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Macky Sall, la peur du retour sur les lieux du crime

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En début de semaine dernière, Macky Sall mettait fin à toute spéculation sur un retour au pays. La tête de liste de la coalition Takku Wallu ne battra pas campagne pour les législatives. Sur le terrain physiquement, mais il utilise les bienfaits des réseaux sociaux pour doper de très loin ses troupes. De quoi a-t-il réellement peur ?

A l’annonce de son nom pour diriger la liste de la coalition Takku Wallu, beaucoup avaient spéculé sur les raisons qui ont poussé Macky Sall à vouloir revenir sur le terrain politique. Un retour précipité ou prématuré puisqu’il doit intervenir sept mois seulement après la fin de son régime. Pour la petite histoire, sitôt après sa passation de service avec son successeur, l’ex Chef de l’État s’est envolé à destination du Maroc où il a décidé d’élire domicile loin de ses militants. C’est pourquoi après ce choix surprenant, la question était de savoir si Macky Sall va prendre son courage à deux mains pour revenir au pays et battre campagne… Tout comme le cas de Karim Wade devenu une arlésienne politique, Macky Sall semble s’inscrire sur le même registre. Autrement dit l’exil ou la prison ? Pourtant du côté de son camp politique, l’annonce du retour de leur leader était annoncée dans des timing précis. Surtout que Macky Sall profitait de toutes les rencontres politiques organisées par son « faible » Etat-major pour dialoguer via les réseaux sociaux avec ses partisans. Ces derniers qui gardaient un mince espoir de le voir fouler des pieds le sol sénégalais en mouillant le maillot de la coalition Takku Wallu vont déchanter. Pour preuve, le président Macky Sall a informé directement ses partisans via radio « RFI » qu’il ne foulera pas le sol sénégalais.

« Mon retour n’est pas à l’ordre du jour »

«Vous savez, mon retour au Sénégal n’est pas encore à l’ordre du jour. Une fois décidé, je ferai moi-même une annonce officielle et l’information va circuler. En quittant le Sénégal, je n’ai fait que respecter la tradition, parce que quand un président est méprisé au pouvoir, il doit se retirer pour laisser le soin à ses successeurs afin qu’ils puissent bien dérouler’’, a déclaré Macky Sall dans une interview accordée à RFI mardi dernier. Poursuivant, l’ancien chef de l’État s’est expliqué sur son come-back dans le landerneau politique. «Mes alliés, mes compagnons m’ont demandé de revenir pour diriger la liste pour soit gagner cette élection, sinon faire partie de ceux qui vont aider le peuple à sortir de la situation difficile à laquelle il fait face aujourd’hui, parce que cela fait sept mois que le nouveau régime est là, mais rien et nous avons peur que si rien n’est fait, ça va être difficile pour les Sénégalais’» a-t-il soutenu.

Pourtant tout portait à croire à un prochain retour du président Macky Sall dès lors que les premiers jours qui ont suivi cette nouvelle, il a démissionné de son poste d’envoyé spécial et président du comité de suivi du Pacte de Paris pour la planète et les peuples. D’où l’espoir de son proche entourage qui avait donné des assurances que leur mentor sera bel et bien à Dakar. Non seulement pour remobiliser ses troupes, mais imposer la cohabitation à l’actuel régime. Interrogée sur les éventuels risques d’un tel retour, l’ancienne ministre Thérèse Faye avait laissé entendre que son mentor n’avait pas de sens interdit au Sénégal. Par conséquent, d’après elle, partout où il passera, Macky sera accueilli en grande pompe au regard des nombreuses infrastructures qu’il a lui-même réalisées.

Macky va-t-il subir le même sort que Karim ?

Mais voilà que quelques jours après le démarrage de la campagne, pas l’ombre de Macky au Sénégal. Il semble emboité le pas à Karim Wade. Après avoir été contraint de quitter le pays pour Qatar (Doha), Wade-fils dirigeait son parti (Pds) via WhatsApp. A un moment donné révélait « Le Témoin » quotidien, le fils de l’ex Chef de l’Etat Abdoulaye Wade voulait regagner le Sénégal, quitte à passer par la Mauritanie pour aller se réfugier directement à Touba. Informé de ce subterfuge de nature à troubler l’ordre public, le président Macky Sall avait fait brandir l’arme de la contrainte par corps relative à l’amende de 138 milliards Cfa, à laquelle Karim Wade a été condamné en 2016. Aujourd’hui, l’ancien président Macky Sall est confronté à cette même situation depuis son exil de Marrakech (Maroc). Donc il ne fait l’ombre d’aucun doute que Macky Sall avait décidé de battre campagne à distance en vue du scrutin du 17 nombre prochain. Et d’ailleurs, il est en train de le faire.

De l’espoir à la crainte !

