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Sénégal : le blues des épouses d’émigrés

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“Mon mari est parti en 1992. Depuis il n’est pas revenu. Je ne vis pas, je vivote“. Cette complainte d’une jeune femme mariée à un émigré traduit le malaise existant dans certains couples.

« Comment voulez-vous que je sois heureuse quand mon mari est loin et que sa mère et ses sœurs me rendent la vie difficile ? Avec la crise, il n’envoie plus assez d’argent et ma belle-mère ne me donne que mille francs (1,5 euro) pour préparer le déjeuner et le dîner. En dehors du riz et de l’huile, je dois acheter tous les condiments. Ce n’est pas facile surtout quand on est un soutien de famille. Ma mère et mes sœurs comptent sur moi, car elles croient que je nage dans le bonheur dans cette grande maison. Je n’en peux plus, mais je ne veux pas divorcer, à cause de mon fils », se plaint-t-elle.m

A l’instar de Mamy, plusieurs épouses d’émigrés regrettent leur mariage une fois la lune de miel passée. Souvent, leurs époux sont des sans-papiers qui attendent d’avoir des titres de séjours pour revenir. S’il arrive qu’ils reviennent, ils ne restent que durant peu de temps.

Leurs enfants grandissent sans les connaître et leurs épousent vivent un calvaire indescriptible. Dans certains cas, la belle famille “leur fait des misères”. Certaines préfèrent vivre à la sueur de leur front en attendant le retour hypothétique du mari.

« Je travaille depuis cinq ans comme domestique. Ma belle-mère ne me donne que vingt mille francs par mois (30 euros). Je dois payer la scolarité de mes enfants et  aider ma famille restée au village. Au début, lui et sa mère ne voulaient pas que je travaille mais ils se sont finalement rendus à l’évidence », témoigne Yacine.

Il aura fallu beaucoup de courage et de détermination à cette femme pour accepter de braver les railleries et les invectives qu’une telle décision n’a pas manqué de susciter. « Au début, mes amies me fuyaient. Elles disaient que je déshonorais mon mari en travaillant comme “ménagère” pour 35 000 francs CFA (40 euros). J’ai hésité un moment, mais quand les besoins se sont accumulés, je n’ai pas eu le choix », explique-t-elle.

Anta, une autre épouse d’un émigré vivant en Italie est dans ce cas. Mariée depuis 1998, elle sert de femme de ménage au sein de la grande famille de son mari. Entre la cuisine, le linge et les travaux ménagers, elle trouve le temps d’exercer un petit commerce qui lui permet de satisfaire quelques besoins essentiels. Son mari ne travaillant plus du fait de la crise et de la montée du chômage en Europe, elle ne peut plus compter sur ses transferts d’argent.

« Je suis malheureuse. J’ai vendu tout mon matériel électroménager ainsi que mes habits et bijoux de valeurs. Si c’était à refaire, j’aurais épousé quelqu’un qui réside au Sénégal, même s’il est maçon », lance-t-elle d’une voix amère.

Pourtant, certaines jeunes femmes continuent à croire au mariage de rêve proposé par les Modou-Modou (émigrés en wolof). Elles font tout pour « leur mettre la corde au cou ».  Mais souvent le rêve vire au drame. Car faire le pari de ne se marier qu’avec un émigré est, estiment elles, la porte ouverte à bien des déconvenues…

Khady LO

dakarparis.blog.lemonde.fr

2 Commentaires

  1. Chers amis,
    Disons la verité il n’ya pas plus Haram que ces conditions un Mari qui ne revient pas doit divorcé et libérer la femme une bonne fois.soyons serieux Way

  2. Les modou-modou sont partis et ont laisse leur femmes ici au pays. Ce n’est pas grave, moi je suis bien en place, je fais le boulot en attendant qu’ils viennent. Bon sejour a l’etranger les potes.

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