Business – Si 2009 aura été l’année des smartphones, elle aura surtout été celle de l’iPhone d’Apple. Véritable succès mondial basé sur un marketing redoutable, le terminal à la pomme a résisté à tous les assauts de la concurrence.
Tout avait plutôt mal commencé pour le secteur de la téléphonie mobile : 2009 se présentait sous les pires augures avec la crise économico-financière. Très pessimistes, analystes et observateurs tablaient sur des ventes mondiales en chute libre, une première depuis que ce marché est devenu grand public.
Douze mois plus tard, la situation a bien changé. Non seulement les ventes globales devraient finalement être stables (les prévisionnistes ont une nouvelle fois été à côté de la plaque), mais le secteur s’est trouvé un relais de taille avec le segment des smartphones.
Portés par l’essor des réseaux haut débit mobile (3G/3G+) et par les offres d’abondance des opérateurs, ces terminaux ont eu le vent en poupe toute l’année, affichant un insolent taux de croissance à deux chiffres.
Un duo implacable : iPhone et AppStore
L’iPhone a été le principal bénéficiaire de cet engouement, suivi par une concurrence qui a tenté de s’aligner sur la stratégie d’Apple. En vain pour le moment.
Sur le modèle iPod/ iTunes, Apple a recréé un duo implacable : d’un côté son iPhone et de l’autre son AppStore, une boutique en ligne avec des milliers d’applications téléchargeables en un clic.
Un dispositif qui a enrichi la firme de Steve Jobs comme jamais. Au premier trimestre 2009, elle affiche un bénéfice net historique de 1,61 milliard de dollars, dopée par les ventes de son smartphone qui ont bondi de 88%, soit 4,36 millions d’unités écoulées.
Début 2009, Apple annonce avoir vendu plus de 17 millions d’iPhone (2G et 3G) et son App Store, qui propose plus de 15 000 applications, a dépassé les 500 millions de téléchargements.
1 million d’iPhone 3GS vendu en 3 jours
Malgré la remise en cause de son modèle d’exclusivité dans certains pays, l’iPhone se vend comme des petits pains et devient un véritable phénomène de société. Mais Apple n’entend pas en rester là.
Au terme d’un buzz mondial sur la Toile, le constructeur américain annonce le lancement en juin de la 3e évolution de son smartphone, l’iPhone 3G S. Plus rapide et corrigeant les gros oublis de son prédécesseur, cette mouture associée à un nouvel OS donne de nouvelles armes à Apple pour consolider sa domination.
Le succès est immédiatement au rendez-vous, un million d’exemplaires est écoulé en 3 jours ! Dans certains pays comme la France, la pomme concentre la moitié des ventes de smartphones et affiche une rentabilité supérieure à celle de Nokia, avec une seule référence contre des dizaines de modèles chez la concurrence. Du jamais vu.
Une concurrence qui se met doucement en ordre de bataille. C’est à ce moment que surgit l’expression « iPhone killer », définissant un terminal pensé pour concurrencer frontalement l’iPhone.
L’offensive de la concurrence emmenée par Palm et son Pré
La première offensive est lancée par Palm que l’on croyait presque enterré. Lors du Mobile World Congress de Barcelone en février, le fabricant présente le Pré, un terminal associé à un nouveau système d’exploitation baptisé WebOS.
Lancé aux Etats-Unis en juin, le Pré est salué par la critique et connaît même un bon démarrage. Mais le terminal, limité au territoire américain, ne fait pas le poids.
Par la suite, les géants du secteur multiplient les lancements, notamment Samsung et LG. Leurs terminaux sont loin d’être ratés, pourtant, ils n’entament en rien la montée en puissance de l’iPhone 3GS.
Même le roi du mobile, le finlandais Nokia se casse les dents. Lancé en juin, son N97 associé au nouvel OVI Store affiche de grandes ambitions. Quatre mois plus tard, 2 millions d’exemplaires sont écoulés, Apple avait atteint la moitié de ce résultat en 3 jours…
Les dirigeants de Nokia s’agacent
Les responsables de Nokia commencent à s’agacer et cherchent des coupables. Sur ZDNet.fr, Serge Ferré, vice-président du fabricant, critique l’attitude des distributeurs qui mettent en avant l’iPhone quel que soit le profil du client. Mauvais perdant ?
En tout cas, la part du finlandais dans les smartphones fond comme neige au soleil et le groupe annonce une réorganisation pour tenter d’améliorer sa réactivité sur ce segment.
Pour s’aligner sur Apple, les fabricants ont une autre idée : lancer leur boutique d’application. Le suivisme est à l’ordre du jour mais c’est déjà presque trop tard. En tout cas, Palm, Samsung, Microsoft ou encore RIM (BlackBerry) ouvrent leur plate-forme.
Constatant le KO de la concurrence, les observateurs jettent leur dévolu sur les smartphones sous Android, annoncés fin 2008 et qui commencent à se multiplier en 2009. L’OS de Google est plébiscité et est associé à une boutique d’applications, l’Android Market.
Android, une alternative crédible encore mineure
Pas mal de fabricants sont de la partie. L’alternative est crédible notamment grâce au nombre de références et à une évolution rapide de l’OS. Reste que, malgré le nombre, Android est encore loin de titiller Apple. Aux Etats-Unis, la base installée est passée de 427 000 utilisateurs en février à un peu plus d’un million en octobre. Pour autant, le cabinet Gartner estime qu’Android devrait devenir le numéro deux mondial d’ici à 2013.
RIM qui domine le marché des smartphones aux Etats-Unis doit également réagir. Ses terminaux austères ne séduisent plus les cadres dynamiques. La première tentative est un échec cuisant. Le Storm, premier smartphone à écran tactile du canadien, est épinglé pour ses lacunes. Son évolution, le Storm 2, corrige les erreurs du passé.
Quant à Microsoft, il tente la contre-offensive avec Windows Mobile 6.5 qui équipe un nombre important de smartphones. Mais la nouvelle mouture de Redmond ne semble pas convaincre. Reste que certains smartphones équipés commencent sérieusement à se rapprocher de l’expérience iPhone, notamment le très réussi HTC HD2.
Un iPhone 4 en 2010 ?
La concurrence a beau multiplier les références, casser les prix, la courbe de croissance de l’iPhone ne plie pas. Au 3e trimestre, sur 41,06 millions de smartphones vendus dans le monde, 7,04 millions sont des iPhone ce qui octroie à Apple 17,1% de parts de marché, en progression de 49,2% par rapport au troisième trimestre 2008. Et l’App Store dépasse les 100 000 applications…
Les revenus générés par le smartphone et les applications dédiées, ont progressé au 3e trimestre de 185 % en un an, passant de 806 millions de dollars en 2008 à 2,297 milliards de dollars cette année.
La question est désormais de savoir si Apple pourra conserver ce rythme l’année prochaine avec une seule référence, alors que les mobiles Android ou Windows Mobile 6.5 (et bientôt Windows Mobile 7) vont se multiplier. Mais faisons lui confiance pour marquer 2010 de son empreinte avec un iPhone 4 qui déjà suscite le buzz…