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Wade, Sarkozy et Obama : de l’amour au désamour.

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Wade, Sarkozy et Obama : de l'amour au désamour.

Quand Nicolas Sarkozy est arrivé au pouvoir en France en mai 2007, son homologue sénégalais, Abdoulaye Wade, fait partie des premières personnalités auxquelles il s’est confié et auxquelles il a rendu visite. Wade croyait trouver en ce jeune nouveau président, idéologiquement de droite comme lui, un partenaire durable. Mais le charme ne dure pas longtemps. L’idylle vire rapidement à la méfiance puis, récemment, au désamour. En cause, un problème relationnel. Sarkozy a toujours trouvé Wade un peu trop donneur de leçons. Mais c’est surtout le projet de dévolution monarchique du pouvoir prêté au numéro un sénégalais qui a altéré son image aux yeux du locataire de l’Elysée. La proximité de Karim Wade, fils et héritier présomptif d’Abdoulaye, avec le secrétaire général de l’Elysée, Claude Guéant, n’y a rien changé. D’autant que Sarkozy avait à Dakar un ambassadeur très peu diplomate, Jean-Christophe Rufin, écrivain renommé, qui l’inondait de notes et de fiches sur tous les travers du régime sénégalais. L’arrivée au Quai d’Orsay d’Alain Juppé, au lendemain de l’échec honteux de la diplomatie française lors de la révolution du jasmin en Tunisie, n’a pas été pour arranger les choses. Venu pour repositionner la France dans son rôle de défenseur de la démocratie et des droits de l’homme sur la scène mondiale, Juppé ne s’est pas encombré de fioritures diplomatiques pour dénoncer la démarche de Wade, quand il a entrepris de réviser la Constitution sénégalaise pour se perpétuer au pouvoir et se choisir un dauphin. La mission effectuée à Benghazi à l’instigation de la France par le numéro un sénégalais, escorté par deux Mirages de l’armée française, a d’autant moins gêné Juppé qu’il n’a pas géré cette opération.La ligne dure dorénavant adoptée par Paris est inflexible. Washington l’a presque sommée de mettre de l’ordre dans son ancien pré-carré et de gérer le dossier Sénégal avec fermeté, vu que ce pays est une des « zones d’influence » en Afrique. A la différence de celle de George Bush, l’Amérique de Barack Obama a toujours très mal perçu le régime de Wade. Ce n’est pas un hasard si le nouveau locataire de la Maison Blanche n’a jamais reçu son homologue sénégalais en visite officielle ou de travail. Les nombreux cabinets de lobbying payés aux Etats-Unis n’y ont rien changé. Obama a une image désastreuse du régime sénégalais qui renvoie à ses yeux au népotisme, à la corruption et à des atteintes répétées aux libertés politiques et de la presse… La position de l’ambassadrice des Etats-Unis à Dakar, Marcia Bernicat, qui finit sa mission à la fin de ce mois de juillet, n’y est pas pour rien. A l’occasion d’ailleurs de la signature de l’accord sur le Millenium Challenge Account (MCA), la secrétaire d’Etat américaine, Hillary Clinton, a pris Wade en aparté pour lui énumérer des griefs contre son régime, et lui dire que le MCA était plus un encouragement à s’amender qu’une reconnaissance de progrès accomplis. Les Etats-Unis ont aujourd’hui rallié la France à leur ligne dure sur le régime Wade. Ils estiment que ce dernier doit terminer son mandat et organiser une élection transparente pour transmettre pacifiquement le pouvoir. Il est peu probable que Wade leur obéisse.

 

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