De casus belli au voile : quand la communication de SONKO piège les adeptes de l’écoute projective
Il est rare de voir un homme politique dont les propos sont aussi déformés que ceux de Ousmane SONKO, après chacune de ses déclarations. Ainsi, après chaque sortie du ci-devant principal opposant à l’ancien régime de Macky SALL et actuel Premier Ministre, ses proposes sont dévoyés.
Ce dévoiement n’est nullement imputable à un manque de clarté du discours. Il est par contre induit par une pratique d’écoute en communication : l’écoute projective.
Ecoute active, passive et projective!
En écoute active, le récepteur écoute pour comprendre le message. Il est concentré sur les propos de l’émetteur plutôt que de réfléchir à sa propre réponse comme réaction. Quant à l’écoute passive, elle se manifeste par un manque de réaction ; c’est une simple écoute sans réaction de l’auditeur. L’écoute projective aussi appelée écoute sélective, se définit par une sélection d’une ou des partie (s) du discours. L’auditeur sélectionne ainsi un passage qui l’intéresse pour le sortir de son contexte. Ce processus d’écoute conduit toujours à la distorsion du message. Il résulte du manque d’alignement de l’interlocuteur sur l’objet de communication du locuteur.
L’exposé sur ces types d’écoute en communication est un impératif à la compréhension du comportement de certains « récepteurs » du message du Premier Ministre, Ousmane SONKO.
Cette déformation systématique du message de SONKO trouve sa raison dans une logique de diabolisation afin de ternir son image.
Un message limpide et clair !
L’accueil de Mélenchon a été l’élément révélateur de la position de ses nouveaux pourfendeurs. Le message était pourtant clair ; une possibilité de guerre qui serait causée par une volonté d’imposition d’idéologie. Après cette cérémonie, celle du concours générale a été une autre occasion de ses « déformateurs » de s’illustrer dans la vaine tentative de déformation. Ce public singulier se focalise tellement sur des détails que l’essentiel lui échappe. Ce projet de diabolisation existe depuis l’entrée du leader de Pastef en politique, mais n’a pas prospéré. Il a produit un effet boomerang.
Un discours déformé par un public « hostile convaincu » !
Cette catégorie de récepteurs est appelée en prise de parole en public, un public « hostile convaincu ». Ce public est composé d’individus qui rejettent la personne énonciatrice du message. Quel que soit le type de message porté, rien de ce qu’elle dit n’est accepté. Ainsi, les pourfendeurs de Ousmane SONKO ont une obsession du détail. Cette obsession les pousse à fonder leur contradiction sur un pont imaginaire fébrilement construit dont la démolition n’a point besoin de dynamitage. Ils essaient ainsi de créer un problème imaginaire de réception sémantique du message. Il faut se réjouir qu’à chaque fois que son discours est déformé par les adeptes de l’écoute projective, une vague de clarifications, par ondulation, emporte leur pont de déformation au fond de la banquise, laissant apparaître un message limpide, touchant plus de cibles qu’auparavant.
La stratégie des contempteurs a constitué la sève nourricière à laquelle s’est abreuvé le Premier Ministre, Ousmane SONKO pour arriver au pouvoir avec Bassirou Dimaye Diakhar FAYE comme Président de la République. Un public hostile convaincu n’est point intéressé par le discours, c’est le porteur du discours qu’il ne supporte pas. Un discours de SONKO porté par une autre personnalité serait sans doute accepté et apprécié par ses contempteurs. On peut en conclure que ce n’est pas le discours qui dérange, mais le porteur du discours. L’écoute projective est le propre du public hostile convaincu. Il faut noter que l’écoute projective tire ses origines de la projection en psychanalyse freudienne. Il s’agit d’une opération par laquelle l’auteur attribue à l’autre, des sentiments, des désirs qu’il refuse de reconnaître comme lui appartenant. C’est donc un mécanisme de défense du « moi » consistant à nier pour soi un sentiment, un désir…intolérable et à l’attribuer à l’autre, et, ainsi, d’agent on se transforme en victime. A titre d’exemple, on va accuser un voisin de nous haïr pour ne pas s’avouer à soi-même que l’on hait le voisin. La déformation du discours du leader de Pastef est l’expression d’une incontinence émotionnelle d’un sentiment de haine.
L’attitude face à un tel public n’est pas l’argumentation pour convaincre. C’est de préférence, livrer son message. Ce qui ne nécessite pas de passer par les quatre mécanismes de la communication : informer, expliquer, convaincre et faire adhérer. Car, ce public conçoit sa réponse à un discours non encore produit, dès l’instant qu’il connait le porteur du message.
De l’imposition d’un aggiornamento de stratégie d’opposition
Face à l’ancien régime, le Pastef et son leader ont résisté et réussi. Plus il est diabolisé, plus SONKO gagnait (de) la sympathie. Après l’arrivée de Pastef au pouvoir, vouloir continuer la même stratégie pour combattre son leader relève d’un manque de stratégie. Ce manque de stratégie se manifeste dans un discours aux éléments de langage monotone : SONKO avait promis, SONKO est contradictoire, SONKO est bavard, il ne devait pas dire ça, il n’y a pas de projet…Cette rengaine d’affirmation ou de négation constitue l’axe de communication des pourfendeurs du Projet. Une veille permet de constater que ce même type de discours est servi depuis l’arrivée de Pastef au pouvoir, un discours que les contempteurs veulent faire passer pour un axiome. De cette manière, leurs futurs commentaires d’un futur discours de Ousmane SONKO, président de Pastef ou Premier Ministre, seront du même registre. L’opposition de Pastef au régime de Macky SALL était propre à un contexte. Cette attitude de diabolisation, par la déformation du message, par l’étiquetage social est existante depuis l’ancien régime. Ce n’est pas une nouveauté, mais une continuité. Un changement de contexte impose un changement de stratégie de s’opposer à l’actuel régime.
Des partisans de Pastef, il faut une accentuation de l’écoute compatissante, une métacommunication !
La déformation des propos de Ousmane SONKO a toujours été une occasion pour ses partisans et certains personnages de l’espace médiatique de procéder à des séances de clarification face à toute velléité de présenter un problème de réception sémantique. Cette clarification du discours du leader de Pastef, pour emprunter le terme de l’anthropologue, psychologue et épistémologue américain, Gregory Bateson, est une métacommunication.
La métacommunication se présente comme la capacité à communiquer sur la manière de communiquer. Elle invite à prendre du recul, de la hauteur sur ce qui est en train de se jouer dans la relation. Le partisan est donc celui qui partage le code linguistique avec son leader et qui, par conséquent, comprend mieux son message. C’est pourquoi, il doit toujours « repréciser » tout discours déformé, dans un langage clair et précis. Certes, la clarification est en train de démolir le pont imaginaire mais, elle doit être structurée, harmonisée, en identifiant la cible, le contexte de communication…
Sidy SARR, Journaliste-Enseignant en Journalisme et Communication