spot_img

Iles de dakar : Gorée ses musées, son histoire et son passé militaire

Date:

A quelques pas de la Maison des esclaves se tient l’ancien Palais du gouverneur, le Chevalier de Boufflers, transformé aujourd’hui en centre culturel et portant le nom de Boubacar Joseph Ndiaye, l’ancien Conservateur de la Maison des esclaves décédé en 2008. C’est une solide bâtisse en pierres disposant d’une cour assez vaste.
 
La pointe sud de l’île de Gorée, appelée Castel, constitue une position stratégique et offre une large vue sur Dakar et sur toute la Presqu’île du Cap-Vert. Il faut arpenter une rue de pierres, les « Champs Elysées » local, pour y parvenir. De là haut, le panorama, qui s’offre, est tout simplement merveilleux. On peut distinguer ainsi tout le charme architectural de l’île. Les Français y avaient construit un bunker pour protéger Dakar. Ici, les vestiges du passé militaire de l’île sont visibles partout.
Face à l’ouest, il y a le fort Saint-Michel qui y fut construit par les Français en 1892. Il y a aussi un télémètre qui permettait de mesurer l’éloignement des navires afin de régler les canons ; et, de l’autre côté, un grand canon pointe grossièrement sa gueule vers l’Est. Ce canon de 14 kilomètres de portée, qui n’a servi qu’une seule fois – les Français l’ont saboté avant de partir – permit au régime de Vichy de couler un bateau anglais le 23 septembre 1940, pendant la deuxième Guerre mondiale. Un autre canon de même dimension est positionné non loin du musée historique, dans la partie nord et pointe sur Dakar.

Un volcan dormant
Tous ces restes d’armements sont aujourd’hui dans un état de délabrement avancé, rongés par la rouille. Le bunker, jadis réservé à un usage militaire, est aujourd’hui transformé en habitations. Un artiste bohème, Khalil, expose ses petits tableaux aux pieds du canon, tandis que des familles habitent le sous-sol. Le monument de Castel, inauguré le 31 décembre 1999 et dédié à la mémoire de l’esclavage, y trône, surplombant toute l’île. Le fort portugais, construit par Denis Diaz en 1444, tel un pont avancé dans l’océan, continue encore de défier la nature et le temps et se tient fièrement au pied de la falaise. L’édifice, l’un des premiers sur l’île n’a rien perdu de sa solidité : une famille de métis y vit aujourd’hui. Selon notre guide, Yaya Diouma Dia, un gaillard déluré et dévoué, cette partie sud de l’île serait, en réalité, assise sur un volcan dormant.
En dehors de la Maison des esclaves et du Castel, le musée historique et l’imposante église Saint Charles Borromée sont des sites architecturaux incontournables pour les visiteurs. Cette église construite par l’Ordre de Malte en 1830, en remplacement de l’ancienne église brûlée par les soldats au moment de la reprise de l’île par les Anglais pendant la nuit de Noël 1799, est située au milieu de l’île, non loin de l’ancienne école William Ponty. C’est le seul endroit de l’île à partir duquel on peut voir l’océan des deux côtés. L’autre lieu de culte est une mosquée en pierre construite en 1890 au pied du versant ouest du Castel. Le nouveau marché est l’un des rares bâtiments en cours de construction.

Une île-écolo
Dans cette île chargée d’histoire, dans chaque coin de rue – ou presque – il y a un symbole qui rappelle un fait historique. Ainsi, en dépassant l’église pour se rendre au musée, on croise le mémorial dédié aux médecins et pharmaciens morts durant l’épidémie de peste qui a ravagée Gorée en 1878. On y croise aussi la statue de Blaise Diagne, l’un des plus illustres fils de Gorée. Enfin, il faut dépasser le musée de la mer – fermé pour réfection – et l’hôtel du Chevalier de Boufflers pour arriver au Musée historique du Sénégal situé à l’extrême nord de l’île.
Ce bâtiment au toit couvert de vert de gris est l’un des premiers édifices qui attirent l’attention en venant de Dakar. De forme circulaire, il est composé de plusieurs salles qui retracent les différentes séquences de l’histoire du Sénégal. Les parcourir est une fantastique remontée du temps. Dans la première salle, consacrée à l’histoire de Gorée, le visiteur est accueilli par les figures des célèbres navigateurs qui ont tous eu à séjourner à Gorée. Ainsi, on apprend que Vasco de Gama (1469-1524), découvreur de la route des Indes par le Cap, se rendit le 6 mars 1502 à la chapelle de Gorée et y entendit la messe ; Americo Vespuce (1451-1512), florentin qui donna son nom à l’Amérique, fit escale dans la baie de « Bezeguiche » (rade de Dakar) du 2 au 12 juin 1501 ; etc.
Des fragments de pipes européennes, des clous ayant servi à la fabrication du fort ainsi que les croquis retraçant l’évolution de la cartographie de l’île, sont autant de vestiges qui rappellent ce premier contact avec l’Europe. Des aquarelles témoignent de la glorieuse époque des Signares, ces dames métisses à la beauté légendaire qui ont tant marqué l’histoire de Gorée et de Saint-Louis. Aujourd’hui, classée Patrimoine mondial de l’Unesco (1978), Gorée semble être partagée entre cette histoire si omniprésente, si visible à chaque coin de rue et la modernité. Une modernité perceptible d’abord à travers la réhabilitation de la plupart des bâtiments. Mais aussi à travers le style de vie même des habitants très soucieux de conserver leur cadre de vie. Gorée est une île-écolo avant l’heure. Ici, il n’y a point de moto, ni de véhicule, encore moins d’usine. Pas le moindre bruit de moteur.
Comparé à la pollution suffocante de Dakar, ce petit bout de terre ressemble à un paradis. Le déplacement se fait à pieds. Mais ce luxe – qui n’a pas de prix – a un coût. « La vie est très chère à Gorée », confie un gestionnaire d’auberge. « Tout nous vient de Dakar, même le pain », s’empresse d’ajouter notre guide. En effet, l’île est approvisionnée en eau – avant il y avait des puits dotés d’un grand réservoir encore visibles dans les rues – et en électricité à travers des câbles sous-marins. Le tourisme constitue la principale activité sur l’île à côté de l’artisanat et accessoirement la pêche. Ainsi, ciblant les milliers de touristes qui visitent l’île chaque année, plusieurs artistes ont décidé de s’installer à Gorée

 

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

spot_img

DEPECHES

DANS LA MEME CATEGORIE
EXCLUSIVITE

Qui pour présider la prochaine Assemblée ?

XALIMANEWS: “La prochaine Assemblée, la 15e du genre, s’annonce...

Dame Mbodj: « Je suis prêt à discuter avec Ousmane Sonko…pour rejoindre définitivement PASTEF »

XALIMANEWS: sur son avenir politique dans l’émission Pencoo sur...

Ecroué pour escroquerie et blanchiment : Les dessous de l’affaire «Amir» Abo

XALIMANEWS- Libération révélait dans sa dernière livraison que Abo...

Finances publiques : L’Etat du Sénégal sur la piste du rachat de la filiale locale d’une banque française à Dakar

XALIMANEWS- Dans un mouvement historique de souveraineté bancaire, le...