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Lettre Ouverte à Grand-père Abdoulaye WADE

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« Salam » Monsieur le Président de la république Abdoulaye Wade ; « Salam », parole de Paix et de Miséricorde ; prononcée dans un mois de miséricorde, venant de votre concitoyen, de votre condisciple mouride et de votre opposant politique. Oui Maître! Nous sommes votre opposant politique parce que d’obédience social-démocrate, camarade du Président Ousmane Tanor Dieng (OTD).
OTD, pour reprendre vos propres mots, est un des leaders les plus républicains du Sénégal. Ah ! Force est de reconnaitre la grandeur de votre cœur Maître. OTD est un républicain et il le restera toujours. Non seulement il connait la république mais il a le sens de la république. Ce sens de la république nous dicte un engagement militant qui transcende les appartenances confrériques, religieuses, régionalistes ou éthnicistes. La posture républicaine d’Ousmane Tanor Dieng n’est entachée d’aucun de ces résidus factoriels. Idem pour son style. Même lorsqu’il vous critique Maître, notre leader le fait avec une forte dose républicaine. Ecoutez une de ses critiques « Abdoulaye Wade a un faible pour le Micro et la Foule, c’est pourquoi il perd son contrôle lorsqu’il se trouve devant ses deux préférés ». A la question du journaliste de Walf, Pape Cheikh, lors de la manifestation du 23 Juillet à la place de l’obélisque « le Sénégal n’est-il pas cette fois ci au bord du précipice ? « Non lui répond OTD, Non ! Nous nous jouons à nous faire peur, nous dansons autour du précipice mais nous sommes assez responsables pour ne pas entrainer le Sénégal, notre cher pays, dans le chaos »». OTD est un scientifique politique Maître. Il ne verse pas dans le métadiscours. Tout mot qu’il prononce a un sens.
Mes excuses, Maître, pour ces quelques digressions. C’est vrai ! Quand nous parlons de OTD, les mots nous viennent aisément. Permettez nous juste Maître, dans ce mois de bonté divine, de convoiter de la miséricorde divine pour une bénédiction de la prière de Cheikh Mamadou Lamine Bara Mbacké « Que Dieu fasse qu’Ousmane Tanor signe des décrets présidentiels de la république du Sénégal » dans une durée constitutionnelle légale(Amine).
Maître, nous vous concédons d’emblée votre rêve relatif à votre bague faisant allusion à un secours venant du vénéré Cheikh Salikh Mbacké. L’interprétation faite Par Sidy Lamine nous parait tout de même plausible. Un des scénarii les plus réalistes d’un secours céleste venant du Saint-homme revient à vous demander à vous ressaisir et à renoncer à vous présenter aux futures compétitions électorales. Il suffit juste de relire votre ouvrage « un destin pour l’Afrique » pour s’en rendre compte. Dans un de vos chapitres, vous affirmiez Maître avec force que les dirigeant africains doivent apprendre à savoir quitter le pouvoir ; il y’a une vie après le pouvoir en guise d’interprétation, selon votre conviction d’hier. N’est ce pas devant Charles Taylors du Libéria, vous aviez eu l’audace de le sermonner sur ce ton direct et sec « Je viens vous dire ce que tout le monde pense tous bas ; il faut savoir quitter le pouvoir ; il est temps de quitter le pouvoir ; il faut le quitter pour le bien de votre pays ». Maître vous n’êtes pas Charles Taylor, nous sommes d’accord ; vous n’êtes pas Mamadou Tandjian, c’est vrai ; la conscience républicaine vous recommande par contre de renoncer à votre candidature de votre gré pour la stabilité du Sénégal. Vous n’avez même pas besoin de vous mettre dans la salle d’attente des sages du conseil constitutionnel. Les sénégalais attendent plutôt une sagesse légendaire de votre part en tant que premier gardien de la constitution. A y pencher de près Maître, on peut même reléguer les dimensions politique, juridique et même éthique de votre candidature. Celle ci pose plutôt un problème de raison. La place d’un Grand Père n’est pas dans l’atelier mais plutôt sous l’arbre à palabre. Revenez ici à Versailles ou allez-vous reposer à Popenguine ou à Touba, vous serez toujours considérés comme une bibliothèque de l’Afrique si vous renoncez à vous présenter. Vos petits fils que nous sommes, vous allez pouvoir nous conter les expériences vécues de vos 26 ans d’opposition et de vos 12 ans de pouvoir plus vos années de retraite largement méritées. Ah ! Quel beau palmarès ? Y’a-t-il un leader au monde qui a un si riche parcours ? Non Maître, vous ne devez pas détruire tout ce que vous avez bâti avec mérite et abnégation pour un simple troisième mandat déjà hypothéqué.
