La décision de faire passer le projet de loi instituant l’élection d’un ticket et à un taux de 25 % n’est pas tout à fait l’idée de Wade. C’est depuis Paris que l’on a suggéré ce coup de force constitutionnel.
Les dernières rencontres à Paris entre Wade et certaines autorités françaises, son voyage à Benghazi (Libye) pour défendre les frappes de l’Otan contre le régime de Mouhammar Kadhafi et les rencontres dans des cafés parisiens entre Karim Wade et Robert Bourgi et entre ce dernier et Idrissa Seck ont été déterminantes dans la décision de soumettre au conseil des ministres le projet de loi constitutionnel. D’ailleurs, la qualité extrémement médiocre du texte proposé prouve suffisamment que tout s’est passé dans la précipitation.
Pourquoi Wade a finalement eu la hardiesse d’y aller ? C’est parce qu’il a eu le feu vert de Nicolas Sarkozy qui lui a renvoyé l’ascenceur après le service que Wade lui a rendu en s’opposant à l’Union africaine pour descendre en flamme Khadaffi naguère son ami et frère. Le chef de l’Etat français a en effet, demandé à ses conseillers pourquoi Wade s’accroche au pouvoir alors qu’il n’a plus les ressources physiques et mentales pour aspirer à un troisième mandat. Réponse des spin doctors de l’Elysée : pour sauver son fils d’un changement de régime. Deuxième question : comment faire pour lui venir en aide ? Réponse des cerveaux de l’Elysée : faire adopter un mode de scrutin à la majorité relative et instituer un ticket présidentiel.
Sarkozy donna donc son feu vert à ces idées lumineuses de Claude Guéant, Robert Bourgi et Karim Wade bien épaulé par quelques conseillers proches et avec l’avis favorable de l’ambassadeur Normand à Dakar. Et voilà Wade prêt à défier les bombes de Kadhafi pour faire plaisir à celui qui lui a permis de trouver une telle parade « pour assomer l’opposition » comme il le dira lui-même aux jeunes du Pds en congrés.
Le projet qui a séduit Wade n’est pas totalement révélé par le texte soumis à l’Assemblée nationale. Effectivement, comme le président Wade l’a dit le vice-président qu’il choisira ne sera pas son fils. Dans le secret du projet Wade est exclu du schéma. Il n’est pas candidat dans le ticket, selon nos sources. Le ticket devrait consacrer la réconciliation entre le fils légitime Karim Wade et …Idrissa Seck le fils d’emprunt. Ainsi Seck serait …le vice président de Karim lui-même, le candidat pour le poste de président. Est-ce que Seck a accepté ? Les rencontres entre l’ancien Premier ministre et Robert Bourgi tendent à faire croire que l’idée a été au cours des discussions. Et Bourgi aurait rapporté l’accord de Seck à Karim entre la poire et le fromage du déjeuner quand il rencontra ce dernier toujours à Paris à la suite du café pris avec le maire de Thiès.
Ainsi la France a-t-il réglementé la succession au Sénégal en poussant Wade à remettre en cause l’élection à la majorité absolue. Et le silence de Seck peut être très bien être compris comme la preuve que le deal qui s’est joué à Paris entre Guéant mandaté par Sarkozy, Bourgi, Seck, Karim et l’ambassadeur de France à Dakar est estampillé Palais Elysée.
Il ne serait pas surprenant que dans les prochaines heures que Wade annonce qu’il ne sera pas candidat pour faire baisser la tension et garder toujours un joker en main avec le ticket Karim-Idy.
Frédéric TENDENG (Kotch)
