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Sans abri, sans nourriture, à la merci des bandits : Ramadan de galère chez les «Sdf»

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Calvaire ! C’est le mot pour exprimer le Ramadan tel que vécu par les ‘Sans domicile fixe’.Que de difficultés éprouvées par cette catégorie de la société dont le seul tort est d’être pauvre ! En plus de devoir s’atteler à la recherche quotidienne de nourriture pour couper le jeûne et de trouver un abri, ils sont aussi à la merci des bandits de grand chemin.

Les alentours de la grande mosquée de Dakar et ceux des rues de la Médina sont des endroits prisés par les ‘Sans domiciles fixes’ (Sdf), ces personnes sans abris qui passent la nuit à la belle étoile. Même durant le mois béni de Ramadan, ces différentes localités ne désemplissent pas. Il suffit de faire un tour dans leurs lieux d’installation respectifs pour s’en rendre compte. A la Médina, c’est un cadre étroit où règne un désordre indescriptible avec des pots de beurre et de tomate vides envahissant les trottoirs et des pagnes de toutes couleurs étalées sur place, qui fait le décor. Pour cerner toute cette pagaille, Aïssatou Bâ (69 ans), trouvée sur place, fait l’état des lieux. Zen dans ces propos, la vieille dame confie : ‘Je ne connais pas exactement le nombre de personnes qui fréquentent cet endroit. Ce qui est constant, c’est que la plupart d’entre ceux qui s’asseyent ici sont des femmes. Nous ne venons pas ici pour mendier. Nous sommes ici juste parce qu’on n’a pas où habiter. Nous vivons le Ramadan comme tous les musulmans. Nous jeûnons, à l’heure de la rupture, on trouve de quoi mettre dans le ventre. On achète le plus souvent de la bouillie de mil (fondé) pour nous et pour les enfants’.

Quand le banditisme s’en mêle

Dans la même veine, une autre dame du nom de Fatoumata témoigne : ‘On a passé presque une dizaine d’années ici. Je suis avec ma mère, ma sœur et mes deux enfants. Je gagne ma vie car je suis lingère. Chaque matin, ma sœur et moi papillonnons au niveau des quartiers pour trouver un gagne-pain pour ensuite revenir le soir. Jeûner et en même temps faire le linge n’est pas chose facile. C’est trop dur, mais si on le ne fait pas, on ne mange pas. Si on cherche une maison, on n’aura pas de quoi la payer’. Notre interlocutrice devient plus sérieuse dans son argumentaire : ‘Le plus dur pour nous, c’est de devoir trouver la nourriture pour nos enfants qui n’ont pas encore atteint l’âge de jeûner. C’est une double dépense. On rencontre beaucoup plus de problèmes pendant le mois de Ramadan. Les dépenses deviennent beaucoup plus consistantes pendant ce temps. Le boulot se fait rare. Les gens attendent l’approche de la fête de Korité pour chercher quelqu’un pour le linge. Moi, je fais seulement le linge mais avec le Ramadan, si je ne trouve pas du boulot pour ça, vu que c’est très rare, j’opte pour les travaux domestiques, mais pour une durée bien déterminée’.

La galère des sans-abris ne se limite pas seulement à ces quelques difficultés énumérées ci-dessus. L’insécurité guette ces personnes dont le seul tort est d’être pauvre. Ils sont confrontés au grand banditisme qui sévit dans la capitale sénégalaise, avec notamment les cas d’agressions. ‘Ici à la Médina, les agresseurs ne prennent pas de congé. Le premier jour du Ramadan, on a violé, sous nos yeux, une jeune fille. Et nous qui passons la nuit sur ces trottoirs, nous sommes les plus exposés. A cause du Ramadan, on ne dort pas les nuits’, se plaint la dame Rokhaya Fall.

Le Ramadan des ‘Sdf’ est parsemé de difficultés qui gangrènent leur vie quotidienne. Ils occupent les trottoirs, les devantures des banques ainsi que tous les lieux publics de renom qui enregistrent la forte présence des populations. L’alimentation de leurs enfants est aussi un calvaire vécu durant tout ce mois béni.

Fa Oumou COLY (Stagiaire)

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