L’heure n’est pas à l’euphorie des lendemains de victoire farouchement arrachée à l’arbitraire et à la forfaiture. Non ! L’heure n’est pas aux commentaires stériles ni à la récupération politicienne, intellectuelle ou religieuse. Ce qui s’est passé est à l’honneur d’un sursaut populaire et patriotique pour redonner à notre République sa dignité bafouée depuis toute une décennie par la gestion familiale et catastrophique de l’Etat par les Wade.
L’heure est à la vigilance et à l’unité des forces vives dans un seul souci : obliger Wade à abdiquer. Pour cela, il doit faire une déclaration publique sur le retrait de sa candidature en 2012. C’est un combat obligatoire pour le respect de notre constitution. Qui trop embrasse, mal étreint. Ceci doit être le second round du combat contre Wade. Et nous devons le remporter très vite. Il ne faut pas laisser au vieux renard blessé le temps de se remettre de ses blessures. Ces forces vives regroupées dans le Mouvement du 23 juin 2011 ont un grand rendez-vous avec l’histoire. Elles sont aujourd’hui sous l’obligation de maintenir leur cohésion en vu des combats patriotiques qui les attendent. Elles ont l’obligation de veiller à ne plus rater une manifestation d’envergure dans la défense des intérêts du peuple. Toute manifestation ratée peut encore servir de bouée de sauvetage à Wade et de socle pour refaire surface.
Ceci nécessite de bons choix au plan des priorités, de la communication et de l’organisation. Quand le peuple s’approprie la pertinence dune lutte, il l’emporte forcément face au tyran. Mais faudrait-il user des mécanismes nécessaires pour le convaincre du bien fondé d’une telle lutte. Et, ce peuple, qui en a ras-le-bol des dérives des Wade, peut s’approprier, s’il ne l’a pas déjà fait, la lutte pour le retrait de sa candidature illégitime vu son âge, et illégal vis-à-vis de la Constitution. C’est la seule victoire qui pourrait l’achever et ceci doit se mener au plus vite car le temps presse. Il ne faut pas lui donner la latitude de se réorganiser avec les moyens financiers, matériels, administratifs, et corrupteurs de l’Etat.
Aujourd’hui, Dieu merci, nous vivons l’ère des nouvelles technologies de l’information et de la communication. La jeunesse dispose d’un espace d’information et de communication extraordinaire capable d’aider à la mobilisation. Et, les forces de l’ordre savent pertinemment que toute tentative visant à brutaliser des manifestants dans la rue peut être vue, au même moment, à travers le globe grâce à ces outils actuels de l’information et de la communication. Ce qui fait qu’elles sont obligées de faire très attention d’autant qu’elles sont membres à part entière du peuple dans lequel vivent leurs propres familles. Ce qui se faisait du temps de Mobutu et de Bokassa en termes de brutalité policière, dans le secret des dieux, est révolu. Maintenant, tout se sait très vite. Et c’est au grand bonheur des populations qui désirent manifester pour réclamer leur souveraineté totale. De toute façon, ces forces de l’ordre ont intérêts à faire attention car après la chute de ce régime, les Tortionnaires, les Tueurs et les Voleurs de la République devront êtres jugés par la République pour donner l’exemple.
Aujourd’hui, nous invitons nos concitoyens à rester à l’écoute des mots d’ordre du Mouvement du 23 juin 2011. Une révolution, après avoir dépassé le temps de la révolte spontanée avec succès, doit se poursuivre avec organisation et méthode. C’est très important. Nous faisons confiance, dans ce domaine, à la société civile, au mouvement Y’en marre et aux partis politiques qui viennent d’installer l’« Horreur au Palais ». Ils ont peur. Nous faisons confiance au peuple sénégalais pour sa détermination à ne pas baisser les bras. Nous faisons confiance au professionnalisme de la presse à qui nous disons de faire très attention afin de ne pas tomber dans le piège des tenants du pouvoir qui sont en train d’utiliser leur espace pour leur querelle de bas-étages.
Depuis onze ans, ces gens ont fait acte d’allégeance à Wade. Ils ont attendu que le peuple siffle la fin de la récréation pour tenter des justifications et autres accusations qui n’intéressent qu’eux-mêmes et qui démontrent, encore une fois, leur capacité à se trahir et à se vilipender mutuellement. Le débat est ailleurs.
Les populations sont fatiguées et réclament le départ de Wade. Le processus d’un tel départ doit commencer par son renoncement public à un troisième mandat. S’il hésite ou tarde à le faire, c’est parce qu’il veut encore ruser en tant que vieux renard blessé, à moins qu’il ne soit l’otage d’une bande de fossoyeurs de la République. Dans un cas comme dans l’autre, il reviendra au Mouvement du 23 juin 2011 d’organiser la résistance du peuple sinon ce dernier se lèvera encore de façon spontanée et redoutable. C’est fini. Wade est fini, il ne peut plus résister à la pression du peuple sénégalais qui ne veut plus de lui.
Nous souhaitons un bon rétablissement à tous les blessés lors de cette journée mémorable et demandons au Mouvement du 23 juin de dresser leurs noms afin que l’histoire les retienne et de se rapprocher d’eux pour voir les voies et moyens de les aider à guérir leurs blessures dans la mesure du possible. Ces gens devront être honorés par le prochain régime.
Enfin, nous souhaitons un plein succès au nouveau livre d’Abdou Latif Coulibaly que nous considérons, avec respect, comme « un toréro dans l’areine » : La République abimée. Ce livre entre en droite ligne dans le combat que le peuple est en train de mener. C’est pourquoi, quand nous avions entendu, après le retrait du projet de loi le 23 juin 2011, à travers les ondes d’une radio de la place, un écrivain (c’est comme ça qu’il s’est étiqueté) appeler pour fustiger, avec démesure, de manière opportuniste, belliqueuse et belliciste, l’attitude des écrivains globalement, sans aucun discernement, nous nous sommes demandés où était-il pendant que nous luttions depuis des années avec comme armes nos publications, nos articles de presse, nos sorties dans les médias et nos participations aux différentes marches organisées afin de jouer notre rôle citoyen ? Où était-il celui-là? Par respect à des écrivains comme Abdou Latif Coulibaly, Mody Niang, Mandiaye Gaye, Fadel Dia, Momar Mbaye, Souleymane Jule Diop, Feu Mamadou Dia, Babacar Sall (Harmattan) etc., ce monsieur doit, la prochaine fois, éviter ce genre d’activisme puéril. Il existe dans ce pays des écrivains qui jouent leur rôle de façon patriotique et courageuse. Et nous prenons le peuple à témoin. Quant à certains, ils sont tout à fait libres de continuer à chanter les louanges des Wade. Avec ou sans eux, le peuple a décidé de reprendre totalement sa souveraineté de façon pérenne et il y arrivera sous peu de temps. C’est certain.
Tafsir Ndické DIEYE
Auteur de polars et de poésie dont :
Odeur de sang (polar), Silence ! On s’aime (Poésie)
Editions Le Manuscrit Paris mars 2008
Horreur au palais NEI/CEDA Abidjan Novembre 2010
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