Malheur ne vient jamais seul, dit l’adage. La pluie a ses conséquences, aussi positives que négatives. Ce ne sont pas les vendeurs de journaux qui diront le contraire. Ils ont vu leurs chiffres d’affaires considérablement revus á la baisse après la pluie matinale du mercredi.
Le bonheur des uns fait le malheur des autres, dit le proverbe africain. Ce n’est pas Alioune Diallo qui dira le contraire. Si le climat d’aujourd’hui est propice aux « veilleurs de nuit » et aux vacanciers qui peuvent se laisser aller dans la brume du sommeil, il l’est moins pour les vendeurs de journaux. Vêtu d’un Jeans bleu retroussé et d’un T- shirt bleu, casquette sur la tête, Aliou se faufile entre les véhicules à hauteur de la paroisse St Joseph de la Médina. Tantôt, il pique un trot pour rattraper un potentiel acheteur, tantôt il esquive, face aux dangers que constituent les véhicules qui le dépassent de gauche á droite. Il tient dans sa main gauche un lot de journaux, couvert d’une toile imperméable mais transparente pour laisser toutefois transparaître les Unes.  Dans sa main droite, il expose un journal qui est un peu mouillé par les gouttes d’eau de la pluie matinale. Aliou, qui est en sa cinquième année d’exercice de ce métier, le pratique aujourd’hui difficilement.
« La vente de journaux ne va pas avec la pluie. Si le journal est mouillé, soit il se déchire ou il reste invendu. C’est la raison pour laquelle je ne peux pas l’exposer comme il faut, alors qu’il y a des clients qui n’achètent jamais sans avoir au préalable lu les Unes. Et vous voyez là, il n’est possible d’exposer qu’un seul journal ». Et en plus de cela, ajoute-il, avec la pluie, les gens baissent les vitres de leurs véhicules pour se mettre à l’abri des gouttes d’eau. « Les passagers ne peuvent même pas jeter un clin d’œil aux journaux dans cette situation. Ils se soucient plus de l’état de la route qui cause beaucoup de désagréments après la pluie. On n’a pas besoin d’aller chercher loin. Regarde seulement ce lieu dans lequel nous sommes debout », ajoute-t-il.

Un chiffre d’affaires fortement revu a la baisse
Dans ces conditions, nul besoin de calculs savants. Aliou voit son chiffre d’affaires considérablement en baisse. « Si je vendais, en plus des abonnés, 10.000 Fcfa, en temps normal, c’est certain qu’aujourd’hui, avec ces conditions climatiques, je ne pourrais pas atteindre la moitié de cette somme », reconnaît-il.
Pourtant, il garde l’espoir : « peut-être que d’ici 14 heures, le climat va évoluer et qu’au retour du travail, les gens auront le temps de se procurer un journal ». Mêmes propos chez Alpha Dramé, un autre vendeur de journaux croisé sur l’avenue Cheikh Anta Diop, à hauteur du Canal 4. « Nous courons vers les clients tout en nous protégeant des gouttes d’eau de la pluie. C’est difficile de travailler dans ces conditions. Le journal, c’est du papier. Une fois en contact avec l’eau, il devient irrécupérable. C’est évident que dans ces conditions, nos ventes soit revues à la baisse », explique-t-il.
A peine finit-il de parler, que son camarade d’à-côté  enchaîne : « moi je viens comme ça d’arriver, mais si je savais, j’allais rester aujourd’hui chez moi ; je sais bel et bien que les 2/3 des journaux pris seront invendus. Mais comme j’ai délivré aux abonnés, c’est déjà quelque chose ».  Le vieux Ba, qui se dit patron des journalistes, lui, érige quartier á l’intérieur de l’Université Cheikh Anta Diop, derrière le Pavillon A, en face du monument Balla Gaye.  Lui, qui a une expérience de plus de 20 ans dans ce domaine, y a vu de toutes les couleurs. « C’est comme ça ce métier. Parfois, ça marche á merveille et parfois, il y a des obstacles qui gangrènent la bonne marche des affaires », renseigne-t-il.
Avant de s’interroger : « comment des gens qui passent en courant peuvent acheter des journaux ? »