L’histoire politique du Sénégal a montré que les jours qui suivent la perte du pouvoir sont toujours difficiles pour le régime sortant. L’APR qui n’échappe pas à cette règle est en train de vivre douloureusement cette situation. En effet, sitôt sa défaite actée, le parti de Macky Sall a d’abord ressenti le coup de la scission de sa coalition qu’il a lui-même décrétée. Elle a été suivie par une série de départs dont celui de son candidat Amadou Ba classé deuxième à la dernière présidentielle. Et de grands responsables qui pour la plupart ont migré vers la mouvance présidentielle alors que d’autres ont décidé de suspendre leurs activités politiques. Ceci a naturellement affaibli la famille marron beige. C’est dans ce contexte de troubles au sein de l’Apr que les élections législatives vont se tenir. Ainsi, conscient de cette donne qui ne lui est pas favorable, Macky Sall n’a pas voulu prendre de risques de descendre sur le terrain et battre campagne pour le compte de sa coalition. Alors qu’il espérait un accueil triomphal de l’aéroport de Diass jusqu’à la Vdn/Dakar par des…millions de militants. Et puis sachant qu’il doit en découdre avec son adversaire juré en l’occurrence Ousmane Sonko actuel Premier ministre, Macky Sall est plus que convaincu qu’il a peu de chances de sortir victorieux de ce duel au cas où la dynamique de victoire du Pastef de la dernière présidentielle est maintenue. Ce revers de plus constituerait une humiliation qui pourrait aboutir à sa mort politique. Désespéré, Macky a préféré déserter l’arène pour tenter de combattre numériquement ou « whatsappement » le leader de Pastef.

Ousmane Sonko largement favori dans cette compétition électorale malgré les nombreuses attaques de l’opposition à son encontre est tout de même parvenu à garder sa coalition intacte et de la massifier entre temps…Parmi les raisons qui expliqueraient l’absence de Macky Sall il faut également citer la colère des populations très remontés contre lui et qui lui en veulent pour avoir laissé «un pays en ruines». Ainsi, pour lui manifester leur désarroi, occasion ne pouvait être plus rêvée que la campagne électorale où ses caravanes et meeting seraient à l’épreuve des huées et des «sonkorisations» Ce qui apparaîtrait surtout à l’échelle internationale comme un désaveu total du peuple avec son ancien Chef de l’État.

Inquiétudes sur d’éventuelles poursuites…

S’il est indéniable que c’est sous le règne de Macky Sall que le Sénégal a connu autant d’infrastructures, il est aussi vrai que c’est sous son magistère que notre pays a vécu les pires moments de son recul démocratique et de la mal gouvernance. Durant toute sa gouvernance particulièrement ces trois dernières années, l’ancien chef de l’État est accusé d’avoir foulé du pied toutes les règles édictées par notre charte fondamentale avec la complicité d’une justice et d’une administration sous ses ordres. Dans le cadre de la gestion des deniers publics, il n’a pas fait mieux puisque malgré les nombreux rapports d’audit épinglant des membres de son entourage, Macky Sall a mis en avant l’impunité alors que pour moins que ça ses opposants ont été sévèrement condamnés. Pourtant rien que pour ces actes aux antipodes de son serment, Macky Sall méritait de s’expliquer devant la justice. Mais c’est à partir de 2021 qu’il a véritablement touché le fond de la violation du contrat avec son peuple. Lequel a été soumis à toutes les épreuves: un festival de dilapidations de nos ressources, un millier de personnes emprisonnées, des dizaines tuées… Et au finish, sentant le pouvoir lui échapper, il a fait voter par ses députés une loi d’amnistie pour passer l’éponge sur tous ces crimes. Mais c’était sans compter la décision ferme des familles des victimes de le poursuivre pour des actes de crimes contre l’humanité et de réclamer son extradition pour son jugement.

Face à une telle situation, dépourvu de toute garantie d’échapper aux poursuites, Macky Sall jouerait au suicide une fois débarqué au sénégalais. Si on y ajoute la récente sortie du Chef du gouvernement qui, faisant le bilan économique de l’ancien régime, a indiqué qu’il a menti aux partenaires et au peuple en falsifiant des chiffres financiers. D’après lui, le rapport sur la situation des finances publiques a révélé que la dette publique et le déficit budgétaire ont été plus élevés que publiés. De ce fait, le Premier ministre a laissé entendre la volonté des autorités de régler les comptes à ceux qui ont gouverné le pays pendant les douze dernières années en citant nommément leur tête de file l’ancien Président de la République Macky Sall. Des révélations explosives qui en ont rajouté à la frustration du peuple à leur ex Chef de l’État. Une raison de plus aussi qui aurait découragé ce dernier à venir défendre son programme de campagne malgré son démenti face à ces accusations.

Le Témoin

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