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UCAD : CINQUANTE ANS APRÈS… Le regard de Mamadou Albert Sy

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L’ouvrage riche de 138 pages revisite l’histoire de l’université de Dakar durant ces cinquante ans à travers les tendances lourdes de l’évolution de l’Ucad ; le mouvement étudiant ; les facettes de la crise identitaire et la vocation panafricaine de l’Université Cheikh Anta Diop.

Le journaliste Mamadou Albert Sy, auteur de l’ouvrage : « Ucad cinquante ans après… Les mutations profondes de la communauté universitaire », a présenté, vendredi dernier, son livre au public. A travers cet essai, il jette avec la loupe du « journaliste citoyen » un regard sur l’histoire de l’Université Cheikh Anta Diop, durant ces cinquante ans. Il a expliqué être animé, en écrivant cet ouvrage, « par le souci de sortir la communauté universitaire de son silence » et de « poser les problèmes fondamentaux, de questionner certaines pratiques nocives et d’ouvrir la réflexion sur les enjeux de l’Enseignement supérieur et l’éducation dans notre pays ».

« Il s’agit, à travers ce livre, dit-il, d’une invite à une réévaluation critique de l’Enseignement supérieur, de la formation des élites, du mouvement étudiant, du statut de l’enseignant et de l’administration, du changement radical de l’image de l’Ucad transformée en jungle où la violence, les intérêts de groupe et des corporations dictent leur loi à la marche de l’institution paralysée par des pesanteurs insoupçonnées de l’opinion publique et des partenaires ».

Mamadou Sy Albert, qui se dit surpris de constater que l’histoire de l’université est « loin d’être écrite par les universitaires », a soutenu que « l’Ucad peut et doit relever le défi de réfléchir sur elle-même, sur ses rapports avec la société et sur ses perspectives pour, qu’enfin, l’Enseignement supérieur soit la sur-priorité de notre système éducatif et de notre modèle de développement », parce qu’il est convaincu que « les ressources existent, la volonté aussi ».

Riche débat

La journée de dédicace a donné lieu à un riche débat avec les universitaires. Mme Aminata Diaw Cissé, professeur de philosophie, a souligné que des écrits sur l’université existent mais de manière fragmentée, souhaitant que « cette histoire soit écrite de manière cohérente », non sans déplorer l’absence de l’Etat dans l’ouvrage qui, à son avis, est très important puisque c’est lui qui donne les mayens.

Mme Cissé a aussi souligné que l’année 1986 est une date charnière dans la vie de l’université car elle correspond à la construction d’une mosquée au sein du campus social. Elle relève que la question du silence revient depuis 1988 et qu’il faut attaquer « de manière frontale ». Selon elle, « il n’y a pas de silence à l’université mais les universitaires parlent dans des lieux différenciés ».

Pour le premier recteur sénégalais de l’Ucad, Seydou Madani Sy, l’année 1971 constitue aussi une date charnière. « C’est en cette année que le président Léopold Sédar Senghor a nommé, pour la première fois, un Sénégalais à la tête de cette institution », a-t-il déclaré.

Il a aussi noté que la politique a toujours existé dans l’espace universitaire, ainsi que la violence. « A l’époque, il était mal vu d’être étudiant Ups (Union progressiste sénégalaise), alors au pouvoir », a-t-il fait savoir. M. Sy a indiqué qu’à la différence du mouvement étudiant actuel, celui des années 1970 avait des revendications qui tournaient autour de l’africanisation des programmes et du corps enseignant.

« Il y avait un mouvement étudiant, certes perturbant, mais qui croyait à quelque chose », a-t-il soutenu.

Le médiateur de l’Ucad, Babacar Diop Bouba et le philosophe et écrivain Hamidou Dia ont relevé la « wolofisation » de l’espace universitaire et l’apparition de barbarismes tels que « cartouchards », « maîtrisards ».

Ils ont soutenu que le « gigantisme » de l’Ucad n’est pas sans conséquence. « Aujourd’hui, la triche est devenue industrielle, surtout avec les sms », a dit le médiateur.

Quant à Amady Aly Dieng, qui s’est félicité de la parution de l’ouvrage du journaliste Mamadou Albert Sy, il a soutenu que les diplômes sont, en Afrique, « de véritables freins aux études ». Il ajoute même que certains en font « une fin en soi ». « Je préfère un mauvais ouvrage à l’absence d’ouvrage », a-t-il dit, d’un ton caricatural.

Mamadou GUEYE
lesoleil.sn

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