen de ne pas voter pour lui sera respecté car ces deux catégories d’élu n’ont pas d’autorité sur la justice et les principaux leviers de pouvoir.
Cependant, lorsqu’il s’agit d’un Chef d’État, la donne est différente. Pour peu qu’il se considère en danger en quittant le pouvoir – surtout si l’opposition est farouchement déterminée à lui faire payer un comportement qu’elle juge « inamical » – le Président d’un pays fera tout ce qui est en son pouvoir pour user de toutes ses prérogatives constitutionnelles dans le seul but de retarder au maximum cette échéance du départ, quitte à plonger le pays dans une crise politique aiguë, génératrice de manifestations incontrôlées de violences, de dérapages probables des forces de sécurité, d’ingérences étrangères et d’interrogations politiques de l’institution militaire à l’image de la multiplication des coups d’État en Afrique.
Dans ces situations-limites où l’ordre constitutionnel est rompu, la conscience habituelle du citoyen n’est pas suffisante pour sortir le pays de la crise car le vote – moment solennel où le citoyen est totalement souverain – est mis entre parenthèses pendant une durée plus ou moins indéterminée.
A situation exceptionnelle, solution exceptionnelle :
Dans ces moments de crise où un pays et l’ensemble de ses habitants courent de graves dangers, c’est à l’homme d’État à qui incombe la lourde responsabilité d’imaginer et de formuler une ou des solutions qui ne soient pas assurément parfaites pour le quidam mais qui devront avoir le mérite d’éteindre dans un délai raisonnable le feu des âmes agitées, des consciences ombragées et des cœurs brisées a minima par un sentiment profond d’injustice, a maxima par la sensation désagréable d’être victime d’un viol démocratique à visage découvert.
De quelle solution s’agit-il aujourd’hui pour mettre fin à la crise politique au Sénégal ?
En juillet 2023, le Président Macky Sall a pris une décision honorable, courageuse et inhabituelle pour un Chef d’Etat sur le continent africain, où l’exercice du pouvoir à vie est plutôt la règle. Il s’est engagé solennellement à ne pas briguer un troisième mandat que la Constitution sénégalaise actuelle n’autorise pas au demeurant. J’avais salué ce geste politique exceptionnel. Malheureusement, l’Opposition n’a pas compris ou a feint de ne pas comprendre que ce » cadeau politique » devait s’accompagner implicitement d’une certaine » pondération en retour » qui aurait pu se manifester par exemple par un engagement à voter une loi d’amnistie financière de façon à faire table rase du passé. Car, il ne faut pas être naïf ou dupe. Que ce soient en Occident ou en Afrique, tous les Chefs d’Etat ont quelque chose à se reprocher. Les exemples sont légion. Trump aux États-Unis, Sarkozy en France ou Berlusconi en Italie représentent quelques exemples d’une longue liste pour illustrer mon propos. Les Présidents ne sont pas des saints immaculés, ni des kleptomanes invétérés. Macky Sall a pris peur et il a eu raison, surtout après avoir observé le déroulement des événements politiques et judiciaires en Algérie depuis 2019. Pour celles et ceux qui l’ignorent, le départ forcé du Président Bouteflika a été le prélude à une chasse aux sorcières qui a privé de liberté son frère Saïd, 4 anciens Premiers ministres, 18 Ministres, une cinquantaine de généraux et colonels et une centaine d’hommes d’affaires et de hauts fonctionnaires jugés pour corruption et condamnés à de lourdes peines de 4 à 16 ans de prison.
Fort d’une conception réaliste des sociétés humaines, éloignée de tout jugement péremptoire en matière politique qui prétendrait détenir les clés de la morale ou de la vérité absolue – synonyme à coup sûr de dérive autoritaire dangereuse pour un pays – je considère que le moindre mal – pour aider le peuple sénégalais à sortir de cette crise qui se déroule sous les yeux du monde entier – serait de proposer à tous les anciens Présidents du Sénégal de devenir, après la fin de leur mandat, » Président d’Honneur » grâce à une proposition de loi votée dans les prochains jours à l’Assemblée nationale. Je vous avertis tout de suite. Cette fonction symbolique ne leur confèrerait aucun pouvoir exécutif. Cependant, ils garderaient une résidence d’État, un salaire décent, une secrétaire, un chauffeur avec véhicule et une immunité. Aussi, forts de leurs expériences accumulées dans la gestion de l’État et de leurs connaissances avisées des relations internationales, ils pourraient être consultés au besoin par le Président en exercice sur des sujets importants qui ne manqueraient pas de se faire jour.
L’avantage de cette proposition politique et institutionnelle serait d’une part,
de rassurer le Président Macky Sall – et par voie de conséquences les prochains Chefs d’État, et de leur garantir une vie digne et respectable après le pouvoir.
Et d’autre part, de permettre au peuple sénégalais de surmonter cette crise ou bien en maintenant le calendrier électoral originel, c’est-à-dire la date du 25 février 2024 à la faveur de l’annulation du dernier décret Présidentiel du 3 février par le Conseil constitutionnel, ou bien en organisant d’ici 3 mois des prochaines élections.
C’est au Peuple sénégalais, à l’Opposition, aux Députés et au Président Macky Sall – et à personne d’autre – de décider de la pertinence ou de l’absurdité de cette proposition politique et institutionnelle de la Présidence d’Honneur.
En tant que Panafricaniste de cœur et d’esprit, mon rôle est d’être uniquement une force de propositions et mon souhait est que le Sénégal demeure au firmament de l’impératif démocratique en Afrique.
Rachid Nekkaz
www.facebook.com/nekkaz2019
pourquoi il ne propose pas cette solution à son pays l’Algérie ?
Bonjour Monsieur Rachid Nekkaz, votre sollicitude pour le sort de Macky Sall doit sûrement lui faire chaud au coeur mais permettez-moi de me soucier du sort de la majorité, du sort de la population qui a subi et continuera à subir les conséquences dramatiques de toutes les atrocités que le régime de Macky Sall leur a fait subir !
Monsieur Nekkaz, ignorez-vous que des dizaines de civils non-armés ont été froidement tués par les policiers et gendarmes du régime de Macky Sall ??? Comment pouvez-vous préconiser de concéder la moindre station honorifique à un président qui n’a jamais voulu que la justice fasse des enquêtes pour les crimes commis par des policiers et gendarmes ????
Monsieur Nekkaz, votre prénom « Rachid » signifie « droit » ( en rapport avec la droiture), vous ne pouvez décemment pas et ne devrez conseiller aux sénégalais de garantir l’impunité à ceux qui ont commis et couvert des crimes !
J’espère qu’aucun politique de l’opposition n’appliquera vos conseils car ce serait inscrire dans la loi la culture de l’impunité , ce qui est complètement paradoxal