XALIMANEWS- Médecin-chef du district sanitaire de Matam, le Docteur Alioune Badara Mbacké a pris, hier, une peine ferme de 45 jours pour coups et blessures volontaires et violences et voies de fait au préjudice de son ex-épouse Dieynaba Sangharé Ndiaye. Ses co-prévenus Djibril Mbodj, Oumar Ly Ba, Ibrahima Sow et Mayacine Guèye ont écopé chacun de deux mois avec sursis. Ce jugement rendu par le tribunal de cette région suscite une polémique. Frère de la partie civile emprisonnée à la prison des femmes de Liberté 6, Amadou Issa Dit Noirot Ndiaye, a réagi, suite à cette décision rendue. « Veut-on vraiment nous faire croire que c’est Dieynaba la délinquante dans cette affaire ? » «Au Sénégal, l’injustice entre hommes et femmes est flagrante. Prenons le cas de Dieynaba : elle a été battue, torturée, mise en danger, séquestrée et emmenée de force, et elle a écopé de trois (3) mois de prison avec des dommages et intérêts d’une somme de quatre (4) millions de francs CFA simplement parce qu’elle a filmé son bourreau en train de se laver. Pendant ce temps, celui qui l’a tapée, séquestrée ou fait séquestrer s’en sort avec un mois et quinze (15) jours. Où est l’équité ici ? Veut-on vraiment nous faire croire que c’est Dieynaba la délinquante dans cette affaire ? », a-t-il déclaré. Tout en continuant à se poser des questions de savoir «est-ce que la femme a sérieusement une place d’être humain au Sénégal ? Qu’est-ce qui se passe dans notre pays ? Des centaines de femmes seront battues par leur mari quelque part au Sénégal, et aucune d’entre elles n’osera sortir pour dénoncer, parce qu’en réalité, ça ne sert à absolument rien. Que dire à ces femmes, sachant que la justice ne sera pas là pour les protéger ? Ont-elles seulement le courage d’aller dénoncer leurs bourreaux ? » À un moment donné, dit-il, il faudrait sérieusement qu’on se dise la vérité. « C’est vraiment fou ce qui se passe ici. Très chères sœurs, armez-vous de courage, car le combat est très sérieux et risque d’être très long, mais il est indispensable. On ne lâchera pas prise tant qu’il n’aura pas payé pour tout le mal qu’il a fait aux femmes. Lors du procès, il a reconnu avoir menti à ses employés, en leur demandant d’emmener de force une soi-disant malade mentale, alors que Dieynaba, sans aucun doute, est plus saine d’esprit que lui », a-t-il lancé Amadou Issa Ndiaye, à l’endroit des femmes. «Que vaut la souffrance des femmes aux yeux de la justice ? » Par ailleurs, le frère de la victime souligne que l’état d’esprit de Dieynaba Ndiaye après cette décision risque d’être marqué par une profonde amertume, une grande tristesse, et une perte de confiance en la justice. « Elle s’est battue pour obtenir réparation après les violences qu’elle a subies, mais se retrouve avec une peine plus lourde que celle infligée à son agresseur. À travers ce jugement, elle peut ressentir que sa douleur n’a pas été reconnue à sa juste valeur, et que son combat a été minimisé », fait-il savoir. Puis, il ajoute : «Dieynaba pourrait se sentir humiliée, blessée, et abandonnée par le système qui devrait pourtant protéger les victimes. Ce genre de situation laisse un goût amer et peut susciter un sentiment de désespoir, non seulement pour elle, mais aussi pour les nombreuses femmes qui traversent des expériences similaires. Elle pourrait aussi se poser des questions sur le message envoyé par cette décision : que vaut la souffrance des femmes aux yeux de la justice ? ».
Avec Seneweb