Le Sénégal va vers l’installation de sa 15e législature. Une ère nouvelle doit impérativement s’ouvrir dans ce pays. Le peuple attend des ruptures sincères et efficientes. Et comme dans toute démocratie, le Sénégal a besoin d’une assemblée nationale forte et fonctionnelle qui joue véritablement son rôle en tant que deuxième institution de l’État.
Si les Sénégalais sont dégoûtés par l’Assemblée nationale, c’est parce que l’institution non seulement a été de tout temps une caisse de résonance de l’exécutif. Mais pire, elle a été transformée en foire d’empoigne où des députés irresponsables se distinguaient plus par leurs capacités à proférer des insanités, des insultes et des invectives. Au point qu’il s’avère légitime de critiquer l’Assemblée nationale pour son manque d’indépendance, son incapacité à jouer véritablement son rôle et son manque d’impact sur les politiques publiques.
Pourtant, l’Assemblée nationale joue un rôle crucial dans un vrai système démocratique. Elle est responsable de la représentation du peuple, de l’élaboration des lois, de la surveillance des actions du gouvernement et du contrôle démocratique.
Si on veut permettre à notre Assemblée nationale de jouer pleinement son rôle, forcément il faut aller vers des réformes consolidantes . L’un des principaux problèmes auxquels l’Assemblée nationale est confrontée est le manque d’indépendance par rapport au pouvoir exécutif. En effet, le système politique sénégalais est caractérisé par une forte concentration des pouvoirs entre les mains du président de la République, ce qui peut conduire à une domination du pouvoir exécutif sur l’Assemblée nationale. Cela limite l’autonomie et la capacité d’initiative de l’Assemblée nationale à jouer un rôle actif dans le processus législatif et dans le contrôle des politiques publiques.
Pour remédier à cette situation, il est nécessaire de mettre en place des réformes institutionnelles afin de renforcer l’indépendance et le pouvoir de l’Assemblée nationale.
De plus, l’Assemblée nationale doit développer une réelle capacité d’initiatives législatives. Actuellement, la majorité des propositions de lois proviennent du gouvernement, ce qui limite la capacité de l’Assemblée nationale à intervenir de manière proactive dans l’élaboration de lois bénéfiques pour le pays. Il est essential de promouvoir une culture législative plus dynamique, permettant aux parlementaires de formuler des propositions et d’organiser des débats ouverts sur des questions clés pour le développement du Sénégal.
En outre, l’Assemblée nationale doit jouer un rôle plus actif dans le contrôle des politiques publiques mises en œuvre par le gouvernement. Cela implique un véritable suivi des politiques publiques, la mise en place de mécanismes de contrôle efficaces pour évaluer leur efficacité et dénoncer les éventuelles dérives. L’Assemblée nationale doit pouvoir demander des comptes au gouvernement, poser des questions, organiser des auditions et participer pleinement aux commissions d’enquête parlementaires.
Pour renforcer l’efficacité de l’Assemblée nationale, il est d’une impérieuse nécessité d’investir dans le renforcement des capacités des parlementaires en mettant à leur disposition des assistants parlementaires.
Enfin, pour assurer une véritable rupture par rapport à la situation actuelle de l’Assemblée nationale, il est essentiel de promouvoir une culture parlementaire favorable à la démocratie, à la transparence et à la responsabilité. Cela implique de renforcer l’éthique politique et d’encourager le dialogue constructif entre les différentes forces politiques.
Les députés élus ont cette lourde mission de redorer le blason de l’Assemblée nationale. Et cette mission n’est pas impossible. Il suffit d’avoir cette ferme volonté d’opérer des ruptures essentielles afin de bâtir un Sénégal nouveau. L’Assemblée nationale pourra ainsi devenir un véritable moteur de développement démocratique et un acteur clé dans la construction d’une société sénégalaise plus juste et inclusive.
Pape Alé Niang