Grand-père, nous avons décelé un de vos traits de caractère qui ignore la peur, et votre témérité qui dépasse les frontières du réalisme. Fort de ce constat, nous avons pensé plus efficace d’essayer de vous amadouer pour vous demander à vous ressaisir. Grand-père, ce non affectueux qui voudrait que les Grands-pères soient choyés en Afrique n’est pas fortuit. Vous devez le mériter parce que les sénégalais dans leur écrasante majorité vous portent dans leur cœur. Après tout, nous continuons de croire que le prix de la paix du père spirituel des Ivoiriens Papa Houphouët est une distinction non usurpée. Vous devez aussi honorer vos engagements de ne pas sortir du palais en marchant sur des cadavres et de ne pas faire moins que vos prédécesseurs en matière de sauvegarde de la paix et de la stabilité du Sénégal. Votre posture aux futures échéances électorales sera déterminante sur l’avenir politique du Sénégal.
Grand-père, votre ancienne et brillante ministre Mame Bassine Niang doit reprendre sa plume. A la veille des élections de 2007, elle appelait les sénégalais à la raison en soutenant avec force que « les élections ne représentent qu’une seule parenthèse dans la longue vie d’une nation ». Dans ce contexte politique actuel, d’horizon flou, nébuleux et de survie d’un Sénégal post électoral, le peuple attend une réaction de sa part. La vie d’un chef d’état pour parler comme Maître Mame Bassine ne représente qu’un seul paragraphe dans la longue liste des articles qui composent l’ossature de la constitution. Le sort d’aucun chef d’état, aussi charismatique soit-il, ne mérite pas de mettre en jeu la sécurité de toute une nation. Maître Madické Niang, Professeur Iba Der Thiam, Pape Diop, Mamadou Seck, Awa Diop ainsi que vos proches collaborateurs doivent vous aider à prendre la bonne décision. Leurs responsabilités sont immenses. A votre place, je prêterai une attention forte aux propos de Maître Doudou Ndoye, de Maître Massokhna Kane ainsi que votre chanteur d’hier Ouza Diallo.
Nous les sénégalais séjournant à l’extérieur, nous sommes inquiets de l’avenir de notre pays. Ce pays exceptionnel au peuple si avenant et fraternel mérite un traitement rigoureux de ses institutions pour le maintien de la bonne marche de l’ascenseur social. Les nombreux articles rédigés dans le sens de vous convaincre à renoncer à votre candidature ne sont nullement des attaques personnelles. Ils témoignent plutôt un acte de citoyenneté et un devoir de patriotisme. La pédagogie de la répétition trouve ici tout son sens. Aucun patriote sincère ne doit retenir sa plume s’il dispose des capacités rédactionnelles avérées au risque d’être coupable devant l’histoire. Nous ne voulons surtout pas des médecins après la mort. La métaphore du patriote Talla Sylla illustre fort bien le prix de la paix sociale « la bonne santé est un état dont on ne se rend compte qu’une fois malade ». Aucun article ou aucun prêche ne sera de trop pour vous amener à vous ressaisir. La paix sénégalaise est un produit en rupture de stock dans le marché mondial.
Grand-père, certains discutent de la sincérité de votre enrôlement de disciple Cheikh Ahmadou Bamba. Pour notre part, nous vous prêtons la bonne foi. Cependant un vrai disciple du vénéré Cheikh ne s’entête pas à se maintenir au pouvoir. Il ne fait aucune distinction entre dormir au palais de la république ou passer la nuit à l’exploitation agricole de Khelcom ; l’humilité fait partie de notre identité. Le Khalife actuel Cheikh Sidy Moukhtar par le biais de son porte parole vous a parlé en paraboles. Leader nuancé dont vous vous réclamez, nous osons espérer que vous avez décodé la portée de son message ; aux doués d’intelligence, il est recommandé de parler de façon synthétique. Maître, Le Cheikh a fait abstraction des détails pour vous parler de façon synthétique.
Grand-père, nous gardons toujours espoir qu’en signalant cette fois ci à droite, vous allez tourner à gauche en renonçant à vous présenter aux élections présidentielles de 2012. Les générations futures retiendront ainsi que Mame Wade en déclarant « Ma Waxonne Waxet » s’adressait non pas à son peuple mais à son Parti. Mame Wade a préféré mettre en avant l’intérêt de son peuple au détriment des intérêts de sa famille politique ; la grande porte de l’histoire politique du Sénégal et de l’Afrique vous sera ainsi honorablement ouverte.
Grand-père, après le joyeux anniversaire souhaité par notre camarade Dié Maty à l’occasion du 19 mars 2011, nous vous disons à notre tour Ramadan Mubarack surtout pour l’inscription de votre nom dans la postérité, dans un Sénégal de paix, de stabilité, de prospérité, et de laïcité républicaine soutenue et continue. Nous vous le souhaitons de tout cœur parce que c’est cette formation humaniste que nous avons reçue à l’Ecole républicaine du Tanorisme.
Sentiments respectueux et républicains Maître.

Macoumba Loum
Doctorant à l’Ecole d’Agronomie de Rennes
Secrétaire Politique du PS MJESE
Mouvement des Jeunes et Etudiants Socialistes d’Europe

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